Continuité de Niranjan Guha Roy |
Sur le chemin que proposent Sri Aurobindo et Mère, une évidence se clarifie et se précise :
Seul le Divin peut diviniser ce monde perfectible.
Tout critère humain de perfection est imparfait.
Nos visions éthiques les plus utiles génèrent toujours des dévoiements du processus Divin de perfectionnement.
Ces aphorismes peuvent se décliner sous de multiples aspects.
Par exemple, nos vertus peuvent nous amener à ne pas voir le potentiel énergétique de ce qui nous semble anti-divin en notre humanité. Dans mon cas, j'ai tardé à voir que ce qui volatilise nos valeurs familiales et ce qui semblait un équilibre des mœurs sexuelles, dessine notre futur : l'émergence de l'être insexué dans notre chair, ou encore des formes de naissance et d'éducation bien plus conscientes en dehors d'une cellule familiale animale parée d'un vernis moral. La faillite de certaines valeurs éthiques et morales bien trop humaines est certainement un espace nécessaire au surhumain que le Divin élabore. A vrai dire, acceptons d'ignorer, au niveau mental, le plan d'ensemble du Divin. Car les forces antidivines que nous pouvons reconnaître et auxquelles nous apprenons à ne pas céder, s'avèrent surtout, quand on y fait face, des occasions de soumission au Divin, qui seul peut nous en libérer intérieurement et extérieurement. Le Divin sait donc les utiliser à son propre compte pour accélérer son processus de divinisation jusqu'à ce qu'elles deviennent complètement inutiles ou soient entièrement transformées. Leur apparence "anti-divine" n'est que relative à la libération de l'ego. Ces forces et ces formes servent le Devenir Divin en étant un mal pour un plus grand bien. Notre ego mental, vital et physique, lui-même, ne peut pas voir qu'orgueilleusement, par nature, il nie, même en se haïssant, la Non Dualité ultime qui le rendra inutile ou seulement utile en tant qu'un ego est par nature temporaire.
L'ego vertueux, et plus encore mon ego spirituellement vertueux, ne peut donc pas sincèrement admettre ceci que vraiment, tout est un jeu Divin, le Divin prenant conscience de lui-même en chaque point de sa manifestation.
Qui, d'ailleurs, ne voit pas son ego revendiquer ses vertus, y compris au niveau de ses pratiques spirituelles, comme son action indispensable. Et cette ritournelle est l'écho de mécanismes d'étouffement et de refoulement des réels pouvoirs psychiques individués de la force de transformation : certains des mouvements en qui certaines vertus consistent, pourraient devenir, à nouveau transformés et perfectionnés, une expression divine au niveau de notre être de surface. Tel mouvement vertueux de sincérité ou de foi deviendrait ainsi le pouvoir conscient de sincérité ou de foi de notre individuation d'âme Divine, cette réalité émanée de Mère, la personnification originelle du Devenir Divin.
En ce sens, dans ses Aphorismes et Pensées, Sri Aurobindo écrit :
Bhakti 483 – « Mon amant m’a enlevé ma robe de péché, et je l’ai laissée tomber avec joie, alors il s’est emparé de ma robe de vertu, mais je me suis senti honteux et alarmé et j’essayai de l’en empêcher. C’est seulement quand il me l’eut arrachée de force que je vis combien mon âme m’avait été cachée. »
Et c'est parce que le Divin divinise sa propre autocréation que sa victoire est certaine. Et c'est parce que l'évidence de cette auto-divinisation grandit que notre foi en la victoire divine se transforme de plus en plus en certitude.
Courage de Niranjan Guha Roy |
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