mardi 3 juin 2025

Le processus de démentalisation selon Satprem

 

Œuvre de Niranjan Guha Roy 

Il n’y a pas de doute que les forces sont à l’œuvre pour détruire le mental humain ou, comme disait Mère, « démentaliser » les hommes. Et le plus étrange (ou le plus ironique) est que la Science, ce triomphe du cerveau humain, soit l’agent premier de cette autodestruction de l’intelligence collective. C’est un phénomène évolutif comparable à la disparition des branchies ou des nageoires chez les poissons. C’est l’organe central qui est atteint. C’est-à-dire que le mental humain, dont la fonction centrale était l’observation et le discernement – nos nageoires dans le monde – est en train d’être systématiquement et on pourrait dire scientifiquement obnubilé et brouillé, détraqué sous une avalanche monstrueuse de « renseignements », d’« informations », de « découvertes », d’ « idées » toutes plus merveilleuses les unes que les autres et de slogans tous plus insidieux les uns que les autres qui s’annulent mutuellement et s’embrouillent mutuellement dans le tintamarre hautement répercuté et hypnotisant des moyens journalistiques, radiophoniques, vidéophoniques, microphoniques qui dévastent autant de consciences qu’ils dévastent de forêts. Les dernières découvertes de l’astrophysique, de la biologie, de la paléontologie se mêlent aux dernières découvertes de la spiritualité, des sectes, des yogis et des guérisseurs – tout est « découvert » et rien n’est guéri ni compris. Toutes les théories se valent et toutes les idées se valent, et plus rien ne vaut et plus personne ne sait la direction ni le sens. Les humains sont en train de perdre leurs nageoires humaines et roulent dans la boue sous la poussée des mille courants qu’ils ne savent plus maîtriser ni comprendre – ils ont tout compris et ils ne comprennent plus rien. Ils sont moins bien dotés d’intelligence et d’esprit d’observation que l’homme de Neandertal qui, au moins, savait retrouver son chemin dans la grande forêt primitive. Il n’y a plus de chemin, il y a des millions de chemins et tous se valent et sont également nuls – également vrais, également faux. Il n’y a plus de vérité : tout est suspect… Il n’y a plus d’Église, il y a mille Églises; il n’y a plus de Kremlin méchant et de Maison Blanche vertueuse – les vertus sont devenues méchantes, et quelquefois les méchancetés ont des vertus. C’est-à-dire la boue complète dans les ex-esprits humains. La « catastrophe » ne sera pas nucléaire : elle est déjà, et c’est une catastrophe mentale. Ils n’ont même plus assez d’intelligence pour s’apercevoir de leur catastrophe et ils continuent d’inventer de super-moyens et de super-slogans pour masquer leur déficience fondamentale – on n’a jamais autant écrit de millions de livres pour des esprits nuls (à moins que ce ne soit pour annuler les esprits), on n’a jamais eu autant de millions de renseignements pour désenseigner les intelligences.

Quand une espèce perd son organe central, c’est qu’elle doit en inventer un autre, ou mourir, ou céder la place à l’espèce qui saura inventer l’autre organe… Non, le temps n’est plus d’« expliquer » aux hommes – ils n’entendront rien -, c’est le temps de FAIRE.

Il faut développer l’autre organe.


Satprem


Œuvre de Niranjan Guha Roy 


vendredi 23 mai 2025

Donnez ses ombres selon Mère

A Motherland, l'œuvre de Niranjan et Amita Guha Roy 


" N'essayez pas d'être vertueux. Voyez à quel point vous êtes uni, UN avec tout ce qui est anti-divin, prenez votre part du fardeau, acceptez d'être, vous-même, impur et mensonger, et, comme cela, vous pourrez prendre l'Ombre et la donner. Et dans la mesure où vous êtes capable de la prendre et de la donner, alors les choses changeront.

N'essayez pas d'être parmi les purs. Acceptez d'être avec ceux qui sont dans l'obscurité, et dans un amour total, donnez tout ça."


L'agenda de Mère, volume 3 - 21 janvier 1962.


Mon commentaire :

Vivre sincèrement et tranquillement avec nos imperfections sans les justifier, sans les ignorer, sans les nier,  telle est notre aspiration la plus profonde même si nous l'ignorons encore. Vivre avec ces imperfections le sourire de Mère bien ancré dans le feu du cœur,  tel est le pas à gagner. 

Car notre ego spirituel maquille volontiers, il sert les forces de l'ombre en garantissant notre mauvaise foi. Car d'un autre côté son ambition nourrit notre désir d'être vertueux.

Pourtant nous n'avons pas de vertu, il n'y a pas de vertu humaine parfaite, il n'y a que des pouvoirs de Mère qui nous transforment que nous le sachions ou pas. 



La sincérité ressemble ici à une vertu indispensable, mais elle est seulement un pouvoir réel quand nos imperfections sont enfin vues avec le sourire de Mère dans le feu psychique de notre cœur. La vertu de sincérité est une influence encore imparfaite du pouvoir souriant de Mère en nous devant la tâche de transformation nécessaire.

Amita Guha Roy m'a confié qu'elle et son compagnon Niranjan n'avaient pas reçu un certificat de Mère reconnaissant la valeur de leur production comme d'autres disciples en recevaient. 

Niranjan avait protesté auprès de Mère. Des rumeurs disaient que Niranjan, ce disciple de l'ashram depuis 1946 avait été dévoyé par Amita, cette franco-espagnole arrivée de Paris dans les années 1960. Mère les avait pourtant confirmés dans leur sadhana commune. 

Mère, devant la demande de Niranjan, leur donna un de ses certificats. 

Amita et Niranjan ressentirent de la honte paradoxalement en le recevant : c'était le certificat de leur ego spirituel.

Vivre dans l'ashram risquait parfois de produire un ego spirituel se glorifiant des attentions humaines reçues de Mère incarnée. L'ego spirituel seul cherche une reconnaissance de ses vertus alors qu'elles ne manifestent pourtant qu'imparfaitement des pouvoirs de Mère en arrière-plan.

La sadhana consiste à évoluer dans l'offrande de soi à l'action universelle et cosmique de Mère plutôt que d'adorer extérieurement une incarnation de Mère ou un guru au service de Mère. 

Chercher à obtenir une reconnaissance extérieure de sa sadhana signe la persistance d'un ego spirituel qui ne s'offre pas au Devenir évolutif.

Alors ne rêvons pas d'être pur, ne brandissons pas nos vertus pour en obtenir de la reconnaissance, hatons-nous de nous précipiter dans le flux d'Amour qui embrasse dans son Devenir toutes les formes de vie. Ce flux seul transforme les imperfections avec ses personnalités divines et ses pouvoirs agissant en nous et autour de nous. 

Nos idées de la perfection sont trop humaines, laissons-nous conduire par Mère. Elle-seule a les clés de la perfection que notre conscience actuelle ne peut envisager qu'imparfaitement. 

Abandonnons-nous à l'Amour de Mère, soumettons notre volonté au Suprême.

Fraternellement,

Serge


Mère que Ta grâce nous amène à Te laisser tout faire.

Mère mène nous au pied du Suprême là où Tu te tiens Toi-même faisant incessamment sa Volonté.

Om Sri Aurobindo Om douce Mère 

Om Namo Bhagavaté 


Au pied de l'aurore de la lumière de Vérité - une œuvre de Niranjan Guha Roy 

Motherland, un lieu dédié à Mère et Sri Aurobindo

Voici quelques photos de Motherland, le temple de Niranjan et Amita Guha Roy dédié à Mère et Sri Aurobindo. 

Niranjan a quitté son corps en 2005, Amita a 85 ans. Ce temple est à Baden en Bretagne. Ce sont deux disciples de l'ashram : Niranjan y a été admis en 1945, Amita dans les années 1960.




Mon amitié spirituelle avec Amita a commencé en 2012. Ce lieu Motherland est pour moi une grâce de Mère.














 

Mère, c'est pour moi le grand fleuve de la vie. Nous sommes embarqué que nous le voulions ou non. La sadhana, c'est juste que Cela nous plonge dans le flux principal de ce grand fleuve. Et bien sûr nous sommes souvent déporté vers des flux secondaires et certains nous mettent sur le bord, nous enferment dans des marécages intérieurs. Mais la grâce du fleuve de la vie est qu'il enfle parfois, ses eaux vives recouvrent nos marécages et nous en sortent. Car toujours le flux premier de ce fleuve de la vie, Mahashakti, commande le Devenir.

Mère fait tout. Peu à peu, l'individuation de Mère en nous, notre âme et sa psychisation, nous amène à percevoir de mieux en mieux ce grand fleuve de la vie comme Mère, elle-même. 

Que ce soit Mère qui fasse tout, ce sont alors des faits évidents qui nous le montrent.


Fraternellement


Serge

jeudi 8 mai 2025

Pourquoi toute civilisation humaine des pulsions échouera désormais ?

 

Bramachari - Œuvre de Niranjan Guha Roy


 Une certaine spiritualité prétend qu'être libre du désir, ce n'est pas forcément être sans désir. 


En fait, pour mon cas, la lecture de la Vie divine de Sri Aurobindo éclairée par le commentaire de Kireet Joshi, m'a révélé qu'il y avait deux racines à nos désirs égoïques : d'une part, l'aspiration au beau, vrai, bien, l'aspiration au plus parfait et, d'autre part, les pulsions de libido, d'appropriation et de reconnaissance. 

Ce discernement est une grâce. 


Notre civilisation humaine des pulsions, nos cultures humaines des pulsions avec la morale, les mœurs ne nous permettent pas d'être conscient de ce qui nous détermine à travers elles.


 Pour ceux qui sont destinés à ce chemin défriché par Sri Aurobindo et Mère,  consciemment en cette vie, l'aspiration s'avèrera le fait d'un feu psychique 🔥 en croissance, qui seul a le pouvoir de transformer nos fonctionnements pulsionnels. Ce feu sans fumée dont parle la Katha Upanishad, Lui seul, éclaire ce qui enferme dans nos fonctionnements pulsionnels même civilisés. Et ce qu'il voit d'enfer-me-ment, par expérience, peut alors être transformé par La Mère, la dynamique évolutive première. La Mère est sa Mère, elle est le tissu substantiel de cet être, source de notre aspiration au meilleur, au parfait. Le défaut peut commencer à être perçu avec son sourire. Et c'est Elle seule, notre Mère divine, qui le prendra à bras le corps.


On peut avoir une certaine idée mentale d'un défaut et d'une perfection possible, mais cette idée est vague, fantomatique. Même si elle nous hante, elle ne sera pas un levier de transformation. Un être fantomatique ne peut pas bouger grand chose.

La réalité profonde de l'être de l'aspiration, notre âme véritable, engendrée par Mère, n'est pas liée par notre individualisation pulsionnelle. Elle n'a pas de libido, elle est insexuée. Alors quand elle vient suffisamment en avant, par la croissance de son aspiration en nous et à travers nous, l'ensorcellement d'un échange amoureux sexuel et toutes les compensations fruit des frustrations de cet échange perd du sens. Un ego ne peut pas se réaliser insexué. 


La famille humaine reste le fruit de ces échanges. Elle me fait dire ma femme, mon mari, mon ex-femme, mon ex-mari, le co-parent de nos enfants. Elle me fait dire mon père, ma mère, mon frère, ma sœur. Mais sur un autre plan, il n'y a que des enfants de Mère, des êtres engendrés par elle derrière tous nos masques humains. Nos masques familiaux s'avèrent bien collant et il est difficile de s'aimer par-delà.  

On peut étendre cela aux relations davantage liées à l'appropriation : mes collègues de travail, mes collaborateurs, mes co-investisseurs, etc. Sur le plan de relations davantage liées à la reconnaissance, il y a aussi mes concitoyens, mes coreligionnaires, etc. Nos sociétés permettent d'arracher ces masques-là peut-être plus facilement.

Alors vraiment la civilisation humaine des pulsions, nos cultures des pulsions  encore tant animales, avec l'émergence du discernement du sens de l'aspiration authentique, commence à devenir inconsistante.


Si la force de conscience transformatrice et évolutive est ainsi en action, on comprend qu'en surface, au niveau du vécu mental des désirs, tout s'affole. Les genres, les orientations sexuelles, les valeurs familiales, les entreprises, les administrations, les politiques, etc. tout cela va en tout sens. La vielle civilisation des pulsions ne plus parvenir à trouver d'équilibre. 

Et heureusement, car c'est le temps de l'aspiration, c'est le temps des âmes vraies, le temps des enfants de Douce Mère, c'est le temps du surhomme. 


Seuls des pionniers du dépassement du vieil homme aideront à faire co-évoluer l'humanité vers un équilibre. L'humain doit se défaire de l'arrogance de se croire capable de civiliser des pulsions en promouvant telle ou telle culture mentale. La civilisation humaine s'illusionne encore capable de contrôler les forces et énergies vitales, alors que désormais elle ne trouvera un équilibre qu'en laissant opérer sur elle le rayonnement coévoluteur des pionniers surhumains. 


Fraternellement,


Serge


âme de beauté - Œuvre de Niranjan Guha Roy


PS : il est vrai que les forces vitales liées à la sexualité sèment beaucoup de méfaits. 

Parmi les 3 serpents enlacés qui barrent au niveau du subconscient la descente dans l'inconscient du corps, celui lié à la sexualité paraît difficile, sinon impossible, à domestiquer du point de vue de l'ego.

Nos échanges à buts sexuels ou mettant en jeu un contrôle sur autrui par son échange énergétique attirent nombre d'insincérités. Au sein des couples humains, il y a toujours des attentes vis-à-vis de l'autre et beaucoup des gestes faits pour l'autre ont une arrière-pensée en lien avec ces attentes sexuelles. Certaines personnes vont jouer avec ces attentes, pour mieux tirer des avantages de l'autre. L'ombre du mensonge est alors fortement prégnante. Pire encore, on peut enrober illusoirement la pulsion sexuelle, qui sert la perpétuation de l'espèce, d'autres fonctions : partant de nos attentes, on suggère à l'autre qu'il trouvera là satisfaction à d'autres attentes qu'il a fortement. Cela va ainsi de la prostitution en vue d'appropriations à la promesse d'un éveil spirituel par une relation sexuelle ! 

Dans l'expérience de la vacuité du Soi, l'expérience de la relation sexuelle peut certes être le passage naturel d'un plaisir en mouvement de l'ego à un plaisir d'Être le Soi. Mais ce plaisir en repos, cette paix du Soi est alors coupée en grande part d'une conscience du Devenir Divin.
Toutefois, dans les milieux spirituels où on a prétendu en être pur en promouvant un célibat consacré au seul service du Divin, les déconvenues n'en restent pas moins fort nombreuses. 
L'ego spirituel ne peut pas échapper aux déterminations sexuelles. Celles-ci l'entraînent dans l'insincérité, le mensonge, voire la violence. La chute spirituelle arrive par ce biais peut-être davantage que dans les manœuvres d'appropriation ou de recherche de reconnaissance. 
N'oublions pas qu'au niveau le moins mensonger de la sexualité, il y a un lien entre notre soumission aux pulsions et désirs sexuels et le fait que l'animalité de notre humanité en nous réclame sa reproduction, sa perpétuation. 

Dans l'expérience du Soi avec une âme, il devient de plus en plus clair que la sexualité est le moteur de l'évolution biologique inconsciente des espèces à travers les individus, et à travers leurs égos quand ils sont humains. Si vraiment le Soi avec une âme vient en avant pour mener une évolution consciente de la conscience, cet ancien moteur évolutif ne devrait-il pas perdre de son intérêt ? Ce n'est pas un renoncement de la part d'une âme d'enfant Divin, c'est d'abord son insexuation en Devenir qui détache son véhicule des pulsions sexuelles et peut recycler tout le processus biologique afférent, réinvestissant le Retas (les fluides organiques utiles à la sexualité) en Ojas (une pure énergie spirituelle). 
L'ego spirituellement a peut-être ressenti l'appel au renoncement, ou, sous une influence cachée de l'âme d'enfant Divin, en lui, s'est découvert asexuel relationnellement même si des pulsions sexuelles demeurent. L'ego a cru s'être intéressé de son propre chef à des techniques de sublimation des énergies sexuelles pour parfaire son énergie d'action, mais s'il y est parvenu au moins partiellement, il doit bien admettre que le passage d'une partie du Retas en Ojas reste pour lui mystérieuse. 
Ses sublimations sexuelles ne sont pas cette transformation biologique de Retas en Ojas.
Il y a certes des techniques psychospirituelles pour favoriser par exemple chez les hommes l'expansion des cycles d'éjaculations qu'on trouve dans les pratiques chinoises taoïstes ou dans certains hatha yoga tantrique. 
Mais si on pose un regard sincère sur ces sublimations partielles, elles n'empêchent pas de rester enchainé au joug de l'espèce sous la forme des pulsions sexuelles.

Dans mon cas, c'est l'émergence du Soi avec une âme au fil de la descente dans le cœur qui a créé les circonstances de l'asexualité de l'ego et qui a mis en route un processus de transformation du centre sexuel, entre autres choses. Tant que demeure des capacités d'accroche de la pulsion sur le centre sexuel, demeure un pan de l'ego individualisé par ces pulsions. Même si nous sommes devenus asexuels dans nos aspirations relationnelles, il n'en reste pas moins qu'il y a ces forces ressenties comme des déterminations qui peuvent s'accrocher et pénétrer en nous. 
Les pulsions sexuelles paraissent alors une détermination de la nature dont on ressent l'enchaînement. Cela entraîne des processus psychocorporels indépendamment de la conscience encore insuffisamment élargie pour s'en libérer. Rien d'affligeant à cela, la psychisation, c'est-à-dire le passage du gouvernement des subpersonnalités égoïques au gouvernement du Soi avec une âme demande du temps. Se voit une capacité émergente de ne pas suivre la pulsion sexuelle y compris dans le sommeil et donc dans le subconscient même à l'état de veille. Cette capacité ne ressort pas de l'ego, mais de la croissance psychique de l'âme d'enfant Divin en nous. Elle n'est pas immédiatement pleinement triomphante, puique des pulsions sexuelles sont vues s'emparant encore du centre subtil du vital inférieur, souvent désigné inadéquatement comme le centre ou chakra sexuel. 
Mais si la psychisation et la spiritualisation se voient à l'œuvre, la confiance en ce processus de libération du centre vital inférieur peut croître.
La perfection, le Devenir surhumain, n'est pas l'œuvre de l'ego et certainement pas de notre ego spirituel !

Par ailleurs, il ne faut pas non plus exagérer l'importance de ce seul serpent de la sexualité qui barre l'accès à la conquête de l'Inconscient en-dessous le subconscient humain et animal. Il faut bien voir comment il s'entrelace avec les deux autres pour nous garder dans les limites de l'humain. 
Nos pulsions d'appropriation et de reconnaissance doivent aussi être purifiées par le Devenir Divin, car tout ce jeu de pulsions nous liant à l'humain repose sur d'étroits et d'intimes liens entre elles. Ce jeu de la nature pour nous garder dans ce qui fait l'enfermement au sein des limites de l'humain comprend une solidarité entre ces 3 dimensions du pulsionnel.



Je me rappelle avoir demander à mon grand-oncle Tonton Léon, si il avait ressenti le manque sexuel alors qu'il était prisonnier de guerre en Allemagne durant la seconde guerre mondiale. Sa réponse était très claire, le manque de nourriture avait relégué ce désir à l'arrière-plan des préoccupations de tous les prisonniers qu'il connaissait, y compris lui-même. J'ai par moi-même constaté qu'un jeûne prolongé de nourriture et surtout d'eau comme l'évoquent les moines du désert écarte pour ce temps-là le désir sexuel. Evagre le Pontique évoque, il me semble, ce jeûne de l'eau.
Sri Aurobindo rappelle lui-même ce passage de la Bible où Esaü renonce à son droit d'ainé au profit de son frère cadet Jacob pour un plat de lentilles. Pour ce plat de lentilles, Esaü renonce en fait au-delà de son droit d'aîné à sa dignité d'enfant divin !
Le serpent de l'appropriation qui agit d'abord dans notre rapport à la nourriture est aussi comme la sexualité un ancrage de la nécessité de la perpétuation d'un corps au profit de l'espèce. Il n'est donc pas à négliger dans le réseau des 3 serpents ancrés en nous au service de la perpétuation de l'espèce biologique humaine.

Lisons Sri Aurobindo, dans un extrait d'une de ses Lettres sur le yoga :

Le sexe (sur le plan occulte) se tient à peu près à égalité avec l'ambition, etc., du point de vue du danger pour la sâdhanâ, seulement son action est en général moins évidente ; par exemple, les Pouvoirs hostiles ne le présentent pas aussi ouvertement comme un objectif à poursuivre dans la vie spirituelle.

L'ambition de l'ego spirituel concerne l'ancrage spécifique au serpent de la reconnaissance comme appétit de pouvoir social qui barre la progression. L'ambition résulte d'abord, semble-t-il, de l'action des pulsions de reconnaissance. Mais ces serpents solidaires ont des fils discrets pour nous tenir ensemble dans leur filet. 
Sri Aurobindo note ici que l'ambition se présentant à l'ego spirituel comme nécessité de sa propre purification reste assez facilement repérable. Par contre, parce qu'un ego spirituel vit le célibat consacré, sa vigilance risque de négliger les processus sexuels qui demeurent à la frontière du subconscient. L'ego spirituel se débat entre désir d'humilité et ambition et il laisse des déterminations sexuelles hors de la vigilance se croyant faussement libre sur ce plan. Or ces pulsions sexuelles quasi-subconscientes soutiennent et perpétuent l'ego spirituel et ses ambitions qui font obstacle à la psychisation et spiritualisation de notre individualité. Car une énergie sexuelle subconsciente produite par ces forces pulsionnelles imposées par la nature se sublime au service des pulsions d'appropriation ou de reconnaissance. Une énergie sexuelle sublimée n'est pas encore une libération de la nature qui détermine notre dimension animale par des forces sexuelles imposées de l'extérieur. 
Là encore, ne confondons pas sublimation vitale de l'impact énergétique d'une pulsion sexuelle et la transformation physique parfaite de retas en ojas, qui présuppose qu'absolument aucune pulsion sexuelle n'ait prise sur nous à travers notre vital.

L'entremêlement des 3 dimensions pulsionnelles, pour perpétuer le vieil homme, se joue aussi ailleurs.

Avec nos enfants, où la relation est plus liée centralement à des pulsions de reconnaissance, nous sommes souvent devenus capable d'aimer avec moins d'attentes en retour. Cela peut donner l'idée que nous sommes facilement capable de purifier ce type de pulsions dans cette relation. Mais ces serpents du subconscient restent retors. Nos enfants restent les fruits de notre sexualité sublimée. On peut découvrir, dans certaines circonstances, qu'il y a des attachements depuis notre personnalité de surface à des éléments de la personnalité de surface de nos enfants. Leurs corps et leurs personnalités sont le produit de la perpétuation de notre individualité humaine. De tels attachements sont certes humains, mais ils barrent la route à la purification des pulsions de reconnaissance et en sous-mains à celles de l'appropriation et de la sexualité. 
Ces désirs d'attention échangée sur le seul plan humain nous coupent de l'unité de toutes choses, de la Présence de l'Un en tout, de l'UN-Multiple surabondance de Joie d'Amour sans désir. 
L'attachement à nos enfants s'avèrent l'attachement au vieil homme, à la vieille humanité. L'attachement entre des aspects de nos personnalités de surface,  les nôtres et les leurs, fait barrage à la poussée de l'arbre Divin qui est la seule communion vraie des âmes d'enfant divin en croissance.





jeudi 17 avril 2025

OU TROUVER LA PAIX ET L'HARMONIE SELON NIRANJAN GUHA ROY

Paix - Œuvre de Niranjan Guha Roy

 


Où trouver la paix et l'harmonie ?


Nous vivons dans une civilisation matérialiste pénible, douloureuse et dangereuse, où le sens de sécurité, de prospérité et de bien-être est précaire et illusoire.


Mais, où trouver la paix, l’harmonie, la bonté, la stabilité dans cet océan noir et déchaîné ?


La Mère et Sri Aurobindo sont venus sur terre pour délivrer l’humanité de cette monstrueuse emprise des seigneurs du mensonge et d’obscurité. Il n’est pas nécessaire d’être clairvoyant pour percevoir cette situation calamiteuse. La Mère et Sri Aurobindo nous rappellent un chemin lumineux, presque oublié dans le passé, mais connu de nos ancêtres très éloignés. 

Leur message est à peu près ceci :


La race humaine est un marchepied de la nature universelle pour aller plus haut vers la félicité divine, la vraie harmonie, la paix et la félicité stable, sans mélange. Ce chemin lumineux est à la portée de chaque aspirant qui suffoque dans ce monde sans lumière et lance un appel, un au secours, à Celui qui dirige ce monde en agonie vers un foyer lumineux, la félicité immortelle. L’Eternel n’est pas loin. Il s’est enfermé dans le cœur mystique, dans un bouton de lotus céleste. Si nous pouvons plonger « au dedans. », dans les profondeurs presque sans fond, on découvre ce foyer, le vrai Eldorado tant rêvé par les hommes. Mais, il faut creuser, creuser, creuser jour et nuit pendant des années, inlassablement, sans se désespérer pour y arriver. Ce passage est ténébreux et difficile. Il est presque humainement impossible d’arriver au foyer, mais, il ne faut pas se décourager nous ne sommes pas seuls. Quand nous creusons à un mètre de profondeur, la Mère Divine éternelle, assise dans le lotus, monte dix mètres vers nous. De loin, Elle nous fournit l’énergie, la joie, l’espoir croissant et finalement la certitude de la délivrance.


Nous sentirons que Quelqu’un d’autre est en nous : le conducteur ou la conductrice de notre chariot qui nous mène vers le but : son foyer merveilleux. Alors, commence un voyage joyeux, d’abord dans un état de collaboration étroite avec la Mère Divine, puis dans un état de soumission croissante à Sa volonté sage et suprêmement bienveillante et protectrice, enfin vient le triomphe : l’abandon total, confiant, joyeux, absolu à la présence dominante de la Mère Divine. Désormais, c’est Elle qui nous porte vers Sa demeure de lumière condensée, de joie immortelle, intarissable. Quel miracle ! Ce monde hideux, affreux, terriblement monstrueux qui nous suffoquait, nous étranglait a disparu dans un éblouissement de joie à peine soutenable. Toutes les formes, tous les êtres nous appellent de tous côtés.


« Regarde Moi, Je suis là, partout, partout. Il n’y a que Moi, infiniment dans ce monde et ailleurs. Il n’y a personne d’autre que Moi. Toi aussi, tu es Moi-même qui voyage toujours découvrant les trésors cachés inestimables du Divin, de l’Esprit éternel à travers le temps sans fin. »


Le Divin habite tous les êtres, un peu voilé ici, déformé là, complètement caché dans un autre, mais ce ne sont que des déguisements de théâtre. Le Seigneur est un aventurier intrépide, sans scrupule, sans honte, qui accepte tous les rôles et donne un spectacle insupportable à notre conscience, à notre chair, à nos faibles nerfs. Mais cette vision là n’est pas pour demain. C’est trop fort pour nous. Mais, par Sa Grâce, derrière les voiles les plus obscurs, nous trouverons la Mère, merveilleusement bonne, souriante qui nous fait oublier à jamais le passé. Alors tout devient rire et lumière.


****


Niranjan Guha Roy


Peace - Œuvre de Niranjan Guha Roy


mardi 25 mars 2025

Les raisons des difficultés sur le chemin selon Niranjan Guha Roy

 

Œuvre de Niranjan Guha Roy 


Les raisons des difficultés sur le chemin


Il ne faut jamais avoir peur sur le chemin. Il faut se débarrasser même des bonnes suggestions venues de la sagesse humaine ainsi que de toutes les suggestions collectives de l’humanité et plonger avec courage dans le Divin. De très puissantes forces universelles gouvernent l’humanité par les formes les plus élevées éthiques, morales et religieuses. Elles nous empêchent d’approcher l’Éternel, l’Un qui est tout et au delà de tout. Ces forces aussi sont des formes de l’Éternel, elles existent encore pour mesurer notre force, examiner la sincérité de notre aspiration, pour tester notre mental, vital et corps, pour voir s’ils pourront supporter la descente de la divinité. D’une certaine manière, elles préparent et forgent l’épée de Dieu, les cordes d’acier pour sa harpe. Une âme qui est destinée accueille les difficultés afin d’augmenter sa force, sagesse et capacité. Celui qui choisit un chemin facile n’ira nulle part et n’arrivera pas à grand chose. Quand l’âme est consciente, elle choisit automatiquement des aventures difficiles, dangereuses et qui semblent même impossibles. Il ne faut pas demander un chemin facile pour nous ni pour les autres si nous leur voulons vraiment du bien. Les quelques êtres sélectionnés, de par la nature même de la loi intérieure, devront passer par le baptême du feu, devront faire face à des épreuves dont ils devront sortir victorieux. S’ils échouent ou plutôt s’ils tombent, ils devront se relever encore et encore jusqu’à ce qu’ils puissent passer par les portes où les anges formidables choisissent ceux qui seront capables de contenir le feu mystique, la puissance de la lumière de la conscience divine. 

”L’âme ne peut pas être gagnée par les faibles”, nous dit Sri Aurobindo

La souffrance spécialement la souffrance du corps est le pain quotidien qui sert de fouet pour nous faire progresser. Mais doit-il en être toujours ainsi ? Avec la venue de la Mère et de Sri Aurobindo sur la terre nous avons un autre aperçu, la vision d’une autre possibilité pour la vie humaine. Il existe maintenant sur terre une joie merveilleuse, puissante, un torrent, une tempête d’ananda divin. L’ expression d’une joie aussi pure et profonde que possible peut réellement soulager voire guérir la souffrance dans le mental, le vital et le corps. Si on peut lui donner une expression dynamique, elle deviendra un stimulant, une énergie intoxicante et divine qui aurait un impact direct sur le corps et les cellules. La musique en particulier est un des meilleurs moyens pour déverser ces torrents de joie divine et la danse faite avec une attitude de révérence, beauté et aspiration peut aider le corps à contenir l’ananda divin.

Le divin veut que nous soyons toujours victorieux et la victoire sur la maladie et la souffrance est vraiment une victoire du Divin.


Niranjan Guha Roy


Œuvre de Niranjan Guha Roy 


samedi 22 mars 2025

LA SPIRITUALITE AU-DELA DE LA MORALE ET DE LA RELIGION SELON SRI AUROBINDO.

 LA SPIRITUALITE AU-DELA DE LA MORALE ET DE LA RELIGION SELON SRI AUROBINDO.

 

<< La vie spirituelle (adhyâtma-jîvana), la vie religieuse (dharma-jîvana) et la vie humaine ordinaire, dont fait partie la morale, sont trois choses très différentes ; il faut savoir laquelle on désire et ne pas confondre les trois. La vie ordinaire est celle de la conscience humaine moyenne séparée de son vrai Moi et du Divin et régie par les habitudes courantes du mental, de la vie et du corps qui sont les lois de l'ignorance. La vie religieuse est un mouvement de la même conscience humaine ignorante qui se détourne ou essaie de se détourner de la terre pour se diriger vers le Divin, mais sans avoir encore la connaissance, et qui est menée par les édits et les règles dogmatiques d'une secte ou d'une croyance qui prétend avoir trouvé la voie hors des liens de la conscience terrestre vers quelque Au-Delà béatifique. La vie religieuse peut être une première approche de la vie spirituelle, mais très souvent elle se borne à tourner sans aucune issue dans une ronde de rites, de cérémonies et de pratiques ou d'idées et de formes fixes. La vie spirituelle, au contraire, procède directement par un changement de conscience, un changement de la conscience ordinaire, ignorante et séparée de son vrai moi et de Dieu, en une conscience plus grande dans laquelle on trouve son vrai moi ; d'abord on vient en contact direct et vivant avec le Divin et ensuite on s'unit à lui. Pour le chercheur spirituel ce changement de conscience est la seule chose qu'il cherche et rien d'autre n'a d'importance. La morale est une partie de la vie ordinaire ; elle tente de gouverner la conduite extérieure par certaines règles mentales ou de former, par ces règles, le caractère à l'image d'un certain idéal mental. La vie spirituelle va au-delà du mental ; elle entre dans la conscience plus profonde de l'Esprit et agit mue par la vérité de l'Esprit. En ce qui concerne la vie éthique et la nécessité de réaliser Dieu, cela dépend de ce qu'on considère comme l'accomplissement des objectifs de la vie. Si une ouverture à la vie spirituelle en fait partie, alors la morale seule ne vous la donnera pas.>>,

Sri Aurobindo, Lettres sur le yoga, Volume 1. Section 1, 3. Religion, morale, idéalisme et yoga.