samedi 20 septembre 2025

La paix dans le physique prélude à la transformation

 

Œuvre de Priti Ghosh


Bonjour, 

la tranquillité, le calme, le silence et la paix sont certainement à cultiver. Mais en fait c'est un déjà là, la paix divine est toujours là. Alors comment nous y abreuver ? Et il s'agit aussi que notre ego y consente. Paradoxalement l'ego doit perdre la place centrale qu'il s'octroie pour que la paix l'emporte. La peur, le stress cache parfois un amour subtil du drame de la part de l'ego pour demeurer au centre de la conscience. La conscience égocentrique se nourrit des difficultés. La paix ne signifie pas donc la fin du drama de l'ego, la fin de la souffrance et de la douleur, la fin des déséquilibres, mais la présence d'un Soi espace d'accueil paisible, un œil du cyclone, un calme océanique au milieu de la tempête. Cette ouverture paisible, ce témoin neutre du chaos que nous sommes, permet aussi d'accepter le travail de la conscience force. Car une stratégie du vital de l'ego est de s'accrocher aux déséquilibres physiques et de les amplifier face à la force du Devenir, face à l'œuvre de Mère. La base de paix dans le mental puis le vital, enfin reconnue et acceptée au centre, l'ego renonçant à y trôner, permet à celle-ci de s'infuser aussi dans le physique. Et à ce moment si la paix infuse le physique, des forces de guérison peuvent œuvrer. Peu importe qu'elles triomphent, si un autre corps rencontre des problèmes de santé similaires, ce travail pourra être repris, prolongé et victorieux. 

Soyons clairs, nos corps physiques humains sont mortels, sujets à la maladie, la fatigue et incapables d'accueillir pleinement la présence divine. 

Toute lutte contre la déchéance corporelle sert la venue de ce nouveau corps que l'aventure du yoga de Sri Aurobindo et Mère a en vue. La paix dans le physique comme objectif est pour nous la base de ce travail de transformation dont nos générations transmettront le flambeau aux suivantes jusqu'à ce qu'un corps libre de fatigue, de maladie, d'usure et de mort accidentel émerge. 


Cordialement,


Serge


Œuvre de Priti Ghosh 


L'aspiration du Jîvâtman et l'aspiration de l'être psychique selon Sri Aurobindo



 Le jîvâtman, l'étincelle de l'âme et l'être psychique sont trois formes différentes d'une même réalité et il ne faut pas les confondre, car cela brouille la clarté de l'expérience intérieure.


Le jîvâtman ou "spirit" [esprit], comme on l'appelle généralement en anglais, existe en soi au-dessus de l'être manifesté ou instrumental — il est au-delà de la naissance et de la mort, toujours le même, Moi individuel ou Âtman. C'est l'être véritable, éternel, de l'individu.


L'âme est une étincelle du Divin; elle ne se tient pas au-dessus de l'être manifesté, mais descend dans la manifestation afin de soutenir son évolution dans le monde matériel. C'est tout d'abord un pouvoir indifférencié de la Conscience divine qui contient toutes les possibilités encore sans forme, mais auxquelles l'évolution a pour fonction de donner une forme. Cette étincelle est présente dans tous les êtres vivants, du plus bas au plus élevé.


L'être psychique est formé par l'âme au cours de son évolution. Il soutient le mental, le vital, le corps, croît par leurs expériences, porte la nature de vie en vie. C'est le psychique ou caitya puruṣa. Il est d'abord voilé par le mental, le vital et le corps mais, au fur et à mesure de sa croissance, il devient capable de venir en avant et de dominer le mental, la vie et le corps; chez l'homme ordinaire, il dépend d'eux pour s'exprimer et il ne peut s'en saisir ni les utiliser librement. La vie de l'être est animale ou humaine et non divine. Lorsque l'être psychique, par la sâdhanâ, peut prédominer et utiliser librement ses instruments, l'élan vers le Divin devient alors complet et ce n'est pas seulement la libération, mais la transformation du mental, du vital et du corps qui devient possible.


Le Moi ou Âtman étant libre et au-delà de la naissance et de la mort, l'expérience du jîvâtman et de son unité avec le Moi suprême ou universel apporte le sentiment de la libération; c'est cela qui est nécessaire à la suprême délivrance spirituelle; mais l'éveil de l'être psychique et sa domination sur la nature sont indispensables pour la transformation de la vie et de la nature.


L'être psychique réalise son unité avec l'être vrai, le jîvâtman, mais il ne devient pas le jîvâtman.


Le bindu vu au-dessus peut être une manière symbolique de voir le jîvâtman, parcelle du Divin; là, c'est à l'ouverture de la conscience plus haute qu'on aspire naturellement, afin que l'être puisse demeurer sur ce plan et non plus dans l'Ignorance. Le jîvâtman, en réalité, est déjà un avec le Divin mais il est nécessaire que le reste de la conscience aussi le réalise.


L'être psychique aspire à ce que la nature inférieure tout entière, le mental, le vital, le corps, s'ouvrent au Divin, il aspire à l'amour et l'union avec le Divin, à sa présence et son pouvoir dans le cœur, à la transformation du mental, de la vie et du corps par la descente d'une conscience plus haute dans cette nature et cet être qui en sont les instruments.


Ces deux aspirations sont essentielles et indispensables à la plénitude de notre yoga. Lorsque le psychique impose son aspiration au mental, au vital et au corps, ils aspirent alors eux aussi et c'est ce qui a été senti comme l'aspiration venant du niveau de l'être inférieur. L'aspiration sentie au-dessus est l'aspiration du jîvâtman à la conscience plus haute, avec la réalisation de l'Un qui doit se manifester dans l'être. Les deux aspirations s'aident donc mutuellement. Au début, la quête de l'être inférieur est nécessairement intermittente et étouffée par la conscience ordinaire. Par la sâdhanâ, elle doit devenir claire, constante, forte et persistante.


Le sentiment de paix, de pureté et de calme provient de l'union de la conscience inférieure avec la conscience supérieure. Habituellement il est intermittent, ou alors il réside dans une conscience plus profonde, souvent voilé par les tempêtes et les agitations de la surface; il est rarement permanent au début, mais il peut le devenir lorsque le calme et la paix se font plus fréquents et plus durables, et lorsqu'enfin la nature inférieure reçoit pleinement la descente de la paix, du calme et du silence éternels de la conscience supérieure.


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SRI AUROBINDO, Lettres sur le YogaVolume 1. Section 1, 5. Plans et parties de l'être






Les changements sur la terre selon Niranjan Guha Roy

Niranjan Guha Roy- vision d'une ville faite pour l'être surhumain en transformation 


Les changements sur la terre


Des changements très rapides sont en train de prendre place partout dans le monde. Le pouvoir a réellement commencé la démolition du vieux monde. Bien sûr rapidité ou lenteur doivent être considérés en temps évolutif. Mais les signes sont visibles à l’horizon comme la poussière soulevée par les hordes des envahisseurs vues depuis les hautes tours d’un château dans les temps anciens. Cette vieille civilisation construite sur l’argent, le renom, le confort, les industries, les plaisirs, en résumé tout ce que l’homme a construit est en train de s’écrouler. Le vieux monde humain ne sera pas toléré par le nouveau pouvoir de création. Le travail de démolition a sérieusement commencé. Mais ce n’est pas ce travail de démolition qui a le plus d’intérêt pour nous. Nous attendons la grande révolution spirituelle, qui se prépare derrière la surface chaotique, aveugle et turbulente. La Mère Nature est dans son aspect le plus haut, la Mère Divine, Elle même, dans toute sa conscience et pouvoir. Elle n’est pas intéressée dans une démolition gratuite et insensée. Elle veut donner une nouvelle orientation à tout l’effort humain et au but de la vie humaine. Nous devons répondre à son appel avec une intensité d’aspiration et la sincérité et le courage de tout abandonner afin de réaliser l’idéal le plus haut. Notre acceptation doit être totale pour pouvoir vivre ce noble et difficile idéal de la Mère et Sri Aurobindo. La complaisance, le compromis, l’acceptation ignorante des faiblesses vitales, l’ambition, recherche du pouvoir, recherche de contrôle sur les autres, désirs impurs, idéal limité nous rendront incapables de réaliser une spiritualité vraie et élevée.


La Mère-Nature, la volonté divine déverse son amour, protection, guidance et bénédictions sur les âmes qui tentent en toute sincérité de réaliser, même un tant soit peu le sublime idéal de Sri Aurobindo. Dans la tradition indienne, la Mère Nature est vraiment la Mère de tous, du monde entier et c’est son effort constant d’amener tous ses enfants vers une existence de plus en plus harmonieuse. Donc si nous désirons le bien le plus grand pour le monde ceux d’entre nous qui ont un aperçu de la lumière et de la vérité doivent consacrer leur vie à la manifestation de la vérité la plus haute révélée par Sri Aurobindo. 

Des groupes de tels êtres se formeront de plus en plus partout dans le monde, des communautés basées sur l’idéal spirituel et non sur des idéaux limités économiques, politiques, sociaux ou religieux. De tels centres posséderont un pouvoir effectif d’irradier la conscience spirituelle dans le monde. Ainsi peu à peu la terre entière sera délivrée de l’ignorance et de la souffrance

La clé qui donne accès à la vie spirituelle est tout d’abord la découverte de l’être psychique, la présence divine dans l’homme et finalement une soumission de plus en plus grande au pouvoir lumineux et à la guidance de la Mère Divine assise dans le cœur sacré de tous. L’ego de l’homme devra être remplacé par l’âme consciente de l’homme, seulement alors il y aura la possibilité d’une nouvelle vie sur terre.


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Niranjan Guha Roy 1990


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D'autres éléments de cette ville future surgissant dans un désert :








Migration des âmes vers leur ville


Tous sont-ils appelés ? Avec un texte de Satprem

 

Le paysage breton de Satprem - un montage d'Amaryllis Anglaret


 Satprem a quitté notre monde physique terrestre, il y a 15 ans, le 9 avril 2007. 


 Voici un extrait d'une lettre écrite le 1er avril 1957 à son amie Klari :


"Quand un être est appelé à la vie spirituelle, il a généralement le pouvoir de descendre plus profondément que les autres à l'intérieur. Et plus on descend profondément, plus il faut être PUR - au sens très large de ce mot -, pur de toutes formes d'ambitions, de possession... Parce que, en descendant dedans, on commence peu à peu à entrer en contact avec les forces occultes - et ces forces occultes sont noires ou blanches pour simplifier les choses à l'extrême. Ces forces se servent de nous pour leur œuvre de lumière ou de destruction."


Satprem - Lettres d'un insoumis, tome II




Peut-être que tout le monde est appelé, la fleur, l'insecte, l'oiseau, le chat, etc. mais ce qui répond à l'appel, ce qui aspire caché dans nos profondeurs est plus ou moins en contact avec la conscience de surface. Chez les animaux, aussi, il y a parfois un moment d'éveil à l'individuation du Divin, une aspiration... Chez nous, êtres humains, la mémoire de surface retient rarement ces instants d'ouverture. Car ils sont souvent brefs, insignifiants au regard des histoires que l'ego se raconte. 


Mais, dans nos tréfonds, nous portons tous cette individuation du Divin, le noyau de notre âme vraie, même si, en surface, on confond aussitôt ce qui ressort de notre ego et des désirs avec l'aspiration authentique de ce noyau. 


Certes, peu d'entre nous ont ainsi une âme suffisamment développée pour embarquer le mental, le vital et le physique dans une aventure consciente de la manifestation du Divin. Mais tous, nous sommes embarqués que nous le voulions ou non, car la pression du Divin s'intensifie universellement pour que l'âme émerge dans l'humain en lieu et place de la bestialité dont la perpétuation s'oppose et résiste encore à l'avenir Divin de la terre.


Texte commencé le 9 avril 2022