dimanche 15 septembre 2024

C'est dans la Matière que la division entre moi et le reste est à surmonter, cela ne se défait pas dans le Nirvanâ.

 


Il faut traquer la Mort jusque dans son dernier repaire. 

Il n'y a pas d'autre issue. Il n'y a pas d'autre "libération".

C'est un vieux compte à régler pour celui qui est sorti des camps de la mort, n'est-il pas vrai ?

Le dernier camp de concentration, c'est "je".

Ce sont les premiers barbelés dans la Matière.

La grande Division : Moi et le reste.

Mais c'est dans la Matière que cela se défait, pas dans le Nirvanâ.

Cela remonte au premier unicellulaire.


Satprem, 


Carnets d'une Apocalypse, T4, 12 août 1984.


Œuvre de Niranjan Guha Roy 


mardi 20 août 2024

Les forces et entités hostiles selon Mère


CWM - Paroles de la Mère Mother - III -  Lettres, Messages et autres courts écrits -  Propos sur les Dieu, les êtres supérieurs et les forces adverses. Extraits choisis. 


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 Chaque fois que nous faisons un pas décisif dans le progrès spirituel, les ennemis invisibles du Divin essayent toujours d’avoir leur revanche et quand ils ne peuvent pas faire du mal à l’âme, ils frappent le corps. Mais tous leurs efforts sont en vain et seront finalement vaincus, car la Grâce Divine est avec nous. 


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Nous ne devons jamais donner aux forces adverses la moindre chance d’exercer leur malfaisance. Elles profitent de la plus légère inconscience. 


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C’est la jalousie, l’insatisfaction égoïste et la vanité blessée qui ouvrent les portes de la conscience aux attaques hostiles en nous tirant hors de la protection du Divin. C’est seulement en refusant de permettre à ces faux mouvements de se produire en soi-même que l’on peut espérer se débarrasser de l’influence hostile et de ses conséquences désastreuses. 


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Les suggestions viennent du dehors, de quelque entité vitale qui s’amuse à vous les envoyer pour voir comment vous allez les recevoir. 


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Penser constamment aux forces hostiles et les craindre est une très dangereuse faiblesse. 


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C’est la force adverse elle-même qui doit être conquise et détruite, autrement elle trouvera toujours des gens pour la manifester. 


28 mai 1936


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Les forces hostiles ne sont tolérées dans le monde que parce qu’elles mettent à l’épreuve la sincérité de l’homme. Le jour où l’homme deviendra intégralement sincère, elles disparaîtront, car elles n’auront plus de raison d’être. 


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Question : Ce soir encore j’ai subi une sérieuse attaque des forces hostiles. J’ai complètement perdu le sommeil. Je vous supplie avec la plus grande sincérité de me libérer des griffes de ces furies. Elles attaquent mon ventre, mes cuisses et mes genoux. Par pitié donnez-moi le conseil promis, afin que je puisse me débarrasser d’elles pour toujours.

Réponse de Mère :

Ces forces adverses sont liées au désir sexuel. Elles vivent de l’énergie gaspillée pendant l’acte sexuel. Et même une pensée, un désir mental ou vital suffit pour les laisser entrer et s’installer dans l’atmosphère. C’est donc dans le mental lui-même que la purification doit se faire. 

Avec mes bénédictions.


12 septembre 1950


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A la moindre contrariété, ton ego a l’habitude d’ouvrir la porte de ton être à un esprit malfaisant, d’un arrogant et impudent scepticisme, qui passe son temps à jeter de la boue et des ordures sur tout ce qui est sacré et beau, en particulier sur l’aspiration de ton âme et l’aide de la Grâce Divine. Si on lui permet de continuer, cela finira inévitablement par un désastre et une catastrophe. Il faut prendre des mesures énergiques pour y mettre fin, et pour cela la collaboration de l’âme est nécessaire. Elle doit se réveiller et participer au combat contre l’ego en fermant résolument la porte à cet esprit malfaisant. 


9 avril 1958


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Après tout, qu’est‑ce que la liberté ? Faire ce que vous voulez ? Mais savez-vous ce qu’est ce « vous » ? Connaissez-vous votre propre volonté ? Savez-vous ce qui vient de vous et ce qui vient d’ailleurs ? Vous êtes seulement mû par des impulsions, et elles ne sont pas vôtres. Elles viennent de l’extérieur et vous font faire toutes sortes de choses. Vous tombez entre les mains de Rakshasas. D’abord ils vous font faire des choses stupides et puis ils rient. Si vous avez une forte volonté, si votre volonté, vos impulsions et tout le reste sont centrés autour du psychique, alors, et alors seulement, vous pourrez avoir un avant-goût de la liberté et de l’indépendance. Autrement, vous êtes un esclave. 

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La gloire du Divin transforme les défaites en victoires éternelles, les ombres prennent la fuite devant sa luminosité rayonnante. La Mère


jeudi 15 août 2024

Sur la souffrance par Niranjan Guha Roy

Mère bénit la terre - œuvre de Niranjan Guha Roy 

 On Suffering

The suffering is an inseparable intrinsic attribute and substance of the normal human consciousness. That is to say, as long as we are human with the human consciousness, the suffering is inevitable.

The suffering is the inevitable result and consequence of all our inferior human attributes, qualities, actions and of unillumined movements of mental and vital consciousness.

 Desires, search and satisfaction of sensual pleasures, greed, jealousy, ambition, cruelty, violence , all these elements are natural attributes of the human consciousness and they cannot be eliminated or suppressed, or controlled by mental and vital efforts alone..

 They might be refined and controlled by high spiritual powers but not eliminated.

Only the Grace of the Mother Divine, the supramental consciousness, the divine consciousness has the absolute power of transmuting them into its own substance of force, delight and oneness. True happiness, delight, ananda is an attribute, an intrinsic dynamic principle and substance of the spiritual and divine consciousness.


Niranjan Guha Roy 


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Ma traduction :


Sur la souffrance

La souffrance est un attribut intrinsèque inséparable et une substance de la conscience humaine normale. Ceci signifie que tant nous sommes des humains avec la conscience humaine, la souffrance est inévitable.  

La souffrance est l'inévitable résultat et conséquence de tous nos attributs humains inférieurs, des qualités, actions des mouvements obscurs d'une conscience mentale et vitale.

Les désirs, la recherche et la satisfaction des plaisirs sensuels, de l'avidité, la jalousie, l'ambition, la cruauté, la violence, tous ces éléments sont des attributs naturels de la conscience humaine et ils ne peuvent pas être éliminés ou supprimés, ou contrôlés par les seuls efforts mentaux et vitaux.

Ils peuvent être purifiés et contrôlés par des pouvoirs spirituels élevés mais non pas éliminés.

Seule la Grâce de la Mère Divine, la conscience supramentale, la conscience Divine a le pouvoir absolu de les transmuter en sa propre substance de force, félicité et unité. Le bonheur vrai, la félicité, l'ananda est un attribut, un principe dynamique intrinsèque et la substance de conscience spirituelle et divine.


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Niranjan Guha Roy


Photomontage d'Amita et Niranjan Guha Roy 


NB : Celui ou celle qui souffre peut réagir  en estimant que souffrance est subie, non pas liée à son imperfection. On trouvera en cliquant ici un article détaillant un chemin spirituel de libération de la souffrance inspiré par ce constat. Car c'est là l'essentiel, trouver un chemin de totale libération vis-à-vis de la souffrance.

vendredi 9 août 2024

Quel rôle joue le yoga de Sri Aurobindo et Mère dans la genèse du surhomme ? selon Satprem.



Photo de Satprem

Réponse à une lettre d'une lectrice de La Genèse du surhomme.


Pondichéry, le 6 avril 1971


Vous avez un fameux toupet de dire que Sri Aurobindo n’avait pas la clef du yoga du surhomme et que son yoga intégral était un raffinement de la bulle mentale ! Et où donc ai-je appris ce que j’écris, sinon de Mère et de Sri Aurobindo ? Vous oubliez que c’est grâce à lui que ce yoga du surhomme est possible, que c’est lui qui l’a préparé, lui qui a fait descendre le grand flot de la Nouvelle Conscience afin que, au lieu de chercher là-haut la divine Vérité, les hommes puissent la vivre ici-bas et marcher dedans à chaque pas. Autant dire que Sri Aurobindo n’avait pas la clef de la porte qu’il a ouverte !

Son yoga est intégral parce que, au lieu de confiner la quête sur les hauteurs spirituelles, il nous a dit et répété qu’il fallait y mettre son corps aussi et faire descendre, dans son corps et dans sa vie, la Vérité spirituelle. La voie de l’ascension et tous les autres chemins, les autres plans de conscience, font partie d’un développement intégral – pour ceux qui ont le temps et les capacités spéciales que cela exige. Mais l’heure n’est plus à ces excursions, puisque tout peut être trouvé ici – puisque, justement, Sri Aurobindo et Mère ont ouvert ce chemin d’ici. 

Rappelez-vous, je vous prie, la déclaration de Mère : 

« Sri Aurobindo est venu nous dire: il n’est pas nécessaire de quitter la terre pour trouver la Vérité, il n’est pas nécessaire de quitter la vie pour trouver son âme, il n’est pas nécessaire d’abandonner le monde ni d’avoir des croyances limitées pour entrer en relation avec le Divin. Le Divin est partout, en toutes choses, et s’il est caché, c’est que nous ne nous donnons pas la peine de le découvrir. » (Entretiens, 13.8.1958) 

Et encore ceci : 

« La vie spirituelle, pour beaucoup, c’est la méditation. Tant que cette sottise ne sera pas déracinée de la conscience humaine, la force supramentale éprouvera toujours une difficulté considérable à ne pas être engloutie dans l’obscurité d’une pensée humaine qui ne comprend rien.» (Entretiens, 17.4.1957) 

Et si vous savez lire Sri Aurobindo et Mère, vous verrez qu’ils ont parfaitement décrits ce chemin d’ici et cette voie ensoleillée – la Genèse ne fait que mettre l’accent volontairement exclusif sur cet «ici», parce qu’il n’y a pas de temps à perdre, parce que tout le monde n’a pas les capacités spéciales pour faire des explorations en grand, parce que, enfin, nous sommes à l’Heure de Dieu – nous y sommes ! C’est là. Parce que, vraiment, il y a quelque chose de changé dans le monde depuis 1969.

Ce n’est pas le yoga de Sri Aurobindo qui est changé, c’est le yoga de Sri Aurobindo qui est en fleurs, si j’ose dire. Je ne pense pas que la fleur du flamboyant soit le contraire de l’arbre du flamboyant ?

Maintenant, vous faites une confusion complète entre le psychique et le spirituel. Le psychique, l’âme, le Feu dedans, Agni, n’appartient pas à la «bulle mentale» ni à aucune bulle : c’est le Divin dans la matière. C’est ce petit Feu-là qui ouvre la porte du grand Feu solaire de la Nouvelle Conscience. C’est lui, l’instrument du yoga du surhomme (quand je parle de ces gens qui tournent leur «bouton psychique», je prends ici ce mot au sens vulgaire et ridicule que les hommes lui donnent généralement quand ils cherchent des expériences visionnaires et occultes – pas au sens vrai). 

D’autres, à tous les âges, ont eu l’expérience du psychique, de ce Feu intérieur, mais à part les Rishis, nul ne s’en est servi pour transformer la matière; les religions en ont fait une histoire purement dévotionnelle et «mystique». 

Quant au «spirituel», il comprend tous les plans de conscience au-dessus du mental ordinaire. C’est la voie de l’ascension. Et c’est là que je dis et répète avec force, et par expérience, que ces grandes Expériences, dont on a fait des sommets spirituels, se situent dans la bulle mentale (y compris le surmental) : ce sont des sommets raréfiés où l’être se dilue dans une merveilleuse blancheur, immense, royale, sans un souffle de trouble, dans une paix éternelle – qui peut durer des millénaires sans que cela change un iota au monde, par définition. Mais le spirituel n’est pas le supramental, et quand on touche au supramental, on dirait presque que c’est un tout autre Esprit tellement c’est dense, chaud, puissant, présent, incarné, et radieuse-ment solide en pleine rue. C’est cette Radiance-là que Sri Aurobindo et Mère sont venus tirer sur la terre – ils n’ont pas cessé de dire que leur yoga était nouveau, nouveau, nouveau – , et c’est par notre simple petit feu dedans que nous pouvons entrer en contact direct avec Ça, sans nous asseoir en lotus et sans quitter la vie. Quand on a touché Ça, les «hauteurs spirituelles» paraissent pâles. 

C’est tout ce que j’ai à dire. Alors il n’est pas du tout besoin d’être un super-yogi pour entrer en contact, et ceux qui ont trouvé le nirvana ou que sais-je ne sont pas avancés d’un centimètre pour toucher Ça, parce que le fil conducteur de Ça n’est pas du tout là-haut ni en dehors, mais dans votre propre petite capacité de flamme.

Et si au lieu de couper les cheveux en quatre, vous vous lanciez sur le chemin, avec feu, vous découvririez peut-être que nous sommes à l’Heure de Dieu, en effet, et qu’une seule étincelle d’effort sincère, à votre niveau, ouvre des portes qui ont été fermées pendant des millénaires.


Satprem


P.S. Pour que vous sachiez lire Mère, je vous envoie ci-joint deux textes d’Elle.


Sri Aurobindo et Mère


jeudi 8 août 2024

LA FOI EN LA VICTOIRE DIVINE - RIEN N'EST CONTRE




 Rien n'est contre. 

Les forces adverses sont certes à l'œuvre mais elles servent malgré elles la Mère. Les obstacles sont des marchepieds pour se rapprocher de Mère. 

Toutes nos idées sur ces obstacles sont sans intérêt, si on n'y voit pas ce qui nous empêche nous personnellement de servir Mère. 

Tant que nous aurons nos idées, nos désirs, nos vieilles habitudes physiques au lieu d'être offert intégralement à la volonté divine, à l'œuvre des forces divines, nous serons du côté de l'obstacle... 

Ceux qui commencent à déceler leur bêtise sont protégés du monde par Mère. Aucune attaque extérieure quelle qu'elle soit ne peut plus rien contre nous, s'il n'y a pas en nous quelque soutien fait d'envie de ce qu'a autrui, de nos vanités, de nos désirs inflexibles, de nos amours du drame, de nos habitudes endurcies

Ma bêtise qui sort et sort encore n'est pas désespérante, bien au contraire. Ce sont toutes les poussières accumulées qui remontent dans l'air quand on nettoie une pièce non nettoyée depuis des années, suggérait Sri Aurobindo à l'un de ses disciples préoccupés par tant de saletés en lui. 

Confiance ! C'est l'action de Mère qui détail par détail détient les rênes du processus d'évolution terrestre. 

On voit les pailles dans l'œil du voisin et on se désespère du monde. On a oublié la poutre dans notre œil et le sourire de Mère ! Car se voir avec le sourire de Mère, c'est simplement voir qu'on a été ou qu'on est bête, comme un enfant dont les bêtises sont attendues et dont les parents prévenants ont déjà par avance paré aux pires conséquences. Voir sa bêtise avec le sourire de Mère en arrière-plan, c'est grandir en conscience sans drame et sans dramatiser. 

Car c'est fait ! La victoire divine a eu lieu pour la terre grâce aux pionniers de l'évolution. Après la descente divine de 1956, la victoire de 1969 avec la nouvelle conscience, il y a eu celle de 2005-2006 bien mystérieuse encore dont Satprem et Niranjan Guha Roy font écho, mystère qui semble avoir un lien avec la conscience physique. Les grimaces du vieux monde n'y pourront rien changer. Les petites manipulations biochimiques pourraient-elles la mettre en cause ? Les idées ne résistent pas à la conscience qui est libre du mental, les émotions non plus, quel désir et pulsion pourrait diriger l'aspiration d'une âme consciente d'elle-même ? Quelle action physique pourrait perturber l'action de transformation à travers une individuation d'âme consciente ? 

Si le corps du monde est entré physiquement dans la liberté de conscience d'âmes œuvrant depuis le physique subtil, qu'est-ce qui pourrait faire un échec à l'évolution ?

 Il y a là une question de foi, certes avant qu'on puisse y répondre par une expérience directe. Cependant on peut quelle que soit notre avancée sur ce chemin ressentir un rythme du changement. 

De ce côté-ci du physique, on peut prendre conscience qu'il respecte juste nos capacités collectives d'assimilation pour que des surhommes émergent et qu'une humanité ouverte et accueillante à ce bouleversement l'emporte sur une humanité arrogante accrochée à son désir de dominer la terre.


Serge


Commencé le 3 mars 2022


Derrière le chagrin et la solitude, derrière le sentiment d'un vide et de l'impuissance, il y a la lumière d'or de la divine présence rayonnant de sa douceur et de sa chaleur. La Mère


mercredi 7 août 2024

Au sujet de la transformation par Niranjan Guha Roy


Le char du Dieu soleil - Tableau de Niranjan Guha Roy


La conscience humaine doit être sublimée, transformée et remplacée par la conscience spirituelle et divine. La souffrance est un attribut intrinsèque inséparable et substance même de la conscience humaine normale. C’est-à-dire que tant que nous sommes humains avec la conscience humaine, la souffrance est inévitable. Le vrai bonheur, l’ananda, est un attribut, un principe dynamique intrinsèque et substance de la conscience spirituelle divine. La joie inconditionnelle, pure, toujours présente, lumineuse est inhérente à la conscience spirituelle divine, sa substance même. C’est seulement par la découverte de la conscience divine et par l’union graduelle et progressive avec le Divin que nous devenons libres de la souffrance une fois pour toutes. La souffrance est le résultat inévitable et la conséquence de tous nos attributs humains inférieurs, des qualités et des actions et des mouvements non éclairés de la conscience mentale et vitale. Les désirs, la recherche et la satisfaction de plaisirs, l’avidité, la jalousie, l’ambition, la recherche du pouvoir, position et renom, le mensonge, l’affirmation de soi, la colère, la cruauté, la violence, tous ces éléments sont les attributs naturels de la conscience humaine et ils ne peuvent pas être éliminés ou supprimés, contrôlés par l’effort vital, mental seul. Par des pouvoirs spirituels et une conscience spirituelle élevée, ils peuvent être raffinés, contrôlés, mais pas éliminés. C’est seulement la grâce de la Mère Divine, la conscience supramentale divine qui a le pouvoir absolu de les transformer en sa propre substance de force, d’ananda, et unité inaliénable.


L’homme doit devenir divin pour être entièrement libre de la conscience mentale, vitale et de ses attributs naturels. Pour être entièrement divin, on doit diviniser non seulement son mental et son vital mais son corps aussi. Même si nous atteignons la paix spirituelle et des réalisations les plus hautes, notre corps reste sujet à la souffrance, la soif, la faim, la maladie, la décomposition et la mort. Nous pouvons trouver dans les Vedas de telles constatations. Ainsi, pour être vraiment heureux, nous devons avoir un corps libre de douleur, soif, faim, fatigue, maladie et dégénération et de la mort si possible, au moins, d’une mort accidentelle, imposée. La mort doit devenir un acte volontaire de l’âme, non imposée. C’est là que le yoga de la Mère et Sri Aurobindo diffère fondamentalement de la spiritualité traditionnelle en Inde et ailleurs. C’est parce qu’on n’a pas pu trouver une manière de diviniser le mental, le vital et surtout le corps que l’illusionnisme a été adopté, ce qui a complètement paralysé la vie et finalement tout effort spirituel.


Pour être vraiment heureux, nous devons avoir un corps divin, transformé radicalement en sa forme et fonction, en sa substance même et constitution. Quelques yogas ont essayé de réaliser l’immortalité physique. L’Egypte antique a tenté de trouver le secret d’immortalité physique. En Grèce, il y avait une tentative de trouver la perfection physique, la beauté et l’harmonie. En Inde, Chine et au Japon, il y a eu les tentatives diverses de prolonger la vie du corps par des moyens physiques et spirituels, particulièrement en apportant un calme universel, tranquillité et paix dans le mental, le vital et le corps. L’homme rêve toujours d’un corps glorieux immortel, mais nous constatons que, dans toutes ces tentatives, il n’y a aucune conception de transformer le corps et ses fonctionnements, mais seulement une tentative de prolonger la vie de ce corps tel qu’il est, probablement avec un peu de raffinement dans ses actions, réactions et fonctions. La Mère et Sri Aurobindo nous disent que si nous pouvons être en contact avec la conscience divine au-delà du mental, la conscience de vérité supramentale et nous ouvrir à la Shakti divine supramentale, alors celle ci transformera graduellement notre mental, vital, et finalement notre corps en un mental divin, une vie divine et un corps divin. Puisque nous sommes des âmes incarnées, c’est-à-dire que notre âme, mental et vital sont exprimés et manifestés dans un corps, le corps lui-même est l’expression de l’âme, du mental et du vital dans l’évolution. Ainsi, si nous pouvons ouvrir le corps directement à l’influence et au pouvoir de la conscience divine, le corps sera nécessairement transformé quoique graduellement et extrêmement lentement par la descente de cette conscience plus élevée en lui. Le mental et les facultés vitales sont les attributs du corps présent et si la force de transformation de la Shakti divine entre dans le corps, ils seront aussi nécessairement transformés. Le mental et le vital dans l’homme étant plus proches de la substance subtile de la conscience divine peuvent subir une transformation relativement rapide. Le corps quoiqu’il soit plus réceptif a été construit sur une base si solide et stable, que la transformation peut prendre des siècles. Une fois commencé le processus ira au résultat final inévitablement, si c’est le destin de l’âme individuelle.


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Niranjan Guha Roy


Migration - Tableau de Niranjan Guha Roy


lundi 5 août 2024

Croissance psychique en l'homme et l'animal relativement au désir




"Le But


Quand nous avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance.

La raison fut une aide ; la raison est l'entrave.


Quand nous avons dépassé les velléités, alors nous avons le Pouvoir.

L'effort fut une aide ; l'effort est l'entrave.


Quand nous avons dépassé les jouissances, alors nous avons la Béatitude.

Le désir fut une aide ; le désir est l'entrave.


Quand nous avons dépassé l'individualisation, alors nous sommes des Personnes réelles.

L'ego fut une aide ; l'ego est l'entrave.


Quand nous dépasserons l'humanité, alors nous serons l'Homme.

L'animal fut une aide ; l'animal est l'entrave.


Transforme ta raison en une intuition ordonnée ; que tout en toi soit lumière. Tel est ton but.


Transforme l'effort en un flot égal et souverain de force d'âme ; que tout en toi soit force consciente. Tel est ton but.


Transforme la jouissance en une extase égale et sans objet ; que tout en toi soit félicité. Tel est ton but.


Transforme l'individu divisé en la personnalité cosmique ; que tout en toi soit divin. Tel est ton but.


Transforme l'animal en le conducteur des troupeaux ; que tout en toi soit Krishna. Tel est ton but.", 

Sri Aurobindo, Aphorismes et pensées.




Commentaire :


 L'animal sauvage dispose de régulations instinctives de ses désirs. L'animal domestique en a moins. L'espèce invasive, introduite par nous, fait s'effondrer un écosystème. L'homme n'a que le mental pour réguler ses désirs. Et souvent nos désirs sont bestiaux, nous sommes alors un animal sans instinct régulateur. Pire notre ego nous enlève tout sens de l'espèce. 

Sri Aurobindo observe que le mental souvent au lieu de réguler les désirs justifie leur bestialité. Toutefois, pour lui, l'énergie du désir ne doit pas être affaiblie par des vertus ascétiques, elle peut être purifiée sans être rejetée.

 Les ombres caractéristiques du désir doivent être transmutées dans le feu du cœur, le feu psychique qui y grandit, l'enfant Dieu continuité du Divin que nous sommes. Cette transmutation sera facilitée, selon Sri Aurobindo, si nous distinguons comme Socrate le faisait, nos désirs-appétits qui font un ego de désirs de nos aspirations au beau perfection-harmonie, au vrai, au bien, au juste qui émanent de notre âme vraie, l'enfant Divin en nous. Nos désirs-aspirations purifient nos désirs-appétits-animaux en s'adjoignant leur énergie ainsi dégagée de leurs ombres d'appropriation, de reconnaissance et d'aveuglements sexuels. L'animal en nous demeure quand on croit jouir de notre environnement relativement à notre perpétuation et à notre extension : nous sommes alors enchaînés aux plaisirs et à la souffrance. Le Divin en nous et à travers nous, lui, peut retrouver sa propre Joie en tout sans souci de sa perpétuation puisqu'il est Vie sans mort. 

Selon Sri Aurobindo, l'enfant Divin existe aussi chez les animaux, certains montrent à l'évidence des aspirations au beau, bien, vrai, parfois plus nettes et remarquables que chez certains êtres humains. Toutefois l'individuation de l'enfant Divin a trouvé avec l'individualisation humaine un terrain plus fertile à son émergence. L'heure est venue : notre humanité peut. être vécue comme un chaînon vers un être qui enfin donnerait l'opportunité à notre âme d'individuation  divine de manifester le regard innombrable involué dont son essence divine est porteuse. 

Dans cette perspective, les aphorismes de Sri Aurobindo se répondent et s'éclairent les uns les autres. 


Serge


Photomontage de Niranjan et Amita Guha Roy


dimanche 4 août 2024

Les effets du Supramental par Niranjan Guha Roy


The dawn - Amita et Niranjan Guha Roy


Niranjan Guha Roy 1983


Les effets du Supramental


La Mère a parlé en diverses occasions des effets de la conscience supramentale se manifestant de plus en plus dans l’atmosphère de la terre. Voici quelques résultats importants de son action :


L’allure d’évolution de la terre entière est accélérée. Les siècles sont comprimés dans des décennies. La conscience supramentale est basée sur l’unité et l’harmonie suprême de l’Un. Elle travaille pour l’unité et l’harmonie dans le monde.

Le mental est une conscience de division et séparation. Il préfère la mort et la dissolution plutôt que la transformation. Ce qu’il ne peut pas guérir, il veut le détruire. L’homme mental pense toujours à la guerre et l’annihilation comme la solution suprême. Il veut toujours fuir les problèmes de l’existence dans un ciel lointain, dans l’extinction ou la dissolution.

La conscience supramentale a le pouvoir inhérent de vérité. Elle seule peut triompher de l’ignorance, la division, la lutte, l’obscurité dans ce monde. Parce que c’est la Lumière suprême, elle exposera tout qui est caché dans les profondeurs du subconscient et de l’inconscient de la nature terrestre. C’est le moyen pour transformer toute obscurité en lumière, toute division en harmonie et unité de l’Esprit, toute souffrance en plaisir. À cause de sa pression insistante qui augmente sans cesse, ceux qui peuvent suivre son allure consciemment et volontairement seront en sécurité et prendront plaisir à cette aventure spirituelle. Parce que le monde dirigé par le mental résiste véhémentement à la demande d’ouverture, d’unité et d’harmonie, un chaos grandissant et la souffrance qui en résulte sont inévitables. C’est ce monde de résistance ignorante qui se dirige vers l’atomisation.

C’est une course folle entre les pouvoirs de division qui veulent la mort et la dissolution et le pouvoir de transformation suprême du Divin qui seul peut sauver et transformer la terre. La conscience de vérité est aussi un pouvoir d’Amour divin supérieur. Seul, il peut neutraliser, pacifier et transformer les pouvoirs de mensonge et la violence. 

Si une âme humaine pouvait perdre son identité séparée dans le Divin, elle deviendrait un centre d’action directe de la Mahashakti supramentale. 

Les changements les plus grands sont accomplis dans le silence. 

Il est décrété que la terre sera transformée et qu’il y aura une apparition d’êtres avec la conscience supramentale.

La grâce divine protégera la section de l’humanité qui aspire à une vie plus haute de paix, beauté et harmonie. Le Divin est le maître absolu et seigneur qui décide et accomplit ce qui doit être fait. La période présente de stagnation et de décomposition est un prélude à une création plus grande et plus sûre du point de vue spirituel. Les hommes sont de simples pions sur l’échiquier divin. Seul le Divin existe, agit et vit éternellement, infiniment. Il se manifeste comme il lui plaît.


Récemment j’ai eu un aperçu de comment la conscience supramentale agit dans tous les groupes petits ou grands, dans tous les êtres qui aspirent pour une nouvelle vie. Le supramental n’a aucun besoin de code strict ni de règles ni de dogme fixe. C’est le pouvoir suprême qui travaille de l’intérieur, dans la conscience de l’âme qui aspire. Il éveille l’âme dormante, apporte la lumière de vérité dans l’âme éveillée et accomplit le miracle de la transformation de nature dans l’âme qui y aspire. Le supramental travaille pour établir sur la terre un ordre plus haut d’êtres qui seront mus par la loi de la lumière intérieure de vérité, l’unité dynamique de l’esprit, la paix, la joie et l’harmonie de la conscience divine où tout conflit, discorde, affirmation de l’ego est impossible. La terre entière est ainsi pour dire exposée à sa radiation, mais les groupes et les êtres qui se sont consciemment ouverts à son influence puissante n’ont besoin d’aucun contrôle extérieur ou code de conduite. Ils deviennent progressivement conscients de ce qui est favorable ou défavorable pour la croissance de la vraie conscience. Pourtant cette tentative de s’élever dans une conscience plus haute est extrêmement difficile même pour l’athlète spirituel.


L’homme s’obstine à retenir de toute sa force son âme qui aspire à s’élever tel l’aigle qui vole tout en haut ! Ceux qui ont atteint l’union avec la conscience divine exerceront automatiquement une pression plus grande pour la transformation sur terre, mais cette pression ne sera pas ressentie comme une imposition extérieure mais plutôt comme une impulsion intérieure pour le progrès spirituel. Il n’y a pas de contrôle individuel, ni de domination par personne. C’est la force consciente suprême qui agit maintenant à travers quelques centres individuels directement pour sa propre manifestation. 

Comme nous nous élevons dans la conscience, nous sentons et voyons comment la force consciente suprême est en contrôle absolu de tout ici et partout. Nous vivons comme dans un réacteur spirituel avec une radiation très puissante et si nous ne le sentons pas ou n’en sommes pas affectés, nous pouvons comprendre combien impénétrable est la couverture protectrice d’ignorance aux rayons puissants de Vérité. Mais c’est seulement une apparence. La couverture protectrice s’usera graduellement et renoncera à sa résistance congénitale. Nous serons pris dans l’inondation de lumière et la force. Nous serons contraints d’admettre la douceur de la Présence divine dans chaque fibre et cellule de notre corps. Si nous pouvons seulement nous accrocher à Elle avec tout le pouvoir de pensée, émotion et aspiration de l’âme, nous serons témoin de la percée impossible inattendue inimaginable. Elle prend possession de notre vie, mental, corps et âme pour sa propre joie, pour son travail dans le monde.


***

Le soleil qui ne se couche jamais - Niranjan Guha Roy


vendredi 2 août 2024

Individualisation et psychisation

 



Q enfant - Mère, tu as dit un jour qu'avant de pouvoir s'identifier au Divin, il fallait d'abord devenir un individu.


Mère - Oui, et bien, c'est exactement ça. Vous êtes dans la période de devenir un individu. Et tant qu'on est dans cette période de devenir individu, et bien, il faut attendre que cette période passe, c'est-à-dire qu'on soit devenu un individu conscient. À la perfection. C'est ça.


Q enfant - Mère, tu as dit qu'il y en a très peu, un sur un million peut-être, qui sont vraiment conscients.


Mère - Oh, si vous prenez l'humanité au sens large, certainement ! Et la grande masse humaine ne deviendra jamais des individus, ce sera toujours une masse amorphe, tout mêlé, comme ça (geste). 

Devenir un individu, c'est ce que Sri Aurobindo appelle devenir vraiment un homme mental. Eh bien, si vous avez lu Le Cycle humain, vous verrez qu'il n'est déjà pas si facile de devenir un homme vraiment mental qui pense par lui-même, qui est libre de toutes les influences extérieures, qui a une individualité, qui existe, qui a sa réalité ; même ce n'est pas si facile.


Mais, par une sorte de Grâce, il peut arriver qu'avant de devenir un individu, si quelqu'un a en lui une aspiration, s'il ressent le besoin de s'éveiller à quelque chose qui voudrait plus, veut quelque chose de mieux, qui sent comme c'est tout petit d’être un individu, quelque chose qui cherche vraiment au-delà des limites ordinaires, eh bien, avant même de devenir un individu, il peut tout à coup faire l'expérience d'un contact avec son psychique qui lui ouvre toutes les portes. Elles se referment plus tard, mais une fois ouvertes, on ne l'oublie jamais. Le souvenir reste très vif ; et cela aide. Cela devrait vous arriver ici.


🌸 La Mère (in Questions et Réponses, Volume-6, page 333-334)



Mon Commentaire :


Mère insiste ici sur l'individualisation mentale.

C'est une perspective éducative et, comme je suis professeur de philosophie, par ailleurs, cela me parle de mes objectifs pédagogiques. 

Comme chez Platon ou dans la Katha Upanishad, la condition de possibilité pour trouver l'âme de l'attelage psychologique et le divin est que ses rênes soit tenu par la raison (un mental universel et non un mental exprimant des désirs particuliers). Un libre arbitre individuel s'oppose ici à un serf-arbitre, un mental qui s'asservit à notre "âme" de désirs. L'autonomie de la réflexion s'oppose à l'hétéronomie de l'autorité, de la tradition ou du conformisme. Cet être mental à son sommet s'ouvre à des intuitions ou des idées nouvelles quand il est confronté à des énigmes ou des dilemmes. Sa conscience égoïque s'atténue dans une dynamique authentique d'incarnations d'idées et d'intuitions par l'expression mentale qui peut utiliser le vital et le physique. 

Par son individuation mentale illuminée, il a un style unique authentique libéré de plus en plus des sortilèges du mimétisme. Outre l'autonomie de la réflexion, la sincérité est donc ici centrale pour vraiment s'individualiser et non perpétuer des vieux traits du troupeau humain. 

Et si en cet individu l'aspiration spirituelle s'éveille, elle aura probablement une tonalité psychique, elle mettra en jeu le dernier stade de l'individualisation humaine, la psychisation. Commencera l'individuation au sens le plus fort : la totale transformation de l'individu en progéniture du divin. 


La prise de conscience psychique induit des ouvertures à des plans de conscience cosmique ou au-delà du mental illuminé. Mais c'est aussi et d'abord réaliser être une individuation consciente du Divin qui aspire à se reconnaître vraiment en tout, en chaque être vivant, en chaque parcelle de matière et au-delà de tout. L'individuation du Divin se réalise donc avant que de nombreux voiles d'ignorance soient levés. Un certain sens de l'ego comme sens d'être le co-auteur de l'action peut demeurer ainsi qu'une présence de désirs comme l'attachement affectif. L'individuation Divine ne s'émeut pas de ces imperfections qui font face à son processus, mais elle n'en sera jamais complice. D'où de possibles flux et reflux de cette réalisation, jusqu'à l'émergence de sa dimension surmentale puis supramentale où le sens de l'ego même le plus atténué deviendra superfétatoire.


Serge




DU DESIR PERSONNEL VERS LA VOLONTE DIVINE SUR LE CHEMIN DU YOGA INTEGRAL




Le chemin du Yoga Intégral de Sri Aurobindo et Mère met en jeu une distinction au cœur même du désir. 


Oui, cette aspiration du Divin en notre personne, un désir proprement Divin, peut se distinguer de plus en plus du désir juste personnel. Peu à peu, c'est un paradoxe de plénitude joyeuse et de besoin de perfection qui se ressent dans le cœur. La différence avec les désirs, même spirituels de l'ego, s'observe de plus en plus nettement. Et puis derrière, il y a un feu sans fumée qui s'aperçoit tout au fond de la grotte du cœur. Il grandit et passe en avant. Il est comme sur une autre dimension et il semble consumer les désirs de l'ego. Ce feu va et vient et rebâtit en avant de lui nos personnalités autour de son influence. Certaines de nos personnalités résistent. Elles favorisent le doute, l'inertie, etc. Mais il n'y a de moins en moins un ego spirituel ambigu qui occupe le devant de la conscience, le choix devient de plus en plus clair entre nourrir le feu interne de lumière, le servir et la poursuite du vieil homme. 


Et ce feu d'aspiration, c'est notre vrai moi individuel qui grandit, ce n'est pas qu'une marionnette de toutes les forces qui agitent la vieille humanité sans qu'elles les perçoivent.


Avant que ce feu d'âme soit un fait vivant évident, il faut bien se contenter d'agir à partir d'un ego qui ne perçoit très peu ou rien du Divin et se trompe lui-même, sur ce qu'est le Divin. 


Mais en lui, il peut y avoir des influences du feu Divin qui croissent : la foi ; l'amour du beau, du vrai et du juste... Il peut commencer à percevoir et agir en des lumières spirituelles différentes des lumières des sens, des désirs et des pensées.


Par ailleurs, la Mère du Devenir Divin tisse les évènements qui conviennent pour la croissance de ses enfants, ces feux d'âme. Même si nous interprétons souvent faussement ces événements au premier abord, vivre de plus en plus en harmonie avec eux devient possible.


Il y a 2 côtés pour découvrir cette harmonie.

Plus l'accueil des évènements se fait avec égalité et gratitude, plus l'aspiration prend corps : il y a là un côté. La vie nous fait en effet des présents, même en son apparente dureté. 

A propos de l'autre côté, être en harmonie consiste en l'aspiration à agir avec une volonté de plus en plus alignée au processus Divin de transformation. Il s'agit que nous apprenions, par exemple, à agir de manière désintéressée. C'est effectivement une manière d'être qui est le résultat de l'action juste. 


Au début, il faut bien se contenter de l'aide de la raison, en la raffinant avec des enseignements de Mère et Sri Aurobindo.

Ouvrir leurs livres au hasard m'a souvent été une source d'inspiration étonnante par sa pertinence, avec des résultats non contrariants pour la raison. 

Puis quelques fois, des intuitions comme serviteur de la Mère viendront d'au-dessus éclairer le mental. D'autres viendront du cœur. 


Mais ce ne sont encore que nos premiers pas.

Être, c'est Être consciemment un instrument individué de la volonté Divine. C'est là un des éléments de notre aspiration. 

Et à travers le fil des évènements, notre aspiration à devenir un pur instrument du Divin peut saisir de mieux en mieux les opportunités pour être davantage ce à quoi elle aspire. Elle suscitera l'action que telle dimension de son Être jusque là en germe attendait pour prendre corps.


Serge




mercredi 31 juillet 2024

Sur la sensibilité artistique dans le yoga intégral de Sri Aurobindo et Mère.




Aspiration à la lumière - Tableau de Niranjan Guha Roy



Une œuvre d'art ou un spectacle exprime une certaine conscience. Elle se produit en allant puiser à divers niveaux de conscience. 

L'artiste, qui obéit à une commande ou qui veut une audience, va souvent malheureusement puiser au seul niveau de conscience du public qu'il veut voir se mobiliser, à la fois ceux qu'il enthousiasmera, ceux qu'il choquera et ceux qui jugeront que ces réactions traduisent des valeurs négatives. Ainsi juger satanique un spectacle ou une œuvre d'art parait un raccourci. 

Tout d'abord, c'est se mobiliser autour de l'œuvre. Duchamp avec sa Fontaine et ses ready-made a réduit le geste artistique à ce seul geste de provocation. Par ailleurs, les forces hostiles à toute nouvelle conscience et donc à toute création véritable ne veulent surtout pas qu'on réalise que toute production mentale est quelque part une fiction. Une caractéristique du mensonge est de faire passer une fiction pour vraie. Or le préambule de toute production artistique est qu'il s'agit d'une fiction sinon c'est de la propagande et de la publicité !

Ne juger une œuvre d'art que sur le mode de ce que vaut une propagande ou une publicité, c'est oublier son préambule : c'est un spectacle fictif, une production artistique fictive. Le mensonge est alors actif en nous, il est de croire que tout ce qui est exprimé vaut acte, que tout ce qui est ressenti est dû à ce qui est contemplé. Une œuvre d'art est artistique non par les valeurs morales et spirituelles qu'immanquablement elle véhicule, mais par la figuration du pouvoir créateur dont elle est l'expression et la trace. Et c'est là qu'il y a divers niveaux de conscience à l'œuvre. 

Il est important de laisser s'exprimer la liberté artistique : cela garantit la libre recherche de la vie intérieure créatrice ; manipuler toute fiction comme fiction, entrer dans son jeu sans oublier que c'est une fiction, permet de d'ailleurs mieux voir en nous ce qui agit. La sensibilité artistique est de sentir ou de pressentir la nature du pouvoir producteur ou créateur à l'œuvre. Et elle est le fruit d'une aspiration à des flux créateurs plus divins, plus créateurs par là-même. Elle est l'émanation du sens du jeu divin de la manifestation, de la Lila, disent les sages de l'Inde.

Il y a des œuvres d'art qui facilitent le développement de cette sensibilité. De quelles fictions je me nourris ? Quand je regarde de bout en bout une fiction et critique cette fiction comme satanique, où est passé mon ouverture au geste créateur constitutif de la sensibilité artistique ? Quand cette sensibilité grandit, on ne s'embarrasse pas de ce qui ne la touche pas. 

Par exemple, Mère estimait que la destruction des canons esthétiques par l'art moderne, les sacrilèges fictifs contre le beau d'alors, n'était pas un rabaissement de la conscience, mais un prélude à une expression artistique d'une conscience nouvelle. Sri Aurobindo notait que, parmi ses disciples, il y avait beaucoup d'artistes ou que certains entrant sur cette voie le devenaient. La musique de Mère, la poésie et le style de Sri Aurobindo nourrissent la sensibilité pour qui sait le voir à un degré peu encore perçu par l'art mainstream. Parmi les disciples de Sri Aurobindo et Mère, le génie littéraire de Satprem est évident. Pour moi, Niranjan Guha Roy est un autre aventurier de la conscience nouvelle que Sri Aurobindo et Mère ont commencé à incarner, qui a des créations musicales, poétiques et picturales nourrissantes sur cette voie d'un yoga intégral attentif à la beauté.


Serge



Fais de la Beauté ton constant idéal.

La beauté de l’âme

la beauté des pensées

la beauté des sentiments

la beauté de l’action

la beauté dans le travail,

que rien ne sorte de tes mains qui ne soit une expression de beauté pure et harmonieuse.

Et l’aide divine sera toujours avec toi.



Douce Mère


21 janvier 1963



Œuvre de Niranjan Guha Roy




mardi 30 juillet 2024

EFFORT ET AUTEUR DE L'ACTION DANS LE YOGA INTEGRAL DE SRI AUROBINDO ET MERE


Être et Devenir sont un dans le yoga intégral de Sri Aurobindo et Mère : il ne s'agit pas de devenir inactif, indolent. Ici ce n'est pas un éveil pour paresseux. 

Se laisser-Être, s'abandonner et se soumettre à ce qui s'harmonise en Devenir, ce n'est pas un laisser-faire !

 Au nom du laisser-Être, l'erreur serait de laisser-faire en nous les mouvements égocentriques qui demeurent. Même quand la Paix de l'Être se réalise et se manifeste en nous, certains mouvements demeurent qui ne sauraient nous satisfaire, si nous avons un peu de sincérité. 

Tant que Mère ne fait pas tout, c'est-à-dire que l'âme d'individuation du Divin par essence en harmonie avec Mère ne s'est pas totalement substituer au vieil homme qui a mille et mille facettes, tant qu'il y a des désirs qui demeurent, parce que le vital n'est pas un instrument de notre âme, etc., un effort personnel demeure nécessaire.

Au début du chemin, peu importe qu'on sache que notre notre effort n'est pas le nôtre ou pas ; ce qui importe, sur le plan du Devenir, est que l'effort, ou l'acte plus précisément, ait lieu. En avançant sur la chemin, c'est particulièrement lors de ce type d'effort, dont nous nous pensions initialement l'auteur, que nous pouvons prendre paradoxalement conscience d'en être seulement un outil dans la main divine. 

Face aux mouvements faux, face à ce qui fait obstacle au Devenir Divin, il y a 3 mouvements divins qui ne font qu'un : rejet, aspiration, soumission, dit Sri Aurobindo dans ses Lettres sur le yoga

Le rejet n'est pas le refoulement ; l'aspiration n'est pas le désir et la soumission n'est pas la résignation ou le laisser-faire.

Précisons que se soumettre, c'est se plier à la volonté divine, sens usuel, mais que soumettre, c'est aussi faire offrande de ce qui est à perfectionner. Le mot soumission dans son usage courant a rarement ce double emploi qu'il a ici dans l'approche de Sri Aurobindo et Mère. 

Il y a la soumission, sans cesse à perfectionner, du serviteur, pour commencer, et il y aura la soumission de l'outil pour finir.

 Quand la soumission et l'aspiration l'emporteront sur une facette du vieil homme ou de l'animal liée telle ou telle activité, l'impression d'un effort personnel fera forcément place à la conscience de la grâce de Mère toujours à l'œuvre. La soumission du serviteur découvre la grâce agissante de Mère, la Mahashakti, la force de conscience autocréatrice de l'univers. 

L'effort victorieux, la soumission de l'outil, révélera inéluctablement le véritable auteur de l'effort et du Devenir essentiel comme étant le Divin lui-même depuis toujours. 

Sur le plan de l'Être, fait-on un effort pour être ce que nous sommes ? Bien sûr que non. Mais Être plus consciemment n'empêche pas que notre individualité continue de participer du Devenir. 
En Être et en Devenir, c'est au cœur de l'effort lui-même que sur cette voie on constatera que nous n'en sommes pas l'auteur. Du point de vue de l'Être, du Soi impersonnel que nous sommes en arrière-plan, il n'y a aucun effort de qui que ce soit, cela se manifeste. Mais si nous sommes sincère, à la lumière impersonnelle spirituelle, une vie égoïque perdure certainement encore avec ses désirs et ses efforts. Si nous sommes sincère, il y a un jeu qui demeure fort mystérieux du Devenir au sein de l'Être. A ce niveau de réalité, ce n'est certainement pas en renonçant à l'effort individuel juste qui doit être mené, qu'on peut prendre conscience dans une vision du Devenir (et non pas seulement dans une vision de l'Être) de ne pas être l'auteur individuel de l'effort. 

Faisons l'effort, jusqu'au bout de ce qui peut sembler tout d'abord notre action. Si cet effort est juste, s'il répond à la soif du beau, du vrai et du bien, il ne restera que le feu de l'âme dans la présence silencieuse, et souvent aussi comme la nette vision d'un sourire de Mère dans notre cœur devant lequel la difficulté s'évanouit.


Serge


Commencé le 02 09 2023