vendredi 28 novembre 2025

Aspiration pure

Soyons co-créateurs, dit-on.

Co-créateur est un mot doux pour l'individualité. Car l'individualité est précieuse : c'est l'enfant de l'Amour créateur. 

Au fond de nous, de cette individualité de ce qu'elle est en vérité, il y a l'aspiration simple d'être un instrument du jeu créateur de la Mère et du Seigneur. L'aspiration la plus pure y est sans objet, une page blanche.

Oui qu'il n'y ait rien que Toi Seigneur par la grâce de Mère !




mercredi 26 novembre 2025

Vers le regard innombrable

 



Aujourd'hui, en enseignant la maïeutique de Socrate qui affirme n'avoir aucun savoir mental mais juge la qualité de l'accouchement d'une âme, un pressentiment de ce regard innombrable a surgi. 


La carte du chemin qui comprend la psychisation, de la spiritualisation et de la supramentalisation s'est précisée intuitivement.


Il est apparu qu'une âme est une conscience paradoxalement singulière et grosse d'un être universel. Elle est singulière, irréductible à un point de vue mental ĝénéral. Elle est singularité indicible non séparée, elle est, dans son émergence, prise de conscience d'une communion des âmes en leur engendrement en l'Un. Une âme  accouchée de plus en plus parfaiement verra de mieux en mieux les âmes tout en communiant avec elles. La monade spirituelle de l'âme accédera à la présence des autres monades spirituelles. Elle verra de plus en plus, en chaque âme, la goutte divine. Dans sa plénitude d'être et de devenir, elle vivra ce regard Un et innombrable de la fragmentation amoureuse du Divin jusque dans l'atome, chaque atome étant une goutte du Divin. Par sa chair indissociable du monde, la monade spirituelle et charnelle de l'âme transformée par l'action de la Mahashakti et les décrets du Suprême incarnera ce regard innombrable en un corps. Cela passera d'un pressentiment à un être incarné doté de ce regard innombrable. Ce regard sera la vision omnipotente d'une matière qui pourra prendre dès lors la forme que cette vision lui intime. 


Serge




Spiritualisation et Amour

 Sur le chemin en compagnie d'Adhya Shakti JoieJoli,


Qui sommes-nous ? de quoi résultons-nous et qu'est-ce que nous devenons ?

Le jeu d'Amour de Mahashakti et du Suprême est la clé de ce que nous sommes.

Notre âme résulte de ce jeu d'amour : une goutte de Suprême, notre Père, entourée de la substance de Mahashakti, notre Mère divine.

La vérité de notre devenir ? Non pas un désir pulsionnel, mais plutôt une plénitude d'aspiration de notre âme, et surtout d'abord le jeu de la Paix et de la Joie. 

La Paix infinie du Suprême est diffusée par Joie débordante de Mahashakti et a lieu l'émergence de toujours plus de Joie grâce à la réceptivité de la Paix.

Et dès lors, partout et sur tous les plans, Sat Chit Ananda en formes sculptées, en gestes de formes.

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Le Soi est la conscience infinie au-delà de l'ego. La conscience infinie est la condition de possibilité d'une conscience réfléchie d'un ego.

Le Soi est d'abord ténèbres lumineuses lorsqu'il illumine consciemment l'ego et le champ de perception du monde.

Deux aspects du coeur du Soi peuvent émerger : 

- l'âme, notre personne vraie en croissance en amont de l'ego en périphérie du Soi ;

- le jîvâtman, notre Moi absolu.

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Le jîvâtman est la conscience de la monade que nous sommes, la conscience du microcosme enveloppant dans son devenir le macrocosme. 

Nous étions conscient du Soi océan dans lequel nous étions une goutte. 

Prenant conscience en Soi, le Jîvâtman fait constater : 

L'océan du tout est dans la goutte.

Et cette prise de Conscience du jîvâtman est spiritualisation véritable au-delà de la psychisation, la prise de conscience d'une âme au cœur du Soi.

La prise de Conscience du jîvâtman est celle d'un Moi monadique. C'est un Moi absolu, éternel en son fond, surplombant et enveloppant le Devenir du tout dans la transformation de sa monade. L'âme en est une expression.

Sur ce chemin de prise de conscience du Moi monadique,

Soudain, il y a seulement Moi !

Et merveille, tellement de Toi.s !

Joie de l'Amour !

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Qu'est-ce qu'est en train de devenir ce monde ?

De la matière Joie Consciente.

Rien que le rebord de cette tasse en verre dit déjà le cercle de l'Amour Divin différencié dans son unité.

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Comment va-t-on vers l'expérience de ce devenir matière Joie Consciente ?

Par aspiration et Conscience force.

La Conscience force est la dynamique évolutive du jeu d'Amour entre le Suprême et Mahashakti.

Elle est  l'action de Mahashakti, Mère au service du Suprême ; elle descend du dessus de la tête dans ce corps et à travers ce corps. 

L'aspiration n'est pas un désir. On ne désire que pour soi moi-je ou en fonction de soi moi-je. L'aspiration est celle du Soi avec une âme : c'est le divin en nous, le Moi, qui aspire au divin en tout. L'aspiration est un paradoxe de joie plénitude et de soif inextinguible, plénitude du Divin et soif inextinguible du Divin.

L'aspiration pure de l'âme s'avère aussi aspiration du jîvâtman, du Moi au-dessus de la tête, et en parallèle l'aspiration s'étend dans le vital vrai au niveau du ventre puis dans le vital inférieur vrai au niveau du pubis.

L'aspiration en grandissant et se purifiant au lieu d'être centrée sur la croissance et la libération de cette seule âme dans ce seul corps devient une aspiration consciente du jîvâtman pour toutes les âmes et toute la vie matérielle terrestre. 

La transformation ici devient inséparable et indiscernable de la transformation là-bas. C'est un même tissu. La joie et la paix en se frayant un passage dans la transformation d'ici, transforment là-bas.

La Conscience force descend dans le muladhara, le centre au niveau du périnée, dans les jambes, jusqu'en dessous des pieds.

La Joie devient de plus en plus consciente dans les cellules elles-mêmes.

A un moment, l'aspiration la plus pure, et non une imagination, émerge aussi dans les cellules.

La conscience force abreuve cellules et objets soi-disant inanimés, mais pleinement conscients en fait, conscience transformée avec les cellules tansformées en contact.

La matière Joie est la matérialisation en cours du jeu d'Amour du Suprême et de Mahashakti.

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samedi 22 novembre 2025

A propos de la prise de conscience de l'être psychique par lui-même

 


Bonjour,


Je suis heureux de ce moment partagé à venir.

Je n'ai pas de recette pour faciliter la croissance de l'aspiration et par là l'émergence du psychique avec le processus de psychisation.

Car cet ensemble met en jeu la constitution de la personne vraie, qui est unique pour chacun.

Quand c'est l'heure de la psychisation, Mère crée des circonstances extérieures qui font écho aux difficultés internes qui font obstacle. 

Ainsi les circonstances suscitées par Mère favorisent en nous la réponse la plus favorable à notre croissance.

Amita, étant elle un instrument de Mère, elle concentre assurèment de telles circonstances. Moi, je ne suis souvent encore qu'un piètre serviteur de Mère et Sri Aurobindo, mais il y a du progrès.

Il n'y a pas de différence entre vie spirituelle et vie mondaine : on comprend que les forces de conscience incarnées par Mère et Sri Aurobindo ont la main sur toutes les circonstances y compris dans les détails ! All life is yoga, dit Sri Aurobindo au début de la Synthèse des yogas. Certains ne le sentent pas, nous nous commençons à le ressentir.

Mais il y a aussi des éléments de personnalité qui sont à l'avant-garde de l'influence psychique. A un certain stade, je n'avais pas clairement conscience de cela. Je ne discernais pas bien les désirs de l'ego spirituel et la présence de l'aspiration psychique sur des aspects personnels. Développer la capacité de cette distinction entre le désir égoïque, le désir spirituel et, d'autre part, l'aspiration psychique est une expérience décisive vers la prise de Conscience de la flamme psychique.

C'est cette alliance entre l'action de Mère et nos éléments influencés psychiquement qui vont former des éléments nouveaux de personnalité qui manquaient à l'émergence.

Pour moi, il y avait un fou amoureux du Divin qui dans une vie passée avait déjà ouvert la porte entre la surface et le psychique. Cette personnalité psychisée s'est re-découverte. 

La dévotion peut se faire discrète dans le centre du cœur, c'est un enfoncement à l'intérieur et pas forcément avec une extériorisation en même temps. L'amour dévotionnel va s'enfoncer. Et la porte vers la caverne secrète du cœur où brûle la flamme va s'ouvrir de plus en plus souvent.


Et selon Sri Aurobindo, va avoir lieu un basculement : l'amour que j'ai pour le Divin devient l'amour du Divin lui-même pour le Divin. L'enfant du Divin est par SA NATURE MÊME un être dévotionnel. 

Plus la dévotion devient naturelle, plus on se rapproche donc du basculement. 


On n'est plus en train de tendre vers la flamme psychique, c'est elle désormais qui se répand à travers nous et prend les rênes. 

Et c'est toujours elle qui a mené le jeu, car sa dynamique a toujours été celle de Mère.

Même si un reste d'ego demeure, c'est un saut majeur.  


Fraternellement, enfants divins de notre douce Mère et du Seigneur,


Serge




samedi 15 novembre 2025

De la psychisation à la spiritualisation



 Le supramental agit constamment et  aujourd'hui l'émergence psychique est accélérée par son action. Le travail de la force-conscience est le premier contact spirituel avec Mère, notre Mahashakti. La réalisation spirituelle du Soi sur le plan mental est une base solide à la rencontre du psychique caché à l'arrière du cœur. C'est vivre le Soi avec une âme.  

Mais le chemin demeure qui va de la psychisation, d'un Soi enfin pleinement vécu avec une âme, à la spiritualisation pour aboutir à la supramentalisation. 

Même si, à l'évidence, ces processus s'enchâssent dans l'absolu, admettons que nous n'en sommes pas bien conscient, et qu'il y a un ordre de réalisations même si les expériences ne suivent en rien cet ordre. D'ailleurs, pourquoi, dans ses Lettres sur le yogaSri Aurobindo insiste sur des distinctions entre ces processus ? sinon pour qu'ils se réalisent clairement et distinctement sans rien omettre dans un seul et même processus de divinisation :

La transmutation psychique de l'être et sa spiritualisation sont deux choses différentes. La transformation spirituelle est celle qui descend d'en haut, la transformation psychique est celle qui vient du dedans, par la domination du psychique sur le mental, le vital et le physique.

Dans ses Lettres sur le yoga, Sri Aurobindo prend un autre vocabulaire pour dire ces étapes :

Les réalisations fondamentales de notre yoga sont:

1. La transformation psychique, afin qu'une dévotion complète devienne le mobile principal du cœur et régisse la pensée, la vie et l'action, en union constante avec la Mère et en sa Présence.

2. La descente de la Paix, du Pouvoir, de la Lumière, etc., de la Conscience supérieure, d'abord dans la tête et le cœur, puis dans l'être tout entier, emplissant jusqu'aux cellules du corps.

3. La perception de l'Un et du Divin infiniment partout, de la Mère partout, et le fait de vivre dans cette conscience infinie.

Ainsi nous devenons conscient de notre être psychique, il émerge en avant et sa direction se substitue à celle de l'ego. Un corps intérieur subtil commence à se former pour ce psychique. Des expériences sporadiques de conscience du supramental sont même possibles. 

Puis commence à proprement parler la spiritualisation. Les mots comme toujours sont insuffisants tant que pour celui qui les lit, ils ne pointent pas une réalité existante en dehors du mental. Il faudrait une infinité d'angles mentaux et encore ferait-on le tour d'une réalité au moins surmentale ?

Mais si nous avons pris pour guide Sri Aurobindo et Mère, ne faut-il pas prendre au sérieux les cartes mentales du territoire spirituel qu'ils nous ont laissés ? Ne devons-nous pas entendre leurs disciples comme Satprem ou Niranjan à la lumière des cartes qu'ils ont dressées, eux, les pionniers qui voyaient le futur vivant en eux ?

Mère, dans des textes de l'Anthogie Le moi multiple, p.141-151, dit qu'il faut d'abord s'individuer. L'ego est insuffisant car il est une foule amorphe et non harmonieuse de personnalités. Et cette individuation réussie, il faut l'offrir au Divin, dit-elle. Et c'est là un pré-requis au stade de la spiritualisation. Ainsi quand la psychisation s'achève, il y a un mouvement naturel de l'âme vers le Divin, mais c'est alors le mouvement du Divin à travers l'âme qui prédomine. L'âme est comme ouverte à tous les vents divins qui enfin soufflent comme ils veulent. Il n'y a plus d'effort de l'ego. "L'effort fut une aide, l'effort est l'entrave", nous dit Sri Aurobindo dans ses Aphorismes et pensées.

La pleine psychisation suppose une maîtrise psychique qui va du mental supérieur au vital inférieur. La spiritualisation débute pleinement avec la fin des troubles importants liés à l'être double, c'est-à-dire avec la cessation des perturbations fortes liées au va-et-vient entre être de surface et être psychique. L'équanimité et surtout l'égalité commencent à devenir imperturbable.

Dès lors, avec la spiritualisation, c'est la fin de toute possibilité d'attaque hostile sérieuse à/de l'intérieur. Il est devenu impossible d'y consentir et de les laisser s'insinuer en nous. Et si des attaques extérieures restent possibles, la moindre peur parait devenue injustifiable, elle n'est qu'une imperfection qui s'offre au Divin. La peur peut cohabiter avec la psychisation, mais elle deviendra impossible avec la spiritualisation, car c'est le Divin qui agit en tout et derrière chacune de nos actions, ainsi que derrière chacun des événements et des circonstances. L'égalité tend à une perfection : ce corps peut être écrasé, détruit, elle demeurera. Si c'est ce que le Divin veut, alors ce sera, même si le corps crie de douleur. 

D'ailleurs, si vraiment cela se passe comme douce Mère l'indique, la supramentalisation suppose un état comme le chat de Schrödinger, un corps à la fois du côté des morts et du côté des vivants. Et d'ailleurs, si la carte de Mère est bonne, la conscience physique va s'étendre physiquement dans tous les corps : nous serons bien en train d'être écrasé, détruit, en train d'agoniser, de mourir, etc.

La transformation typique de la spiritualisation est donc nécessaire, semble-t-il, à la supramentalisation consciente.

Dans la spiritualisation, le fait d'être mis au pied du Suprême par Mère change même le ressenti de ce qui passe face à une adversité extérieure. Si une action de Mère doit se manifester, rien ne peut plus dès lors l'empêcher. En spiritualisation, les actions adverses en apparence sont des pions dans son jeu car elle joue avec Elle-même et sourit de notre ignorance ! Tout est un jeu du Seigneur et Mère ne fait que suivre ses décrets amoureusement. De leurs serviteurs encore hésitants, nous devenons peu à peu leurs instruments. Elle fait de nous des pages blanches, ouvertes par la paix du Suprême, sur lesquelles elle n'est empêchée de rien d'appliquer les décrets du Suprême.

Niranjan Guha Roy décrit dans un poème un élément central de cette spiritualisation, la fin d'une cavité du cœur qui abrite la croissance psychique. Les murs autour du psychique sont littéralement tombés. Comme si la matrice individuelle où avait grandi jusque là le psychique était une coquille inutile.

Chaque être dans la manifestation est le Seigneur Lui-même
Qui a pris telle allure, tel rôle
Pour goûter la félicité de l’Existence.

Ma maison est petite
Mais mon cœur est grand comme l’univers, même plus.
Je reçois tous les êtres qui passent sur la scène,
Jouent un rôle et disparaissent dans le fond du temps.

Ma maison est petite
Mais mon cœur est plus grand que l’univers
Qui reçoit tous les êtres quels qu’ils soient,
Car chacun est mon Seigneur
Qui déguisé ou portant des robes flamboyantes
Mais au-dedans c’est toujours mon Seigneur,
Félicité incarnée, toujours le même quel que soit
Son rôle, sa robe, son action, son visage et son corps.

Sois le bienvenu
Dans mon cœur sans murs ni frontières,
Sois le bienvenu.

Ma maison est petite,
Comme je voudrais tout le monde chez moi !
Mais ce n’est pas possible,
Comment loger ces acteurs incalculables
Et différents les uns des autres,
Chacun jouant le rôle de son choix.

Mais mon Seigneur bienvenu,
Tu transperces tous les déguisements
Pour lancer un sourire bienveillant à mon âme enchantée.

Ma maison est petite
Mais mon cœur est plus grand que l’univers.

Je ne peux pas loger tout le monde,
Les acteurs incalculables, Tes formes énigmatiques,
Toujours plus différentes, plus fascinantes

Ma maison est petite
Mais mon cœur est grand, plus grand que l’univers.

Je ne peux pas les loger tous chez moi,
Alors j’ai pris une toile, des brosses et des couleurs,
J’ai dessiné Ton visage souriant qui me plait
Et j’ai installé la toile sur l’autel dans ma petite maison,
Ainsi Tu es présent toujours chez moi.
Toutes les formes incalculables,
Tous les drames sont comprimés
Dans un sourire ravissant, et des yeux profonds
Par où on peut plonger dans l’éternité sans forme
Et presque toucher le corps merveilleux de Ton Mystère.

Pourtant, Tu es là, sur mon autel dans un tableau
Avec un sourire qui me ravit à chaque instant.
Chaque fois que je vois Ton visage mobile,
Aux mille et mille nuances,
Chacune me rappelle Ta douceur, Ta gentillesse,
Ta noblesse, Ton amour sans borne,
Les épopées interminables séduisantes.

Mon cœur ne se fatigue jamais.
Tu l’as rempli de Ta douceur souriante,
Apaisante de l’Eternité.

***********

Niranjan Guha Roy - 2005


 En spiritualisation, les forces universelles divines vont et viennent. Car la personnalité du psychique elle-même est de plus en plus fondamentalement comme une page blanche où Mère et le Suprême agissent à leur guise. 

L'ego s'évanouit de plus en plus souvent, y compris à l'état de veille, y compris dans l'action et l'interaction. 

Son bavardage intérieur est remplacé par un silence compact, dense, un vide de conscience plein de présence divine sans aucune impression de retrait en soi.

Et lors des premiers temps de la spiritualisation, voici l'ego mimant la spiritualité, à son affaire spirituelle et l'œil de la conscience en arrière-plan montre Mère au-dessus de la tête attendant patiemment qu'il abandonne ses affaires pour fondre d'intensité dans ce corps : enfin, l'ego est démasqué, son action séparatrice devenue parfaitement inefficace. L'ego non transformé, non encore offert à Mère, est devenu un fantôme qui hante le corps et brouille la soumission naturelle de l'âme qui ne peut offrir ce corps totalement à la transformation. Mais vu dans son activité séparatrice y compris au plan spirituel, l'offrande devient possible malgré lui.

La spiritualisation est le processus d'offrande du corps à la transformation, l'âme enfin contient le corps et n'est plus une flamme d'un pouce en arrière-plan du cœur. L'ego séparateur dans ses fragments complexes est systématiquement ce qui empêche l'offrande. Un premier degré de réalisation du Soi décolle l'ego du fond de la Conscience, il devient périphérique. La psychisation fait des fragments de personnalités de l'ego une personne vraie : Un Soi avec une âme. L'ego devient second. L'abolition de l'ego tant au niveau du vital et du corps est seule possible dans la spiritualisation : c'est le Divin lui-même dans sa conscience d'action cosmique qui se vit, on est ici, on est là-bas.

Les vers suivants de Niranjan sont donc à entendre, quand on y parviendra, au sens littéral :

Ma maison est petite
Mais mon cœur est grand comme l’univers, même plus.
Je reçois tous les êtres qui passent sur la scène,
Jouent un rôle et disparaissent dans le fond du temps.

 C'est bien dans ce qui était avant un cœur avec des murs subtils, où la flamme psychique brûlait que désormais sans murs, sans coquille, tous les êtres défilent, vivent, causent, sont pris en charge par le Divin en personne. Le corps et le cœur sont désormais au sein de l'aspiration psychique, d'une flamme qui va au-dessus de la tête et qui là se distingue de moins en moins de l'action de Mère et des décrets du Suprême.

La spiritualité n'est plus une affaire personnelle, même celle d'une âme et de son véhicule ; le progrès ici est celui de tous ou de personne ; le progrès de tous est le progrès d'ici ; le progrès n'est plus celui de celui-ci ou celui-là, il est le progrès de Mère dans la manifestation de la communion de nous tous Ses enfants.

Ce qu'il reste de l'ego, quand il est offert et transformé, est de plus en plus souvent une onde dansante de dévotion émanant de l'âme, émanant de l'amour du divin avec lui-même dans ses formes sculptées, ses gestes en formes.


Tes enfants, Mère. 




Les interviews d'Amita Guha Roy sur la chaîne Mère divine

 






samedi 8 novembre 2025

Examen de conscience

 



Ô pauvre sensibilité !

Ô pauvre amour !

Qui me dit que je n'aurais pas été de ces humains incapables de soutenir l'effort de transformation de Mère.

Je me suis volontiers rangé du côté de Satprem le résistant. 

Et après m'être imaginativement placé du côté des résistants contre les nazis,

je me suis placé du côté de Satprem le résistant contre l'étouffement du message de Mère par ces disciples occupés par des forces obscures.

Et pourtant, maintenant,  s'il y avait autour de moi quelqu'un approchant de ce seuil de spiritualisation où commence la supramentalisation, serai-je sûr de ne pas être un de ces Pranabs, un de ces Nolinis enfermés dans la certitude de leurs réalisations spirituelles indéniables, et malgré cela, insensibles ?

Devant telle vision de mon ami.e, ses pleurs psychiques, malgré ses partages de perception, ne serai-je pas ce sourd et muet incapable d'écouter ? Ne serai-je pas celui qui suivrait son jugement, avec ses petits éclairs intuitifs - tout de même, proteste quelque chose en moi ! Misérables hauteurs qui me laissent insensibles, me redit l'examen de conscience ! 

Pourtant, mon ami.e essaie de me dire que, au-delà du mental ordinaire, il y a tellement de plans, comme Mère elle-même essayait de le dire à ses disciples emmurés dans leurs petites intuitions.

Oui, où que j'en sois de mes capacités intuitives, je dois l'admettre sincèrement : je demeure encore dans la bulle surmentale, là où règne l'ignorance mentale. 

Alors qu'est-ce qui m'assure de ne pas être l'obstacle, la difficulté pour mon ami.e qui serait supramentalisé.e à ce point de pratiquer déjà consciemment un yoga pour la terre ?

Suis-je sûr de l'inclusivité de mon amour, si je ne mets pas au service d'une vision plus large, plus profonde qui est là, à ma disposition, par cet autre plus avancé dans l'inconnu, plus embrassé que moi  dans les bras profond du mystère ? De qui suis-je le frère ou la sœur ? Est-ce que je me comporte vraiment en enfant divin de la même Mère ?

Vais-je me retrouver dans la position de ne pas donner un refuge à cet être-là ? Vai-je une nouvelle fois ajouter ce triste geste à ce qu'a pu subir Mère ? Décidément, on ne la prenait pas au sérieux. Elle est vieille, elle débloque un peu, c'est normal, murmurait-on. Mon degré d'éveil est suffisant, la Mère divine me guide, je me suis offert à elle. Mais moi, maintenant, avec mon ami.e ? Est-ce que je me comporte en enfant émanant de la même Mère ?

La Mère en moi est-elle séparable de Mère incarnée ? Et maintenant, la Mère en moi est-elle séparable de Mère qui incarne sa substance supramentale en mon ami.e ?

Bien sûr, mon ami.e ment peut-être, c'est son inflation égoïque qui l'amène à exagérer mon manque de lucidité intuitive... Ilelle n'a sûrement pas atteint ce stade de supramentalisation ! Misère ! il y a une grisaille là-dedans de mon côté. Me voici, réduit à fabuler pour bien colmater la brêche d'autreté qui s'est présentée.

Ô Seigneur, Ô douce Mère, délivre-moi de moi-même, rend mon amour véritablement inclusif ! 

Ô Amour Suprême rends-moi capable d'accueillir les êtres nouveaux que tu as commencés d'incarner !


Om Sri Aurobindo Om douce Mère 

 

Œuvre de Niranjan Guha Roy 


vendredi 7 novembre 2025

Des raisons d'être du foyer d'harmonie Motherland - partie 1 - Nos inspirateurs

Œuvre de Niranjan Guha Roy 


Les inspirateurs de notre raison d’être au service du foyer d'harmonie Motherland 


Notre projet de constituer un foyer d'harmonie s'inscrit dans le droit fil de ceux qui pour nous incarnent le Suprême et la Mère Divine :


1 - Sri Aurobindo et, par exemple, dans La vie divine 


"The true solution can intervene only when by our spiritual growth we can become one self with all beings, know them as part of our self, deal with them as if they were our other selves; for then the division is healed, the law of separate self-affirmation leading by itself to affirmation against or at the expense of others is enlarged and liberated by adding to it the law of our self-affirmation for others and our self-finding in their self-finding and self-realisation. It has been made a rule of religious ethics to act in a spirit of universal compassion, to love one’s neighbour as oneself, to do to others as one would have them do to us, to feel the joy and grief of others as one’s own; but no man living in his ego is able truly and perfectly to do these things, he can only accept them as a demand of his mind, an aspiration of his heart, an effort of his will to live by a high standard and modify by a sincere endeavour his crude ego-nature. It is when others are known and felt intimately as oneself that this ideal can become a natural and spontaneous rule of our living and be realised in practice as in principle. But even oneness with others is not enough by itself, if it is a oneness with their ignorance; for then the law of ignorance will work and error of action and wrong action will survive even if diminished in degree and mellowed in incidence and character. Our oneness with others must be fundamental, not a oneness with their minds, hearts, vital selves, egos, — even though these come to be included in our universalised consciousness, — but a oneness in the soul and spirit, and that can only come by our liberation into soul-awareness and self-knowledge."


~ Sri Aurobindo

CWSA Vol. 21-22, The Life Divine, P. 652-653


Traduction en français :

« La vraie solution ne peut venir que lorsque notre croissance spirituelle atteint le point où nous-même et tous les êtres ne formons plus qu'un seul moi, où nous les connaissons comme une partie de notre moi, les traitons comme s'ils étaient nos autres-moi; car alors la division


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est abolie, la loi d'affirmation de soi séparée, qui conduit tout naturellement à l'affirmation de soi contre les autres ou à leurs dépens, s'élargit et se libère par l'apport d'une autre loi, celle de l'affirmation de soi pour autrui et de la découverte de soi en leur propre découverte et leur propre réalisation. On s'est fait une règle, en morale religieuse, d'agir dans un esprit de compassion universelle, d'aimer son prochain comme soi-même, de faire aux autres ce que l'on voudrait qu'ils nous fassent à nous-mêmes, d'éprouver comme nôtres et leur joie et leur peine; mais aucun homme vivant en son ego ne p'eut véritablement et parfaitement accomplir de telles choses, il ne peut que les accepter comme une exigence de son mental, une aspiration de son cœur, un effort de sa volonté pour vivre selon une norme élevée et modifier, par un effort sincère, sa nature égoïste grossière. C'est, quand on connaît et qu'on sent intimement les autres comme soi-même, que cet idéal peut devenir une règle de vie naturelle et spontanée et être réalisé en pratique comme en son principe. Mais être un avec les autres n'est pas même suffisant en soi, si c'est être un avec leur ignorance; car alors la loi de l'ignorance agira, l'action erronée et l'action fausse persisteront, fût-ce à un moindre degré et même si leur incidence et leur caractère sont atténués. Notre union avec les autres doit être fondamentale ; ce ne doit pas être une union, avec leur mental, leur cœur, leur être vital, leur ego — bien qu'ils finissent par être inclus dans notre conscience universalisée —, mais une union en l'âme et en l'esprit, et cela ne peut se produire que par notre libération en la conscience de l'âme et là connaissance du moi. Être nous-mêmes affranchis de l'ego et réaliser notre vrai moi, telle est la première nécessité; tout le reste peut ensuite s'accomplir, en être le lumineux résultat, la conséquence nécessaire. C'est l'une des raisons pour lesquelles un appel spirituel doit être accepté de façon impérative et prendre le pas sur toutes les autres revendications, intellectuelles, éthiques ou sociales, qui relèvent du domaine de l'Ignorance. Car la loi mentale du bien appartient à ce domaine et ne peut que modifier les choses et servir de palliatif; rien ne saurait vraiment remplacer le changement spirituel qui peut réaliser le bien véritable et intégral, car c'est l'esprit qui nous conduit à la racine de l'action et de l'existence.

La connaissance spirituelle du moi s'accomplit en trois étapes, qui sont en même temps trois parties de l'unique connaissance. La première est la découverte de l'âme, non point l'âme extérieure de pensée, d'émotion et de désir, mais l'entité psychique secrète, l'élément


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divin en nous. Quand elle domine notre nature, quand nous sommes consciemment l'âme et quand le mental, la vie et le corps prennent leur vraie place d'instruments de l'âme, nous devenons conscients d'un guide intérieur qui connaît la vérité, le bien, le vrai délice et la vraie beauté de l'existence, qui gouverne le cœur, et l'intellect par sa loi lumineuse et conduit notre vie et notre être vers la plénitude spirituelle. Même dans les obscures opérations de l'Ignorance, nous avons alors un témoin qui discerne, une lumière vivante qui illumine, une volonté qui refuse de se laisser fourvoyer et qui sépare la vérité mentale de l'erreur, fait la distinction entre la réponse intime du cœur et ce qui vibre en lui en réponse à un faux appel ou à une fausse demande qui lui est faite, ne confond pas l'ardeur véritable et le plein mouvement de la vie avec la passion vitale et les mensonges turbides de notre nature vitale et la recherche de ses obscures satisfactions égoïstes. Telle est la première étape de la réalisation de soi : instaurer le règne de l'âme, l'individu psychique divin, à la place de l'ego.

L'étape suivante consiste à prendre conscience du moi éternel en nous, non né, un avec le moi de tous les êtres. Cette réalisation de soi libère et universalise ; même si notre action se poursuit encore selon la dynamique de l'Ignorance, elle ne nous enchaîne plus, ne nous égare plus, car notre être intérieur trône dans la lumière de la connaissance de soi. La troisième étape nous amène à connaître l'Être divin qui est à la fois notre suprême Moi transcendant, l'Être cosmique, fondement de notre universalité, et le Divin intérieur dont notre être psychique, le vrai individu évolutif en notre nature, est une part, une étincelle, une flamme qui grandit en le Feu éternel où il fut allumé et dont il est le témoin toujours vivant en nous et l'instrument conscient de sa lumière, de son pouvoir, de sa joie et de sa beauté. Conscients que le Divin est le Maître de notre être et de notre action, nous pouvons apprendre à devenir les canaux de Sa Shakti, la Puissance divine, et à agir selon ses ordres ou la loi de sa lumière et de son pouvoir en nous. Notre action ne sera plus, dès lors, gouvernée par nos impulsions vitales ou soumise à une norme mentale, car la Shakti agit suivant la vérité permanente et néanmoins plastique des choses — non la vérité que construit le mental, mais celle plus haute, plus profonde et plus subtile de chaque mouvement et de chaque circonstance telle que la connaît la connaissance suprême et que l'exige la suprême volonté dans l'univers. La libération de la volonté suit la libération de la connaissance, elle en est la conséquence dynamique. C'est la connaissance qui purifie, c'est la vérité qui libère ; le mal est le fruit d'une ignorance spirituelle et il ne disparaîtra que par la croissance


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d'une conscience spirituelle, et: là lumière' de la connaissance spirituelle. Notre être est séparé des autres êtres, et cette division ne peut disparaître qu'en annulant le divorce entre notre nature et la réalité intérieure de l'âme, qu'en supprimant le voile entre notre devenir et notre être essentiel; qu'en jetant un pont sur l'espace qui éloigne notre individualité dans la Nature de l'Être divin qui est la Réalité omniprésente dans la Nature et au-delà.


Mais la dernière division qui; reste à éliminer est la scission entre cette Nature et la Supra-Nature qui est le Pouvoir-en-soi de l'Existence divine. Même avant que la l'intuition dynamique ne soit annulée, tant qu'elle demeure comme une instrumentation inadéquate de l'esprit, la Shakti suprême ou Supranature peut œuvrer à travers nous et nous pouvons être conscients de ses opérations; mais elle le fait en modifiant sa lumière et son pouvoir afin que la nature inférieure - le mental, la vie et le corps — puisse la recevoir et l'assimiler. Mais cela ne suffit pas; il est nécessaire de remodeler entièrement ce que nous sommes et d'en faire un état et un pouvoir de la Supranature divine. Cette intégration de notre être ne peut être complète à moins que l'action dynamique ne -soit ainsi transformée ; c'est tout le mode de la Nature elle-même qui doit être soulevé et changé : illuminer et transmuer les états intérieurs de l'être n'est pas suffisant. Une Conscience-de-Vérité éternelle doit prendre possession de nous et, sublimant tous les modes de notre nature, l'es changer en ses propres modes d'être, de connaissance et d'action. Une perception, une volonté, un sentiment, un mouvement, une action spontanément vrais peuvent alors devenir la loi intégrale de notre nature. »


Dans ce passage final de La vie divine, Sri Aurobindo nous donne l'horizon de toute association en vue de la transformation divine de notre humanité. 


2 - Mère, la compagne de Sri Aurobindo, par exemple, en disant son rêve

Un rêve

« Il devrait y avoir quelque part sur la terre un lieu dont aucune nation n’aurait le droit de dire : il est à moi ; où tout homme de bonne volonté ayant une aspiration sincère pourrait vivre librement comme un citoyen du monde, et n’obéir qu’à une seule autorité, celle de la suprême vérité.

Un lieu de paix, de concorde, d’harmonie, où tous les instincts guerriers de l’homme seraient utilisés exclusivement pour vaincre les causes de ses souffrances et de ses misères, pour surmonter ses faiblesses et ses ignorances, pour triompher de ses limitations et de ses incapacités ; un lieu où les besoins de l’esprit et le souci du progrès primeraient la satisfaction des désirs et des passions, la recherche des plaisirs et de la jouissance matérielle.

Dans cet endroit, les enfants pourraient croître et se développer intégralement sans perdre le contact avec leur âme ; l’instruction serait donnée, non en vue de passer des examens ou d’obtenir des certificats et des postes, mais pour enrichir les facultés existantes et en faire naître de nouvelles. Dans ce lieu, les titres et les situations seraient remplacés par des occasions de servir et d’organiser ; il y serait pourvu aux besoins du corps également pour tous, et la supériorité intellectuelle, morale et spirituelle se traduirait dans l’organisation générale, non par une augmentation des plaisirs et des pouvoirs de la vie, mais par un accroissement des devoirs et des responsabilités. La beauté sous toutes ses formes artistiques: peinture, sculpture, musique, littérature, serait accessible à tous également, la faculté de participer aux joies qu’elle donne étant limitée uniquement par la capacité de chacun et non par la position sociale ou financière.

Car dans ce lieu idéal, l’argent ne serait plus le souverain seigneur ; la valeur individuelle aurait une importance très supérieure à celle des richesses matérielles et de la position sociale. Le travail n’y serait pas le moyen de gagner sa vie, mais le moyen de s’exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités, tout en rendant service à l’ensemble du groupe qui, de son côté, pourvoirait aux besoins de l’existence et au cadre d’action de chacun.

En résumé, ce serait un endroit où les relations entre êtres humains, qui sont d’ordinaire presque exclusivement basées sur la concurrence et la lutte, seraient remplacées par des relations d’émulation pour bien faire, de collaboration et de réelle fraternité.

La terre n’est pas prête pour réaliser un semblable idéal, parce que l’humanité ne possède pas encore la connaissance suffisante pour le comprendre et l’adopter, ni la force consciente indispensable à son exécution ; et c’est pourquoi je l’appelle un rêve.

Pourtant, ce rêve est en voie de devenir une réalité; et c’est à cela que nous nous efforçons à l’Ashram de Sri Aurobindo, sur une toute petite échelle à la mesure de nos moyens réduits. La réalisation est certes loin d’être parfaite, mais elle est progressive ; et petit à petit, nous nous avançons vers notre but qui, nous l’espérons, pourra un jour être présenté au monde comme un moyen pratique et efficace de sortir du chaos actuel, pour naître à une vie nouvelle harmonieuse et plus vraie. », 

Mère, 1954


Motherland a d'abord pour vocation d'être une des matérialisations de ce rêve de Mère.

L'ashram puis Auroville sont des pas en ce sens.

Motherland prendra forme en devenant un miroir de la volonté de Mère de plus en plus poli par le yoga de Sri Aurobindo.  


3 - Les visions des disciples de Mère et Sri Aurobindo 

En France, deux lignées de disciples de Sri Aurobindo et Mère nous semblent avoir fourni des apports essentiels en vue de nourrir notre projet.

Dans le monde francophone, Satprem nous a conduit à nous intéresser et à  nous placer sous la guidance de Mère et Sri Aurobindo.

Et en France, Amita et Niranjan Guha Roy ont été les premiers à édifier un sanctuaire pour la Mère divine, la Mahashakti qui porte le flux évolutif conduisant au-delà de l'homme.

Leur sanctuaire à Baden dans le Morbihan s'appelle Motherland. Notre foyer d'harmonie en reprenant le nom du leur s'inscrit à leur suite.



A - Une vision de Satprem dans La Genèse du Surhomme au chapitre La sociologie du Surhomme.

« Ils sont dix ou vingt, ou cinquante peut-être, ici ou là, sous cette latitude ou une autre, qui veulent labourer un coin de terre plus véridique, labourer un coin d’homme pour faire pousser en eux-mêmes un être plus vrai, faire peut-être ensemble un laboratoire du surhomme, poser une première pierre de la Cité de la Vérité sur la terre. Ils ne savent pas, ils ne savent rien, sinon qu’ils ont besoin d’autre chose et qu’il existe une Loi d’Harmonie, un merveilleux « quelque chose » du Futur qui demande à s’incarner. Et ils veulent trouver les conditions de cette incarnation, se prêter à l’épreuve, livrer leur substance à cette expérience dans le vif. Ils ne savent rien, sinon que tout doit être autre: dans les cœurs, dans les gestes, dans la matière et la culture de cette matière. Ils ne cherchent pas à faire une nouvelle civilisation, mais un autre homme; pas une super-cité parmi les millions de buildings du monde, mais un poste d’écoute des forces du futur, un suprême yantra de la Vérité, un conduit, un chenal pour tenter de capter et d’inscrire dans la matière une première note de la grande Harmonie, un premier signe tangible du nouveau monde. Ils ne se posent en champions de rien, ils ne sont les défenseurs d’aucune liberté, les agresseurs d’aucun isme: simplement, ils essayent ensemble, ils sont les champions de leur propre petite note pure, qui n’est celle d’aucun voisin, et qui pourtant est la note de tout le monde. Ils ne sont plus d’un pays, plus d’une famille, d’une religion ou d’un parti : ils ont pris le parti d’eux-mêmes, qui n’est le parti d’aucun autre, et pourtant le parti du monde parce que, ce qui devient vrai en un point, devient vrai pour tout le monde et rejoint tout le monde ; ils sont d’une famille à inventer, d’un pays qui n’est pas encore né. Ils ne cherchent pas à redresser les autres ni personne, à déverser sur le monde des charités glorifiantes, à soigner les pauvres et les lépreux: ils cherchent à guérir en eux-mêmes la grande pauvreté de la petitesse, l’elfe gris de la misère intime, à conquérir sur eux-mêmes une seule petite parcelle de vrai, un seul petit rayon d’harmonie, car, si cette Maladie est guérie dans notre propre cœur ou dans quelques cœurs, le monde s’en trouvera plus léger, et, par notre clarté, la Loi de Vérité entrera mieux dans la matière et rayonnera autour spontanément. Quelle délivrance, quel soulagement au monde peut apporter celui-là qui peine dans son propre cœur ? Ils ne travaillent pas pour eux-mêmes, bien qu’ils soient le terrain premier de l’expérience, mais en offrande, pure et simple, à cela qu’ils ne connaissent pas vraiment mais qui frémit au bord du monde comme l’aurore d’un nouvel âge. Ils sont les prospecteurs du nouveau cycle. Ils se sont donnés à l’avenir, corps et biens, comme on se jette dans le feu, sans un regard derrière soi. Ils sont les serviteurs de l’infini dans le fini, de la totalité dans l’infime, de l’éternel dans chaque instant et dans chaque geste. Ils créent leur ciel à chaque pas et taillent le nouveau monde dans la banalité du jour. Et ils n’ont pas peur de l’échec, car ils ont laissé derrière eux les échecs avec le succès de la prison – ils sont dans la seule infaillibilité d’une petite note juste.

Mais ces constructeurs du nouveau monde prendront bien garde de ne pas bâtir une nouvelle prison, fût-ce une prison idéale et bien éclairée. En fait, ils comprendront, et vite, que cette Cité de la Vérité ne sera pas et ne peut pas être tant qu’ils ne seront pas eux-mêmes et totalement dans la Vérité, et que cette terre à bâtir est d’abord et avant tout le terrain de leur propre transmutation. On ne triche pas avec la Vérité. On peut tricher avec les hommes, faire des discours et des déclarations de principe, mais la Vérité s’en moque : elle vous attrape sur le fait et à chaque pas vous jette votre mensonge à la figure. C’est un impitoyable phare, même s’il est invisible. Et c’est très simple, elle vous attrape dans tous les coins et à tous les tournants, et comme c’est une Vérité de la matière, elle démolit vos plans, entrave votre geste, vous met subitement devant un manque de matériaux, un manque d’ouvriers, un manque d’argent, suscite cette révolte, dresse les gens les uns contre les autres, sème l’impossibilité et le chaos, – jusqu’à ce que, soudain, le chercheur comprenne qu’il faisait fausse route, qu’il construisait la vieille bâtisse mensongère avec des briques neuves et secrétait son petit égoïsme, sa petite ambition, son petit idéal, sa mince idée du vrai et du bien. Alors, il ouvre les yeux, il ouvre les mains, il se raccorde à la grande Loi, laisse couler le rythme et se fait clair, clair, transparent, souple à la Vérité, au n’importe quoi qui veut être – n’importe quoi mais que ce soit ça, le geste exact, la pensée juste, le travail vrai, la vérité pure qui s’exprime comme elle veut, quand elle veut, de la façon qu’elle veut. Une seconde, il s’abandonne. Une seconde, il appelle ce monde nouveau – si nouveau qu’il n’y comprend rien mais qu’il veut servir, incarner, faire pousser dans cette terre rebelle, et qu’importe ce qu’il en pense, ce qu’il en sent, ce qu’il en juge, oh ! qu’importe, mais que ce soit la vraie chose, la seule chose voulue et inévitable. Et tout bascule dans la lumière – en une seconde. Tout devient possible instantanément: les matériaux arrivent, les ouvriers, l’argent, le mur s’écroule, et cette petite bâtisse égoïste qu’il était en train d’édifier, se change en une possibilité dynamique qu’il n’avait même pas soupçonnée. Cent fois, mille fois, il fait l’expérience, à tous les niveaux, personnels, collectifs, dans ce battant de fenêtre qu’il ajuste pour sa chambre ou dans le million subit qui « tombe du ciel » pour construire un stade olympique.

Il n’y a pas, jamais de « problèmes matériels », il y a seulement des problèmes intérieurs.

Et si la Vérité n’y est pas, même les millions pourriront sur place. C’est une fabuleuse expérience de toutes les minutes, une mise à l’épreuve de la Vérité, et, plus merveilleusement encore, une mise à l’épreuve du pouvoir de la Vérité. Il apprend pas à pas à découvrir l’efficacité de la Vérité, la suprême efficacité d’une petite seconde claire – il entre dans un monde de petites merveilles continues. Il apprend à avoir confiance en la Vérité, comme si tous ces coups, ces ratages, ces querelles, cette confusion, le conduisaient savamment, patiemment, mais impitoyablement, à prendre l’attitude juste, découvrir le vrai ressort, le regard vrai, le cri de vérité qui renverse les murs et fait éclater tous les possibles dans l’impossible chaos. C’est une transmutation accélérée et comme multipliée par les résistances de chacun autant que par ses bonnes volontés – comme si, en vérité, et les résistances et les bonnes volontés, le bien autant que le mal, devaient se changer en autre chose, une autre volonté, une volonté-vision de Vérité qui à chaque instant décide du geste et du fait. C’est la seule loi de la Cité de l’Avenir, son seul gouvernement: une vision claire qui s’accorde à l’Harmonie totale et qui traduit spontanément en actes la Vérité perçue. Les faussaires sont automatiquement éliminés, par la pression même de la Force de Vérité, refoulés, comme le poisson, par excès d’oxygène. Et si, un jour, ces dix ou ces cinquante, ou ces cent-là, pouvaient bâtir une seule petite pyramide de vérité dont chaque pierre aurait été posée avec la note juste, la vibration juste, l’amour simple, le regard clair et l’appel du futur, en vérité la cité entière serait bâtie, parce qu’ils auraient bâti en eux-mêmes l’être du futur. Et peut-être la terre entière s’en trouverait-elle changée, parce qu’il n’y a qu’un corps ; parce que cette difficulté de l’un est la difficulté du monde, cette résistance, cette obscurité de l’autre, sont la résistance et l’obscurité du monde entier, et que cette toute petite entreprise d’une petite ville sous les étoiles est peut-être l’Entreprise même du monde, le symbole de sa transmutation, l’alchimie de sa douleur, la possibilité d’une terre nouvelle par la seule transfiguration d’un coin de terre et d’un coin d’homme. »






B - Une des visions de Niranjan Guha Roy dans Méditations sur l'avenir

Amita Guha Roy nous a partagé les visions de Niranjan recueillies par elle en 2004 et 2005 avant qu'il ne quitte son corps.

Voici un extrait significatif de Méditations sur l'avenir, "Les corps de demain", p.23-24 :











mardi 4 novembre 2025

Joie Amour selon Sri Aurobindo et douce Mère



https://sri-aurobindo.co.in/workings/ma/playground_audio/57-01-23.htm?fbclid=IwdGRjcANqA2FjbGNrA2oCXWV4dG4DYWVtAjExAAEeJiSrMceqqoZApc2GhpRVTSiHanKb6uXttzsF88J1my5JqsTkPNVLrAKZkK0_aem_ZJokvxc3J4YwmpnVe7GmOg


 

Mère


Entretiens


Le 23 janvier 1957


La fin


« La rencontre de l’homme et de Dieu suppose toujours une pénétration, une entrée du Divin dans l’humain et une immersion de l’homme dans la Divinité.


Mais cette immersion n’est pas une espèce d’annihilation. L’extinction n’est pas l’aboutissement de toute cette recherche et cette passion, cette souffrance et cette extase. Le jeu n’aurait jamais commencé si telle devait en être la fin.


La joie est le secret. Apprends la joie pure et tu apprendras Dieu.


Quel fut donc le commencement de toute l’histoire? Une existence qui s’est multipliée pour la seule joie d’être et qui s’est plongée en d’innombrables milliards de formes afin de pouvoir se retrouver elle-même innombrablement.


Et quel en est le milieu? Une division qui tend vers une unité multiple, une ignorance qui peine vers le torrent d’une lumière variée, une douleur en travail pour arriver au contact d’une extase inimaginable. Car toutes ces choses sont des formes obscures et des vibrations perverties.


Et quelle sera la fin de toute l’histoire? Si le miel pouvait se goûter lui-même et goûter toutes ses gouttes à la fois, et si toutes ses gouttes pouvaient se goûter l’une l’autre, et chacune goûter le rayon tout entier comme elle-même, telle serait la fin pour Dieu, pour l’âme de l’homme et l’univers.


L’Amour est la tonique, la Joie est la mélodie, le Pouvoir est l’accord, la Connaissance est l’exécutant, le Tout infini est à la fois le compositeur et l’auditoire. Nous connaissons seulement les discordances préliminaires, qui sont aussi terribles que l’harmonie sera grande; mais nous arriverons sûrement à la fugue des divines béatitudes. », Aperçus et Pensées.


Comment apprendre la joie pure?


D’abord, pour commencer, il faut par une observation attentive, s’apercevoir que les désirs et la satisfaction des désirs ne donnent qu’un vague plaisir incertain, mélangé, fugitif et tout à fait insatisfaisant. Cela, c’est généralement le point de départ.


Alors, si l’on est un être raisonnable, il faut apprendre à discerner ce qui est désir et se refuser à faire quoi que ce soit pour satisfaire ses désirs. Il faut les repousser sans essayer de les satisfaire. Et alors le premier résultat, c’est justement l’une des premières constatations du Bouddha dans son enseignement: il y a une joie infiniment plus grande à maîtriser et supprimer un désir qu’à le satisfaire. Tout chercheur sincère et obstiné, au bout de quelque temps, plus ou moins longtemps, quelquefois très peu de temps, s’apercevra que c’est une vérité absolue, et que la joie qu’on éprouve à surmonter un désir est incomparablement supérieure au petit plaisir fugitif et mélangé que l’on peut trouver à la satisfaction de ses désirs. Cela, c’est le second pas.


Naturellement, avec cette discipline continue, au bout de très peu de temps les désirs seront à une distance et ne vous ennuieront plus. Alors vous serez libre d’entrer un peu plus profondément dans votre être et de vous ouvrir dans une aspiration vers... le Donneur de Joie, l’élément divin, la Grâce divine. Et si on le fait avec un don de soi sincère — quelque chose qui se donne, qui s’offre et qui n’attend rien en échange de son offrande —, on sentira cette espèce de chaleur, douce, confortable, intime, rayonnante, qui remplit le coeur et qui est l’avant-coureur de la Joie.


Après, le chemin est facile.


Douce Mère, quelle est la vraie joie d’être?


Celle-là même dont je parle!


Alors, Douce Mère, ici, quand Sri Aurobindo parle d’une existence qui «se multiplie pour la seule joie d’être», quelle est cette joie?


La joie d’exister.


Il y a un moment, quand on commence à être un peu prêt, où l’on peut sentir dans chaque chose, dans chaque objet, dans chaque mouvement, dans chaque vibration, dans toutes les choses qui vous entourent — pas seulement les gens et les consciences, mais les choses, les objets; pas seulement les arbres et les plantes et les choses vivantes, mais simplement un objet dont on se sert, les choses qui vous entourent — cette joie, cette joie d’être, d’être tel qu’on est, simplement d’être. Et on voit que tout cela, ça vibre comme cela. On touche une chose et on sent cette joie. Mais naturellement, je dis, il faut avoir suivi la discipline dont j’ai parlé au commencement; autrement, tant que l’on a un désir, une préférence, un attachement, ou des affinités et des répulsions et tout cela, on ne peut pas — on ne peut pas. Et tant que l’on trouve des plaisirs — le plaisir, n’est-ce pas, le plaisir vital ou physique à une chose — on ne peut pas sentir cette joie. Parce que cette joie est partout. Cette joie est quelque chose de très subtil. On bouge au milieu des choses et c’est comme si elles vous chantaient toutes leur joie. Il arrive un moment où c’est très familier dans la vie qui vous entoure. Naturellement, je dois reconnaître que c’est un petit peu difficile de la sentir dans les êtres humains, parce qu’il y a toutes leurs formations mentales et vitales qui viennent dans le champ de la perception et qui dérangent cela. Il y a trop cette espèce d’âpreté égoïste qui se mélange aux choses, alors c’est plus difficile de toucher la joie là. Mais même dans les animaux, on la sent; c’est déjà un peu plus difficile que dans les plantes. Mais dans les plantes, dans les fleurs, c’est si merveilleux! Elles parlent toute leur joie, elles l’expriment. Et je l’ai dit, n’est-ce pas, tous les objets familiers, les choses que l’on a autour de soi, dont on se sert, il y a un état de conscience où chacune est joyeuse d’être, telle qu’elle est. Alors on sait à ce moment-là que l’on a touché la vraie joie. Et cela, ce n’est pas conditionné. Je veux dire, cela ne dépend pas... cela ne dépend de rien. Cela ne dépend pas des circonstances extérieures, cela ne dépend pas d’un état plus ou moins favorable, cela ne dépend de rien: c’est une communion avec la raison d’être de l’univers.


Et quand cela vient, ça remplit toutes les cellules du corps. Ce n’est pas une chose qui se pense même — on ne raisonne pas, on n’analyse pas, ce n’est pas cela: c’est un état dans lequel on vit. Et quand le corps y participe, il est si frais — si frais, si spontané, si... il n’a plus aucun retour sur lui-même, il n’y a plus aucun sens d’observation propre, d’analyse de soi ou des choses. Tout cela, c’est comme un cantique de vibrations joyeuses, mais très, très tranquille, sans violence, sans passion, rien de tout cela. C’est très subtil et très intense en même temps, et quand ça passe, il semble que tout l’univers soit une harmonie merveilleuse. Même ce qui pour la conscience humaine ordinaire est laid, déplaisant, apparaît merveilleux.


Malheureusement, comme je dis, les gens, les circonstances, tout cela, avec toutes ces formations mentales et vitales, ça dérange tout le temps. Alors on est obligé de retourner à cette perception si ignorante, si aveugle des choses. Mais autrement, dès que tout cela s’arrête et que l’on peut s’en sortir... tout change. Comme il le dit là, à la fin: tout change. Une harmonie merveilleuse. Et c’est tout la Joie, la vraie Joie, la Joie véritable.


Cela demande un peu de travail.


Et cette discipline dont j’ai parlé, à laquelle il faut se soumettre, si on la fait dans le but de trouver la joie, on retarde le résultat, parce qu’on y introduit un élément égoïste, on le fait dans un but et ce n’est plus une offrande, c’est une demande, et alors... Ça vient — ça viendra, même si cela prend beaucoup plus de temps — quand on ne demande rien, quand on n’attend rien, qu’on n’espère rien, que simplement c’est cela, c’est le don de soi et l’aspiration, et le besoin spontané, sans aucun marchandage — le besoin d’être divin, c’est tout.


Mère, tu expliqueras cette «goutte de miel» ?


Oh ! le miel !... Mais c’est une image, mon enfant.


Il dit : si l’on pouvait s’imaginer... C’est simplement pour donner une approche qui soit plus concrète que les abstractions intellectuelles. Il dit: si vous pouvez vous imaginer, par exemple, un rayon de miel, n’est-ce pas... un rayon de miel qui aurait la capacité de se goûter lui-même et en même temps chaque goutte du miel; non seulement de se goûter lui-même en tant que miel, mais de se goûter lui-même dans chaque goutte, étant chaque goutte du rayon de miel, et que chacune de ces gouttes puisse goûter toutes les autres, soi-même et toutes les autres, et en même temps que chaque goutte ait la capacité de goûter, d’avoir le goût du rayon tout entier comme si c’était elle-même.


Alors, ce serait le rayon capable de se goûter lui-même et de goûter en détail toutes les gouttes du rayon, et chaque goutte capable de se goûter elle-même et individuellement toutes les autres et le rayon tout entier comme une unité, comme ellemême... C’est une image très exacte. Seulement il faut avoir un pouvoir imaginatif!


Comme cela, j’ai compris. Je demande ce que cela signifie.


Le miel, c’est une chose délicieuse, n’est-ce pas, alors ce sont les délices de la Joie divine.


Et tout à l’heure, quand j’évoquais cette joie qui est dans les choses, spontanée, simple, cette joie qui est au fond de tout, eh bien, pour le corps physique, cela a quelque chose de vraiment — oh! naturellement, le goût du miel est très rude et grossier en comparaison —, mais quelque chose comme cela, quelque chose d’extrêmement délicieux. Et très simple, très simple et très total dans sa simplicité; très complet dans sa simplicité, et pourtant très simple.


Cela, n’est-ce pas, ce n’est pas une chose à penser, il faut avoir la capacité de l’évoquer, il faut avoir de l’imagination. Alors, si l’on a cette capacité, on peut faire cela rien qu’en lisant, alors on peut comprendre... C’est une analogie, qui n’est qu’une analogie, mais c’est une analogie qui a vraiment une capacité d’évocation.


Mais chacun imaginera quelque chose de différent, non, Mère?


Évidemment. Mais cela ne fait rien! Ce sera bon pour lui.


(silence)


C’est tout?


J’avais apporté des questions que l’on m’a posées, mais je crois qu’il est déjà un peu tard. (Mère feuillette des questions)


Il y en a une qui est terriblement intellectuelle et que nous laisserons pour une autre fois. Il y en a une autre... qui n’est qu’une apparence, et puis il y en a une troisième qui est intéressante, mais à laquelle il faudrait répondre en détail, et ce soir il est déjà un peu tard.


Ici, n’est-ce pas, la question à laquelle on peut répondre très facilement, c’est un texte de moi, où il est dit:

« C’est une grande erreur de supposer que la Volonté divine agit toujours ouvertement dans le monde. »


Et puis, dans La Synthèse des Yogas de Sri Aurobindo:

«Si nous voyons l’unité partout, si nous reconnaissons que tout arrive par la Volonté divine... etc.»


Et une autre chose de moi, dans Prières et Méditations :

«C’est Toi qui agis en toute chose et en tout être, et celui qui est assez proche de Toi pour Te voir en tout acte sans exception, sait transformer tout acte en bénédiction.» (Le 10 décembre 1912)


Et alors, on me demande comment réconcilier ces contradictions. Moi, je ne vois aucune contradiction. Parce que la première phrase où il est dit: «C’est une grande erreur de supposer que la Volonté divine agit toujours ouvertement dans le monde»... Je dirai : il est extrêmement rare qu’elle agisse ouvertement. Elle agit toujours, mais pas ouvertement. Et quand elle agit ouvertement, c’est ce que les hommes appellent des « miracles ». Et c’est une chose extrêmement rare. La plupart du temps elle n’agit pas ouvertement, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’agisse pas. Elle n’agit pas ouvertement, c’est tout. Alors là, il n’y a pas de contradiction. C’était tout ce que je voulais dire. C’est une contradiction tout à fait superficielle née de l’incompréhension des mots.


La Volonté divine agit, mais pas ouvertement. Quand elle agit ouvertement, éh bien, les hommes appellent cela des miracles. Voilà. Mais cela ne l’empêche pas d’agir.