dimanche 15 septembre 2024

C'est dans la Matière que la division entre moi et le reste est à surmonter, cela ne se défait pas dans le Nirvanâ.

 


Il faut traquer la Mort jusque dans son dernier repaire. 

Il n'y a pas d'autre issue. Il n'y a pas d'autre "libération".

C'est un vieux compte à régler pour celui qui est sorti des camps de la mort, n'est-il pas vrai ?

Le dernier camp de concentration, c'est "je".

Ce sont les premiers barbelés dans la Matière.

La grande Division : Moi et le reste.

Mais c'est dans la Matière que cela se défait, pas dans le Nirvanâ.

Cela remonte au premier unicellulaire.


Satprem, 


Carnets d'une Apocalypse, T4, 12 août 1984.


Œuvre de Niranjan Guha Roy 


mardi 20 août 2024

Les forces et entités hostiles selon Mère


CWM - Paroles de la Mère Mother - III -  Lettres, Messages et autres courts écrits -  Propos sur les Dieu, les êtres supérieurs et les forces adverses. Extraits choisis. 


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 Chaque fois que nous faisons un pas décisif dans le progrès spirituel, les ennemis invisibles du Divin essayent toujours d’avoir leur revanche et quand ils ne peuvent pas faire du mal à l’âme, ils frappent le corps. Mais tous leurs efforts sont en vain et seront finalement vaincus, car la Grâce Divine est avec nous. 


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Nous ne devons jamais donner aux forces adverses la moindre chance d’exercer leur malfaisance. Elles profitent de la plus légère inconscience. 


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C’est la jalousie, l’insatisfaction égoïste et la vanité blessée qui ouvrent les portes de la conscience aux attaques hostiles en nous tirant hors de la protection du Divin. C’est seulement en refusant de permettre à ces faux mouvements de se produire en soi-même que l’on peut espérer se débarrasser de l’influence hostile et de ses conséquences désastreuses. 


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Les suggestions viennent du dehors, de quelque entité vitale qui s’amuse à vous les envoyer pour voir comment vous allez les recevoir. 


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Penser constamment aux forces hostiles et les craindre est une très dangereuse faiblesse. 


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C’est la force adverse elle-même qui doit être conquise et détruite, autrement elle trouvera toujours des gens pour la manifester. 


28 mai 1936


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Les forces hostiles ne sont tolérées dans le monde que parce qu’elles mettent à l’épreuve la sincérité de l’homme. Le jour où l’homme deviendra intégralement sincère, elles disparaîtront, car elles n’auront plus de raison d’être. 


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Question : Ce soir encore j’ai subi une sérieuse attaque des forces hostiles. J’ai complètement perdu le sommeil. Je vous supplie avec la plus grande sincérité de me libérer des griffes de ces furies. Elles attaquent mon ventre, mes cuisses et mes genoux. Par pitié donnez-moi le conseil promis, afin que je puisse me débarrasser d’elles pour toujours.

Réponse de Mère :

Ces forces adverses sont liées au désir sexuel. Elles vivent de l’énergie gaspillée pendant l’acte sexuel. Et même une pensée, un désir mental ou vital suffit pour les laisser entrer et s’installer dans l’atmosphère. C’est donc dans le mental lui-même que la purification doit se faire. 

Avec mes bénédictions.


12 septembre 1950


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A la moindre contrariété, ton ego a l’habitude d’ouvrir la porte de ton être à un esprit malfaisant, d’un arrogant et impudent scepticisme, qui passe son temps à jeter de la boue et des ordures sur tout ce qui est sacré et beau, en particulier sur l’aspiration de ton âme et l’aide de la Grâce Divine. Si on lui permet de continuer, cela finira inévitablement par un désastre et une catastrophe. Il faut prendre des mesures énergiques pour y mettre fin, et pour cela la collaboration de l’âme est nécessaire. Elle doit se réveiller et participer au combat contre l’ego en fermant résolument la porte à cet esprit malfaisant. 


9 avril 1958


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Après tout, qu’est‑ce que la liberté ? Faire ce que vous voulez ? Mais savez-vous ce qu’est ce « vous » ? Connaissez-vous votre propre volonté ? Savez-vous ce qui vient de vous et ce qui vient d’ailleurs ? Vous êtes seulement mû par des impulsions, et elles ne sont pas vôtres. Elles viennent de l’extérieur et vous font faire toutes sortes de choses. Vous tombez entre les mains de Rakshasas. D’abord ils vous font faire des choses stupides et puis ils rient. Si vous avez une forte volonté, si votre volonté, vos impulsions et tout le reste sont centrés autour du psychique, alors, et alors seulement, vous pourrez avoir un avant-goût de la liberté et de l’indépendance. Autrement, vous êtes un esclave. 

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La gloire du Divin transforme les défaites en victoires éternelles, les ombres prennent la fuite devant sa luminosité rayonnante. La Mère


jeudi 15 août 2024

Sur la souffrance par Niranjan Guha Roy

Mère bénit la terre - œuvre de Niranjan Guha Roy 

 On Suffering

The suffering is an inseparable intrinsic attribute and substance of the normal human consciousness. That is to say, as long as we are human with the human consciousness, the suffering is inevitable.

The suffering is the inevitable result and consequence of all our inferior human attributes, qualities, actions and of unillumined movements of mental and vital consciousness.

 Desires, search and satisfaction of sensual pleasures, greed, jealousy, ambition, cruelty, violence , all these elements are natural attributes of the human consciousness and they cannot be eliminated or suppressed, or controlled by mental and vital efforts alone..

 They might be refined and controlled by high spiritual powers but not eliminated.

Only the Grace of the Mother Divine, the supramental consciousness, the divine consciousness has the absolute power of transmuting them into its own substance of force, delight and oneness. True happiness, delight, ananda is an attribute, an intrinsic dynamic principle and substance of the spiritual and divine consciousness.


Niranjan Guha Roy 


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Ma traduction :


Sur la souffrance

La souffrance est un attribut intrinsèque inséparable et une substance de la conscience humaine normale. Ceci signifie que tant nous sommes des humains avec la conscience humaine, la souffrance est inévitable.  

La souffrance est l'inévitable résultat et conséquence de tous nos attributs humains inférieurs, des qualités, actions des mouvements obscurs d'une conscience mentale et vitale.

Les désirs, la recherche et la satisfaction des plaisirs sensuels, de l'avidité, la jalousie, l'ambition, la cruauté, la violence, tous ces éléments sont des attributs naturels de la conscience humaine et ils ne peuvent pas être éliminés ou supprimés, ou contrôlés par les seuls efforts mentaux et vitaux.

Ils peuvent être purifiés et contrôlés par des pouvoirs spirituels élevés mais non pas éliminés.

Seule la Grâce de la Mère Divine, la conscience supramentale, la conscience Divine a le pouvoir absolu de les transmuter en sa propre substance de force, félicité et unité. Le bonheur vrai, la félicité, l'ananda est un attribut, un principe dynamique intrinsèque et la substance de conscience spirituelle et divine.


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Niranjan Guha Roy


Photomontage d'Amita et Niranjan Guha Roy 


NB : Celui ou celle qui souffre peut réagir  en estimant que souffrance est subie, non pas liée à son imperfection. On trouvera en cliquant ici un article détaillant un chemin spirituel de libération de la souffrance inspiré par ce constat. Car c'est là l'essentiel, trouver un chemin de totale libération vis-à-vis de la souffrance.

vendredi 9 août 2024

Quel rôle joue le yoga de Sri Aurobindo et Mère dans la genèse du surhomme ? selon Satprem.



Photo de Satprem

Réponse à une lettre d'une lectrice de La Genèse du surhomme.


Pondichéry, le 6 avril 1971


Vous avez un fameux toupet de dire que Sri Aurobindo n’avait pas la clef du yoga du surhomme et que son yoga intégral était un raffinement de la bulle mentale ! Et où donc ai-je appris ce que j’écris, sinon de Mère et de Sri Aurobindo ? Vous oubliez que c’est grâce à lui que ce yoga du surhomme est possible, que c’est lui qui l’a préparé, lui qui a fait descendre le grand flot de la Nouvelle Conscience afin que, au lieu de chercher là-haut la divine Vérité, les hommes puissent la vivre ici-bas et marcher dedans à chaque pas. Autant dire que Sri Aurobindo n’avait pas la clef de la porte qu’il a ouverte !

Son yoga est intégral parce que, au lieu de confiner la quête sur les hauteurs spirituelles, il nous a dit et répété qu’il fallait y mettre son corps aussi et faire descendre, dans son corps et dans sa vie, la Vérité spirituelle. La voie de l’ascension et tous les autres chemins, les autres plans de conscience, font partie d’un développement intégral – pour ceux qui ont le temps et les capacités spéciales que cela exige. Mais l’heure n’est plus à ces excursions, puisque tout peut être trouvé ici – puisque, justement, Sri Aurobindo et Mère ont ouvert ce chemin d’ici. 

Rappelez-vous, je vous prie, la déclaration de Mère : 

« Sri Aurobindo est venu nous dire: il n’est pas nécessaire de quitter la terre pour trouver la Vérité, il n’est pas nécessaire de quitter la vie pour trouver son âme, il n’est pas nécessaire d’abandonner le monde ni d’avoir des croyances limitées pour entrer en relation avec le Divin. Le Divin est partout, en toutes choses, et s’il est caché, c’est que nous ne nous donnons pas la peine de le découvrir. » (Entretiens, 13.8.1958) 

Et encore ceci : 

« La vie spirituelle, pour beaucoup, c’est la méditation. Tant que cette sottise ne sera pas déracinée de la conscience humaine, la force supramentale éprouvera toujours une difficulté considérable à ne pas être engloutie dans l’obscurité d’une pensée humaine qui ne comprend rien.» (Entretiens, 17.4.1957) 

Et si vous savez lire Sri Aurobindo et Mère, vous verrez qu’ils ont parfaitement décrits ce chemin d’ici et cette voie ensoleillée – la Genèse ne fait que mettre l’accent volontairement exclusif sur cet «ici», parce qu’il n’y a pas de temps à perdre, parce que tout le monde n’a pas les capacités spéciales pour faire des explorations en grand, parce que, enfin, nous sommes à l’Heure de Dieu – nous y sommes ! C’est là. Parce que, vraiment, il y a quelque chose de changé dans le monde depuis 1969.

Ce n’est pas le yoga de Sri Aurobindo qui est changé, c’est le yoga de Sri Aurobindo qui est en fleurs, si j’ose dire. Je ne pense pas que la fleur du flamboyant soit le contraire de l’arbre du flamboyant ?

Maintenant, vous faites une confusion complète entre le psychique et le spirituel. Le psychique, l’âme, le Feu dedans, Agni, n’appartient pas à la «bulle mentale» ni à aucune bulle : c’est le Divin dans la matière. C’est ce petit Feu-là qui ouvre la porte du grand Feu solaire de la Nouvelle Conscience. C’est lui, l’instrument du yoga du surhomme (quand je parle de ces gens qui tournent leur «bouton psychique», je prends ici ce mot au sens vulgaire et ridicule que les hommes lui donnent généralement quand ils cherchent des expériences visionnaires et occultes – pas au sens vrai). 

D’autres, à tous les âges, ont eu l’expérience du psychique, de ce Feu intérieur, mais à part les Rishis, nul ne s’en est servi pour transformer la matière; les religions en ont fait une histoire purement dévotionnelle et «mystique». 

Quant au «spirituel», il comprend tous les plans de conscience au-dessus du mental ordinaire. C’est la voie de l’ascension. Et c’est là que je dis et répète avec force, et par expérience, que ces grandes Expériences, dont on a fait des sommets spirituels, se situent dans la bulle mentale (y compris le surmental) : ce sont des sommets raréfiés où l’être se dilue dans une merveilleuse blancheur, immense, royale, sans un souffle de trouble, dans une paix éternelle – qui peut durer des millénaires sans que cela change un iota au monde, par définition. Mais le spirituel n’est pas le supramental, et quand on touche au supramental, on dirait presque que c’est un tout autre Esprit tellement c’est dense, chaud, puissant, présent, incarné, et radieuse-ment solide en pleine rue. C’est cette Radiance-là que Sri Aurobindo et Mère sont venus tirer sur la terre – ils n’ont pas cessé de dire que leur yoga était nouveau, nouveau, nouveau – , et c’est par notre simple petit feu dedans que nous pouvons entrer en contact direct avec Ça, sans nous asseoir en lotus et sans quitter la vie. Quand on a touché Ça, les «hauteurs spirituelles» paraissent pâles. 

C’est tout ce que j’ai à dire. Alors il n’est pas du tout besoin d’être un super-yogi pour entrer en contact, et ceux qui ont trouvé le nirvana ou que sais-je ne sont pas avancés d’un centimètre pour toucher Ça, parce que le fil conducteur de Ça n’est pas du tout là-haut ni en dehors, mais dans votre propre petite capacité de flamme.

Et si au lieu de couper les cheveux en quatre, vous vous lanciez sur le chemin, avec feu, vous découvririez peut-être que nous sommes à l’Heure de Dieu, en effet, et qu’une seule étincelle d’effort sincère, à votre niveau, ouvre des portes qui ont été fermées pendant des millénaires.


Satprem


P.S. Pour que vous sachiez lire Mère, je vous envoie ci-joint deux textes d’Elle.


Sri Aurobindo et Mère


jeudi 8 août 2024

LA FOI EN LA VICTOIRE DIVINE - RIEN N'EST CONTRE




 Rien n'est contre. 

Les forces adverses sont certes à l'œuvre mais elles servent malgré elles la Mère. Les obstacles sont des marchepieds pour se rapprocher de Mère. 

Toutes nos idées sur ces obstacles sont sans intérêt, si on n'y voit pas ce qui nous empêche nous personnellement de servir Mère. 

Tant que nous aurons nos idées, nos désirs, nos vieilles habitudes physiques au lieu d'être offert intégralement à la volonté divine, à l'œuvre des forces divines, nous serons du côté de l'obstacle... 

Ceux qui commencent à déceler leur bêtise sont protégés du monde par Mère. Aucune attaque extérieure quelle qu'elle soit ne peut plus rien contre nous, s'il n'y a pas en nous quelque soutien fait d'envie de ce qu'a autrui, de nos vanités, de nos désirs inflexibles, de nos amours du drame, de nos habitudes endurcies

Ma bêtise qui sort et sort encore n'est pas désespérante, bien au contraire. Ce sont toutes les poussières accumulées qui remontent dans l'air quand on nettoie une pièce non nettoyée depuis des années, suggérait Sri Aurobindo à l'un de ses disciples préoccupés par tant de saletés en lui. 

Confiance ! C'est l'action de Mère qui détail par détail détient les rênes du processus d'évolution terrestre. 

On voit les pailles dans l'œil du voisin et on se désespère du monde. On a oublié la poutre dans notre œil et le sourire de Mère ! Car se voir avec le sourire de Mère, c'est simplement voir qu'on a été ou qu'on est bête, comme un enfant dont les bêtises sont attendues et dont les parents prévenants ont déjà par avance paré aux pires conséquences. Voir sa bêtise avec le sourire de Mère en arrière-plan, c'est grandir en conscience sans drame et sans dramatiser. 

Car c'est fait ! La victoire divine a eu lieu pour la terre grâce aux pionniers de l'évolution. Après la descente divine de 1956, la victoire de 1969 avec la nouvelle conscience, il y a eu celle de 2005-2006 bien mystérieuse encore dont Satprem et Niranjan Guha Roy font écho, mystère qui semble avoir un lien avec la conscience physique. Les grimaces du vieux monde n'y pourront rien changer. Les petites manipulations biochimiques pourraient-elles la mettre en cause ? Les idées ne résistent pas à la conscience qui est libre du mental, les émotions non plus, quel désir et pulsion pourrait diriger l'aspiration d'une âme consciente d'elle-même ? Quelle action physique pourrait perturber l'action de transformation à travers une individuation d'âme consciente ? 

Si le corps du monde est entré physiquement dans la liberté de conscience d'âmes œuvrant depuis le physique subtil, qu'est-ce qui pourrait faire un échec à l'évolution ?

 Il y a là une question de foi, certes avant qu'on puisse y répondre par une expérience directe. Cependant on peut quelle que soit notre avancée sur ce chemin ressentir un rythme du changement. 

De ce côté-ci du physique, on peut prendre conscience qu'il respecte juste nos capacités collectives d'assimilation pour que des surhommes émergent et qu'une humanité ouverte et accueillante à ce bouleversement l'emporte sur une humanité arrogante accrochée à son désir de dominer la terre.


Serge


Commencé le 3 mars 2022


Derrière le chagrin et la solitude, derrière le sentiment d'un vide et de l'impuissance, il y a la lumière d'or de la divine présence rayonnant de sa douceur et de sa chaleur. La Mère


mercredi 7 août 2024

Au sujet de la transformation par Niranjan Guha Roy


Le char du Dieu soleil - Tableau de Niranjan Guha Roy


La conscience humaine doit être sublimée, transformée et remplacée par la conscience spirituelle et divine. La souffrance est un attribut intrinsèque inséparable et substance même de la conscience humaine normale. C’est-à-dire que tant que nous sommes humains avec la conscience humaine, la souffrance est inévitable. Le vrai bonheur, l’ananda, est un attribut, un principe dynamique intrinsèque et substance de la conscience spirituelle divine. La joie inconditionnelle, pure, toujours présente, lumineuse est inhérente à la conscience spirituelle divine, sa substance même. C’est seulement par la découverte de la conscience divine et par l’union graduelle et progressive avec le Divin que nous devenons libres de la souffrance une fois pour toutes. La souffrance est le résultat inévitable et la conséquence de tous nos attributs humains inférieurs, des qualités et des actions et des mouvements non éclairés de la conscience mentale et vitale. Les désirs, la recherche et la satisfaction de plaisirs, l’avidité, la jalousie, l’ambition, la recherche du pouvoir, position et renom, le mensonge, l’affirmation de soi, la colère, la cruauté, la violence, tous ces éléments sont les attributs naturels de la conscience humaine et ils ne peuvent pas être éliminés ou supprimés, contrôlés par l’effort vital, mental seul. Par des pouvoirs spirituels et une conscience spirituelle élevée, ils peuvent être raffinés, contrôlés, mais pas éliminés. C’est seulement la grâce de la Mère Divine, la conscience supramentale divine qui a le pouvoir absolu de les transformer en sa propre substance de force, d’ananda, et unité inaliénable.


L’homme doit devenir divin pour être entièrement libre de la conscience mentale, vitale et de ses attributs naturels. Pour être entièrement divin, on doit diviniser non seulement son mental et son vital mais son corps aussi. Même si nous atteignons la paix spirituelle et des réalisations les plus hautes, notre corps reste sujet à la souffrance, la soif, la faim, la maladie, la décomposition et la mort. Nous pouvons trouver dans les Vedas de telles constatations. Ainsi, pour être vraiment heureux, nous devons avoir un corps libre de douleur, soif, faim, fatigue, maladie et dégénération et de la mort si possible, au moins, d’une mort accidentelle, imposée. La mort doit devenir un acte volontaire de l’âme, non imposée. C’est là que le yoga de la Mère et Sri Aurobindo diffère fondamentalement de la spiritualité traditionnelle en Inde et ailleurs. C’est parce qu’on n’a pas pu trouver une manière de diviniser le mental, le vital et surtout le corps que l’illusionnisme a été adopté, ce qui a complètement paralysé la vie et finalement tout effort spirituel.


Pour être vraiment heureux, nous devons avoir un corps divin, transformé radicalement en sa forme et fonction, en sa substance même et constitution. Quelques yogas ont essayé de réaliser l’immortalité physique. L’Egypte antique a tenté de trouver le secret d’immortalité physique. En Grèce, il y avait une tentative de trouver la perfection physique, la beauté et l’harmonie. En Inde, Chine et au Japon, il y a eu les tentatives diverses de prolonger la vie du corps par des moyens physiques et spirituels, particulièrement en apportant un calme universel, tranquillité et paix dans le mental, le vital et le corps. L’homme rêve toujours d’un corps glorieux immortel, mais nous constatons que, dans toutes ces tentatives, il n’y a aucune conception de transformer le corps et ses fonctionnements, mais seulement une tentative de prolonger la vie de ce corps tel qu’il est, probablement avec un peu de raffinement dans ses actions, réactions et fonctions. La Mère et Sri Aurobindo nous disent que si nous pouvons être en contact avec la conscience divine au-delà du mental, la conscience de vérité supramentale et nous ouvrir à la Shakti divine supramentale, alors celle ci transformera graduellement notre mental, vital, et finalement notre corps en un mental divin, une vie divine et un corps divin. Puisque nous sommes des âmes incarnées, c’est-à-dire que notre âme, mental et vital sont exprimés et manifestés dans un corps, le corps lui-même est l’expression de l’âme, du mental et du vital dans l’évolution. Ainsi, si nous pouvons ouvrir le corps directement à l’influence et au pouvoir de la conscience divine, le corps sera nécessairement transformé quoique graduellement et extrêmement lentement par la descente de cette conscience plus élevée en lui. Le mental et les facultés vitales sont les attributs du corps présent et si la force de transformation de la Shakti divine entre dans le corps, ils seront aussi nécessairement transformés. Le mental et le vital dans l’homme étant plus proches de la substance subtile de la conscience divine peuvent subir une transformation relativement rapide. Le corps quoiqu’il soit plus réceptif a été construit sur une base si solide et stable, que la transformation peut prendre des siècles. Une fois commencé le processus ira au résultat final inévitablement, si c’est le destin de l’âme individuelle.


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Niranjan Guha Roy


Migration - Tableau de Niranjan Guha Roy


lundi 5 août 2024

Croissance psychique en l'homme et l'animal relativement au désir




"Le But


Quand nous avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance.

La raison fut une aide ; la raison est l'entrave.


Quand nous avons dépassé les velléités, alors nous avons le Pouvoir.

L'effort fut une aide ; l'effort est l'entrave.


Quand nous avons dépassé les jouissances, alors nous avons la Béatitude.

Le désir fut une aide ; le désir est l'entrave.


Quand nous avons dépassé l'individualisation, alors nous sommes des Personnes réelles.

L'ego fut une aide ; l'ego est l'entrave.


Quand nous dépasserons l'humanité, alors nous serons l'Homme.

L'animal fut une aide ; l'animal est l'entrave.


Transforme ta raison en une intuition ordonnée ; que tout en toi soit lumière. Tel est ton but.


Transforme l'effort en un flot égal et souverain de force d'âme ; que tout en toi soit force consciente. Tel est ton but.


Transforme la jouissance en une extase égale et sans objet ; que tout en toi soit félicité. Tel est ton but.


Transforme l'individu divisé en la personnalité cosmique ; que tout en toi soit divin. Tel est ton but.


Transforme l'animal en le conducteur des troupeaux ; que tout en toi soit Krishna. Tel est ton but.", 

Sri Aurobindo, Aphorismes et pensées.




Commentaire :


 L'animal sauvage dispose de régulations instinctives de ses désirs. L'animal domestique en a moins. L'espèce invasive, introduite par nous, fait s'effondrer un écosystème. L'homme n'a que le mental pour réguler ses désirs. Et souvent nos désirs sont bestiaux, nous sommes alors un animal sans instinct régulateur. Pire notre ego nous enlève tout sens de l'espèce. 

Sri Aurobindo observe que le mental souvent au lieu de réguler les désirs justifie leur bestialité. Toutefois, pour lui, l'énergie du désir ne doit pas être affaiblie par des vertus ascétiques, elle peut être purifiée sans être rejetée.

 Les ombres caractéristiques du désir doivent être transmutées dans le feu du cœur, le feu psychique qui y grandit, l'enfant Dieu continuité du Divin que nous sommes. Cette transmutation sera facilitée, selon Sri Aurobindo, si nous distinguons comme Socrate le faisait, nos désirs-appétits qui font un ego de désirs de nos aspirations au beau perfection-harmonie, au vrai, au bien, au juste qui émanent de notre âme vraie, l'enfant Divin en nous. Nos désirs-aspirations purifient nos désirs-appétits-animaux en s'adjoignant leur énergie ainsi dégagée de leurs ombres d'appropriation, de reconnaissance et d'aveuglements sexuels. L'animal en nous demeure quand on croit jouir de notre environnement relativement à notre perpétuation et à notre extension : nous sommes alors enchaînés aux plaisirs et à la souffrance. Le Divin en nous et à travers nous, lui, peut retrouver sa propre Joie en tout sans souci de sa perpétuation puisqu'il est Vie sans mort. 

Selon Sri Aurobindo, l'enfant Divin existe aussi chez les animaux, certains montrent à l'évidence des aspirations au beau, bien, vrai, parfois plus nettes et remarquables que chez certains êtres humains. Toutefois l'individuation de l'enfant Divin a trouvé avec l'individualisation humaine un terrain plus fertile à son émergence. L'heure est venue : notre humanité peut. être vécue comme un chaînon vers un être qui enfin donnerait l'opportunité à notre âme d'individuation  divine de manifester le regard innombrable involué dont son essence divine est porteuse. 

Dans cette perspective, les aphorismes de Sri Aurobindo se répondent et s'éclairent les uns les autres. 


Serge


Photomontage de Niranjan et Amita Guha Roy