mardi 2 décembre 2025

Qui sont pour nous Sri Aurobindo et Mère ?

Photomontage d'Amita Guha Roy 


 Notre chemin du yoga intégral est une aventure dont le territoire a été défriché par Sri Aurobindo et Mère. 

A quelle aventure nous convient-ils ?

A celle du Devenir évolutif, à celle de l'incarnation charnelle et matérielle de la Joie et de la Paix, de la Vérité et de l'Amour. 

La vie est un immense fleuve avec une multitude de courants si bien qu'on n'en voit pas bien le sens. Bien sûr, les sciences nous permettent de savoir qu'il y a une évolution du vivant et de l'univers. Elles nous apprennent que le scandale évolutif n'est pas d'abord que nous ayons des ancêtres communs avec toutes les autres formes de vie ; le scandale de l'évolution est que nous ne sommes ni son aboutissement ultime ni surtout pas le sommet de l'évolution. Notre conscience mentale n'est certainement pas le sommet de l'évolution de la conscience : ces derniers temps, sur cette terre, notre arrogance mentale ne nous mène qu'à plus de confusions. Nous invitant à plus de modestie mentale, Sri Aurobindo nous permet de saisir un horizon ensoleillé par delà la crise évolutive que notre terre traverse. Il nous invite à découvrir intérieurement que le Devenir a un flux principal, la Mère divine. Le chemin est de relier tous les courants en nous à ce flux, la force conscience de Mère. Grâce à Sri Aurobindo, avançant sur le chemin, nous découvrons concrètement en quel sens douce Mère, celle à qui il confia son ashram est une incarnation de la Mère divine, l'intelligence du Devenir de l'univers.

Le Devenir évolutif est l'incarnation matérielle de la Joie Divine dans son intensité illimitée. Derrière toutes les dérives du courant principal du Devenir, il y a un mensonge qui travestit la Joie Divine en souffrances, en douleurs. Oui, il s'agit de discerner qui nous alimentons, la perpétuation du mensonge ou le Divin en nous ?



Douce Mère, elle, nous permet de mieux comprendre qui est Sri Aurobindo et quelle est son action. 

Du point de vue du chemin évolutif, elle nous indique deux pouvoirs spirituels nécessaires pour servir la manifestation de la conscience de Vérité et mettre fin aux travestissements du mensonge. Il y a, bien sûr, d'une part, le pouvoir d'action que génère l'offrande progressive de soi à la Mère Divine, car ne rêvons pas ! une telle offrande ne peut être que progressive. Ensuite, d'autre part, il y a la nécessaire acquisition d'une égalité intérieure à toute épreuve. Un tel pouvoir ne peut pas être obtenu par notre effort seul. C'est la Paix du Seigneur à laquelle il faut nous ouvrir et qu'il s'agit de laisser imprégner notre individualité. 

Notre Mère divine, le Devenir est inséparable du Seigneur, l'Être. Douce Mère commence par nous amener aux pieds du Seigneur. Elle nous invite au milieu du chaos apparent du Devenir à trouver la Paix du Seigneur, à nous laisser transformer par Son regard éternel qui, seul, en révèle l'Harmonie. Et relisant Sri Aurobindo, avec Mère, nous comprenons de plus en plus qu'il incarne lui-même le Seigneur, ce regard harmonieux de l'Éternel sur Lui-même, qui lumineusement surgit des ténèbres lumineuses de la Paix en laquelle il s'enveloppe.  

Nous observons d'ailleurs les premiers fruits de cette action transformatrice. Tout autour de nous, nous voyons, en effet, la soif spirituelle de paix grandir. Retour à la nature, méditation, relaxation, aspiration au silence, etc. sont entrés dans nos vies sociales à pas feutrés. 

Mais cette Paix encore engoncée dans ses ténèbres lumineuses ne donne pas bien sens au Devenir. Eclairés par Mère, Sri Aurobindo se révèle, pour nous, cette présence vivante du Seigneur, cette émanation du Suprême, qui nous initie à Son regard innombrable au-delà de la conscience mentale. Sri Aurobindo, émanant du Suprême, nous fait entrer dans l'Harmonie consciente du Devenir.

Pour nous, Sri Aurobindo et Mère ne sont pas simplement des enseignants spirituels, ce sont des forces, des actions du Seigneur suprême et de la Mère divine, à l'origine de toutes choses. Leur grâce et leur Amour nous précipitent dans une transformation évolutive amenant Paix et Joie, Vérité et Harmonie sur la terre.

En vivant ensemble, nous voulons participer à incarner cette Harmonie nouvelle à laquelle Mère et Sri Aurobindo travaillent. 


Œuvre de Niranjan et Amita Guha Roy 




vendredi 28 novembre 2025

Aspiration pure

Soyons co-créateurs, dit-on.

Co-créateur est un mot doux pour l'individualité. Car l'individualité est précieuse : c'est l'enfant de l'Amour créateur. 

Au fond de nous, de cette individualité de ce qu'elle est en vérité, il y a l'aspiration simple d'être un instrument du jeu créateur de la Mère et du Seigneur. L'aspiration la plus pure y est sans objet, une page blanche.

Oui qu'il n'y ait rien que Toi Seigneur par la grâce de Mère !




mercredi 26 novembre 2025

Vers le regard innombrable

 



Aujourd'hui, en enseignant la maïeutique de Socrate qui affirme n'avoir aucun savoir mental mais juge la qualité de l'accouchement d'une âme, un pressentiment de ce regard innombrable a surgi. 


La carte du chemin qui comprend la psychisation, de la spiritualisation et de la supramentalisation s'est précisée intuitivement.


Il est apparu qu'une âme est une conscience paradoxalement singulière et grosse d'un être universel. Elle est singulière, irréductible à un point de vue mental ĝénéral. Elle est singularité indicible non séparée, elle est, dans son émergence, prise de conscience d'une communion des âmes en leur engendrement en l'Un. Une âme  accouchée de plus en plus parfaiement verra de mieux en mieux les âmes tout en communiant avec elles. La monade spirituelle de l'âme accédera à la présence des autres monades spirituelles. Elle verra de plus en plus, en chaque âme, la goutte divine. Dans sa plénitude d'être et de devenir, elle vivra ce regard Un et innombrable de la fragmentation amoureuse du Divin jusque dans l'atome, chaque atome étant une goutte du Divin. Par sa chair indissociable du monde, la monade spirituelle et charnelle de l'âme transformée par l'action de la Mahashakti et les décrets du Suprême incarnera ce regard innombrable en un corps. Cela passera d'un pressentiment à un être incarné doté de ce regard innombrable. Ce regard sera la vision omnipotente d'une matière qui pourra prendre dès lors la forme que cette vision lui intime. 


Serge




Spiritualisation et Amour

 Sur le chemin en compagnie d'Adhya Shakti JoieJoli,


Qui sommes-nous ? de quoi résultons-nous et qu'est-ce que nous devenons ?

Le jeu d'Amour de Mahashakti et du Suprême est la clé de ce que nous sommes.

Notre âme résulte de ce jeu d'amour : une goutte de Suprême, notre Père, entourée de la substance de Mahashakti, notre Mère divine.

La vérité de notre devenir ? Non pas un désir pulsionnel, mais plutôt une plénitude d'aspiration de notre âme, et surtout d'abord le jeu de la Paix et de la Joie. 

La Paix infinie du Suprême est diffusée par Joie débordante de Mahashakti et a lieu l'émergence de toujours plus de Joie grâce à la réceptivité de la Paix.

Et dès lors, partout et sur tous les plans, Sat Chit Ananda en formes sculptées, en gestes de formes.

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Le Soi est la conscience infinie au-delà de l'ego. La conscience infinie est la condition de possibilité d'une conscience réfléchie d'un ego.

Le Soi est d'abord ténèbres lumineuses lorsqu'il illumine consciemment l'ego et le champ de perception du monde.

Deux aspects du coeur du Soi peuvent émerger : 

- l'âme, notre personne vraie en croissance en amont de l'ego en périphérie du Soi ;

- le jîvâtman, notre Moi absolu.

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Le jîvâtman est la conscience de la monade que nous sommes, la conscience du microcosme enveloppant dans son devenir le macrocosme. 

Nous étions conscient du Soi océan dans lequel nous étions une goutte. 

Prenant conscience en Soi, le Jîvâtman fait constater : 

L'océan du tout est dans la goutte.

Et cette prise de Conscience du jîvâtman est spiritualisation véritable au-delà de la psychisation, la prise de conscience d'une âme au cœur du Soi.

La prise de Conscience du jîvâtman est celle d'un Moi monadique. C'est un Moi absolu, éternel en son fond, surplombant et enveloppant le Devenir du tout dans la transformation de sa monade. L'âme en est une expression.

Sur ce chemin de prise de conscience du Moi monadique,

Soudain, il y a seulement Moi !

Et merveille, tellement de Toi.s !

Joie de l'Amour !

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Qu'est-ce qu'est en train de devenir ce monde ?

De la matière Joie Consciente.

Rien que le rebord de cette tasse en verre dit déjà le cercle de l'Amour Divin différencié dans son unité.

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Comment va-t-on vers l'expérience de ce devenir matière Joie Consciente ?

Par aspiration et Conscience force.

La Conscience force est la dynamique évolutive du jeu d'Amour entre le Suprême et Mahashakti.

Elle est  l'action de Mahashakti, Mère au service du Suprême ; elle descend du dessus de la tête dans ce corps et à travers ce corps. 

L'aspiration n'est pas un désir. On ne désire que pour soi moi-je ou en fonction de soi moi-je. L'aspiration est celle du Soi avec une âme : c'est le divin en nous, le Moi, qui aspire au divin en tout. L'aspiration est un paradoxe de joie plénitude et de soif inextinguible, plénitude du Divin et soif inextinguible du Divin.

L'aspiration pure de l'âme s'avère aussi aspiration du jîvâtman, du Moi au-dessus de la tête, et en parallèle l'aspiration s'étend dans le vital vrai au niveau du ventre puis dans le vital inférieur vrai au niveau du pubis.

L'aspiration en grandissant et se purifiant au lieu d'être centrée sur la croissance et la libération de cette seule âme dans ce seul corps devient une aspiration consciente du jîvâtman pour toutes les âmes et toute la vie matérielle terrestre. 

La transformation ici devient inséparable et indiscernable de la transformation là-bas. C'est un même tissu. La joie et la paix en se frayant un passage dans la transformation d'ici, transforment là-bas.

La Conscience force descend dans le muladhara, le centre au niveau du périnée, dans les jambes, jusqu'en dessous des pieds.

La Joie devient de plus en plus consciente dans les cellules elles-mêmes.

A un moment, l'aspiration la plus pure, et non une imagination, émerge aussi dans les cellules.

La conscience force abreuve cellules et objets soi-disant inanimés, mais pleinement conscients en fait, conscience transformée avec les cellules tansformées en contact.

La matière Joie est la matérialisation en cours du jeu d'Amour du Suprême et de Mahashakti.

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samedi 22 novembre 2025

A propos de la prise de conscience de l'être psychique par lui-même

 


Bonjour,


Je suis heureux de ce moment partagé à venir.

Je n'ai pas de recette pour faciliter la croissance de l'aspiration et par là l'émergence du psychique avec le processus de psychisation.

Car cet ensemble met en jeu la constitution de la personne vraie, qui est unique pour chacun.

Quand c'est l'heure de la psychisation, Mère crée des circonstances extérieures qui font écho aux difficultés internes qui font obstacle. 

Ainsi les circonstances suscitées par Mère favorisent en nous la réponse la plus favorable à notre croissance.

Amita, étant elle un instrument de Mère, elle concentre assurèment de telles circonstances. Moi, je ne suis souvent encore qu'un piètre serviteur de Mère et Sri Aurobindo, mais il y a du progrès.

Il n'y a pas de différence entre vie spirituelle et vie mondaine : on comprend que les forces de conscience incarnées par Mère et Sri Aurobindo ont la main sur toutes les circonstances y compris dans les détails ! All life is yoga, dit Sri Aurobindo au début de la Synthèse des yogas. Certains ne le sentent pas, nous nous commençons à le ressentir.

Mais il y a aussi des éléments de personnalité qui sont à l'avant-garde de l'influence psychique. A un certain stade, je n'avais pas clairement conscience de cela. Je ne discernais pas bien les désirs de l'ego spirituel et la présence de l'aspiration psychique sur des aspects personnels. Développer la capacité de cette distinction entre le désir égoïque, le désir spirituel et, d'autre part, l'aspiration psychique est une expérience décisive vers la prise de Conscience de la flamme psychique.

C'est cette alliance entre l'action de Mère et nos éléments influencés psychiquement qui vont former des éléments nouveaux de personnalité qui manquaient à l'émergence.

Pour moi, il y avait un fou amoureux du Divin qui dans une vie passée avait déjà ouvert la porte entre la surface et le psychique. Cette personnalité psychisée s'est re-découverte. 

La dévotion peut se faire discrète dans le centre du cœur, c'est un enfoncement à l'intérieur et pas forcément avec une extériorisation en même temps. L'amour dévotionnel va s'enfoncer. Et la porte vers la caverne secrète du cœur où brûle la flamme va s'ouvrir de plus en plus souvent.


Et selon Sri Aurobindo, va avoir lieu un basculement : l'amour que j'ai pour le Divin devient l'amour du Divin lui-même pour le Divin. L'enfant du Divin est par SA NATURE MÊME un être dévotionnel. 

Plus la dévotion devient naturelle, plus on se rapproche donc du basculement. 


On n'est plus en train de tendre vers la flamme psychique, c'est elle désormais qui se répand à travers nous et prend les rênes. 

Et c'est toujours elle qui a mené le jeu, car sa dynamique a toujours été celle de Mère.

Même si un reste d'ego demeure, c'est un saut majeur.  


Fraternellement, enfants divins de notre douce Mère et du Seigneur,


Serge




samedi 15 novembre 2025

De la psychisation à la spiritualisation



 Le supramental agit constamment et  aujourd'hui l'émergence psychique est accélérée par son action. Le travail de la force-conscience est le premier contact spirituel avec Mère, notre Mahashakti. La réalisation spirituelle du Soi sur le plan mental est une base solide à la rencontre du psychique caché à l'arrière du cœur. C'est vivre le Soi avec une âme.  

Mais le chemin demeure qui va de la psychisation, d'un Soi enfin pleinement vécu avec une âme, à la spiritualisation pour aboutir à la supramentalisation. 

Même si, à l'évidence, ces processus s'enchâssent dans l'absolu, admettons que nous n'en sommes pas bien conscient, et qu'il y a un ordre de réalisations même si les expériences ne suivent en rien cet ordre. D'ailleurs, pourquoi, dans ses Lettres sur le yogaSri Aurobindo insiste sur des distinctions entre ces processus ? sinon pour qu'ils se réalisent clairement et distinctement sans rien omettre dans un seul et même processus de divinisation :

La transmutation psychique de l'être et sa spiritualisation sont deux choses différentes. La transformation spirituelle est celle qui descend d'en haut, la transformation psychique est celle qui vient du dedans, par la domination du psychique sur le mental, le vital et le physique.

Dans ses Lettres sur le yoga, Sri Aurobindo prend un autre vocabulaire pour dire ces étapes :

Les réalisations fondamentales de notre yoga sont:

1. La transformation psychique, afin qu'une dévotion complète devienne le mobile principal du cœur et régisse la pensée, la vie et l'action, en union constante avec la Mère et en sa Présence.

2. La descente de la Paix, du Pouvoir, de la Lumière, etc., de la Conscience supérieure, d'abord dans la tête et le cœur, puis dans l'être tout entier, emplissant jusqu'aux cellules du corps.

3. La perception de l'Un et du Divin infiniment partout, de la Mère partout, et le fait de vivre dans cette conscience infinie.

Ainsi nous devenons conscient de notre être psychique, il émerge en avant et sa direction se substitue à celle de l'ego. Un corps intérieur subtil commence à se former pour ce psychique. Des expériences sporadiques de conscience du supramental sont même possibles. 

Puis commence à proprement parler la spiritualisation. Les mots comme toujours sont insuffisants tant que pour celui qui les lit, ils ne pointent pas une réalité existante en dehors du mental. Il faudrait une infinité d'angles mentaux et encore ferait-on le tour d'une réalité au moins surmentale ?

Mais si nous avons pris pour guide Sri Aurobindo et Mère, ne faut-il pas prendre au sérieux les cartes mentales du territoire spirituel qu'ils nous ont laissés ? Ne devons-nous pas entendre leurs disciples comme Satprem ou Niranjan à la lumière des cartes qu'ils ont dressées, eux, les pionniers qui voyaient le futur vivant en eux ?

Mère, dans des textes de l'Anthogie Le moi multiple, p.141-151, dit qu'il faut d'abord s'individuer. L'ego est insuffisant car il est une foule amorphe et non harmonieuse de personnalités. Et cette individuation réussie, il faut l'offrir au Divin, dit-elle. Et c'est là un pré-requis au stade de la spiritualisation. Ainsi quand la psychisation s'achève, il y a un mouvement naturel de l'âme vers le Divin, mais c'est alors le mouvement du Divin à travers l'âme qui prédomine. L'âme est comme ouverte à tous les vents divins qui enfin soufflent comme ils veulent. Il n'y a plus d'effort de l'ego. "L'effort fut une aide, l'effort est l'entrave", nous dit Sri Aurobindo dans ses Aphorismes et pensées.

La pleine psychisation suppose une maîtrise psychique qui va du mental supérieur au vital inférieur. La spiritualisation débute pleinement avec la fin des troubles importants liés à l'être double, c'est-à-dire avec la cessation des perturbations fortes liées au va-et-vient entre être de surface et être psychique. L'équanimité et surtout l'égalité commencent à devenir imperturbable.

Dès lors, avec la spiritualisation, c'est la fin de toute possibilité d'attaque hostile sérieuse à/de l'intérieur. Il est devenu impossible d'y consentir et de les laisser s'insinuer en nous. Et si des attaques extérieures restent possibles, la moindre peur parait devenue injustifiable, elle n'est qu'une imperfection qui s'offre au Divin. La peur peut cohabiter avec la psychisation, mais elle deviendra impossible avec la spiritualisation, car c'est le Divin qui agit en tout et derrière chacune de nos actions, ainsi que derrière chacun des événements et des circonstances. L'égalité tend à une perfection : ce corps peut être écrasé, détruit, elle demeurera. Si c'est ce que le Divin veut, alors ce sera, même si le corps crie de douleur. 

D'ailleurs, si vraiment cela se passe comme douce Mère l'indique, la supramentalisation suppose un état comme le chat de Schrödinger, un corps à la fois du côté des morts et du côté des vivants. Et d'ailleurs, si la carte de Mère est bonne, la conscience physique va s'étendre physiquement dans tous les corps : nous serons bien en train d'être écrasé, détruit, en train d'agoniser, de mourir, etc.

La transformation typique de la spiritualisation est donc nécessaire, semble-t-il, à la supramentalisation consciente.

Dans la spiritualisation, le fait d'être mis au pied du Suprême par Mère change même le ressenti de ce qui passe face à une adversité extérieure. Si une action de Mère doit se manifester, rien ne peut plus dès lors l'empêcher. En spiritualisation, les actions adverses en apparence sont des pions dans son jeu car elle joue avec Elle-même et sourit de notre ignorance ! Tout est un jeu du Seigneur et Mère ne fait que suivre ses décrets amoureusement. De leurs serviteurs encore hésitants, nous devenons peu à peu leurs instruments. Elle fait de nous des pages blanches, ouvertes par la paix du Suprême, sur lesquelles elle n'est empêchée de rien d'appliquer les décrets du Suprême.

Niranjan Guha Roy décrit dans un poème un élément central de cette spiritualisation, la fin d'une cavité du cœur qui abrite la croissance psychique. Les murs autour du psychique sont littéralement tombés. Comme si la matrice individuelle où avait grandi jusque là le psychique était une coquille inutile.

Chaque être dans la manifestation est le Seigneur Lui-même
Qui a pris telle allure, tel rôle
Pour goûter la félicité de l’Existence.

Ma maison est petite
Mais mon cœur est grand comme l’univers, même plus.
Je reçois tous les êtres qui passent sur la scène,
Jouent un rôle et disparaissent dans le fond du temps.

Ma maison est petite
Mais mon cœur est plus grand que l’univers
Qui reçoit tous les êtres quels qu’ils soient,
Car chacun est mon Seigneur
Qui déguisé ou portant des robes flamboyantes
Mais au-dedans c’est toujours mon Seigneur,
Félicité incarnée, toujours le même quel que soit
Son rôle, sa robe, son action, son visage et son corps.

Sois le bienvenu
Dans mon cœur sans murs ni frontières,
Sois le bienvenu.

Ma maison est petite,
Comme je voudrais tout le monde chez moi !
Mais ce n’est pas possible,
Comment loger ces acteurs incalculables
Et différents les uns des autres,
Chacun jouant le rôle de son choix.

Mais mon Seigneur bienvenu,
Tu transperces tous les déguisements
Pour lancer un sourire bienveillant à mon âme enchantée.

Ma maison est petite
Mais mon cœur est plus grand que l’univers.

Je ne peux pas loger tout le monde,
Les acteurs incalculables, Tes formes énigmatiques,
Toujours plus différentes, plus fascinantes

Ma maison est petite
Mais mon cœur est grand, plus grand que l’univers.

Je ne peux pas les loger tous chez moi,
Alors j’ai pris une toile, des brosses et des couleurs,
J’ai dessiné Ton visage souriant qui me plait
Et j’ai installé la toile sur l’autel dans ma petite maison,
Ainsi Tu es présent toujours chez moi.
Toutes les formes incalculables,
Tous les drames sont comprimés
Dans un sourire ravissant, et des yeux profonds
Par où on peut plonger dans l’éternité sans forme
Et presque toucher le corps merveilleux de Ton Mystère.

Pourtant, Tu es là, sur mon autel dans un tableau
Avec un sourire qui me ravit à chaque instant.
Chaque fois que je vois Ton visage mobile,
Aux mille et mille nuances,
Chacune me rappelle Ta douceur, Ta gentillesse,
Ta noblesse, Ton amour sans borne,
Les épopées interminables séduisantes.

Mon cœur ne se fatigue jamais.
Tu l’as rempli de Ta douceur souriante,
Apaisante de l’Eternité.

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Niranjan Guha Roy - 2005


 En spiritualisation, les forces universelles divines vont et viennent. Car la personnalité du psychique elle-même est de plus en plus fondamentalement comme une page blanche où Mère et le Suprême agissent à leur guise. 

L'ego s'évanouit de plus en plus souvent, y compris à l'état de veille, y compris dans l'action et l'interaction. 

Son bavardage intérieur est remplacé par un silence compact, dense, un vide de conscience plein de présence divine sans aucune impression de retrait en soi.

Et lors des premiers temps de la spiritualisation, voici l'ego mimant la spiritualité, à son affaire spirituelle et l'œil de la conscience en arrière-plan montre Mère au-dessus de la tête attendant patiemment qu'il abandonne ses affaires pour fondre d'intensité dans ce corps : enfin, l'ego est démasqué, son action séparatrice devenue parfaitement inefficace. L'ego non transformé, non encore offert à Mère, est devenu un fantôme qui hante le corps et brouille la soumission naturelle de l'âme qui ne peut offrir ce corps totalement à la transformation. Mais vu dans son activité séparatrice y compris au plan spirituel, l'offrande devient possible malgré lui.

La spiritualisation est le processus d'offrande du corps à la transformation, l'âme enfin contient le corps et n'est plus une flamme d'un pouce en arrière-plan du cœur. L'ego séparateur dans ses fragments complexes est systématiquement ce qui empêche l'offrande. Un premier degré de réalisation du Soi décolle l'ego du fond de la Conscience, il devient périphérique. La psychisation fait des fragments de personnalités de l'ego une personne vraie : Un Soi avec une âme. L'ego devient second. L'abolition de l'ego tant au niveau du vital et du corps est seule possible dans la spiritualisation : c'est le Divin lui-même dans sa conscience d'action cosmique qui se vit, on est ici, on est là-bas.

Les vers suivants de Niranjan sont donc à entendre, quand on y parviendra, au sens littéral :

Ma maison est petite
Mais mon cœur est grand comme l’univers, même plus.
Je reçois tous les êtres qui passent sur la scène,
Jouent un rôle et disparaissent dans le fond du temps.

 C'est bien dans ce qui était avant un cœur avec des murs subtils, où la flamme psychique brûlait que désormais sans murs, sans coquille, tous les êtres défilent, vivent, causent, sont pris en charge par le Divin en personne. Le corps et le cœur sont désormais au sein de l'aspiration psychique, d'une flamme qui va au-dessus de la tête et qui là se distingue de moins en moins de l'action de Mère et des décrets du Suprême.

La spiritualité n'est plus une affaire personnelle, même celle d'une âme et de son véhicule ; le progrès ici est celui de tous ou de personne ; le progrès de tous est le progrès d'ici ; le progrès n'est plus celui de celui-ci ou celui-là, il est le progrès de Mère dans la manifestation de la communion de nous tous Ses enfants.

Ce qu'il reste de l'ego, quand il est offert et transformé, est de plus en plus souvent une onde dansante de dévotion émanant de l'âme, émanant de l'amour du divin avec lui-même dans ses formes sculptées, ses gestes en formes.


Tes enfants, Mère. 




Les interviews d'Amita Guha Roy sur la chaîne Mère divine