Être et Devenir sont un dans le yoga intégral de Sri Aurobindo et Mère : il ne s'agit pas de devenir inactif, indolent. Ici ce n'est pas un éveil pour paresseux.
Se laisser-Être, s'abandonner et se soumettre à ce qui s'harmonise en Devenir, ce n'est pas un laisser-faire !
Au nom du laisser-Être, l'erreur serait de laisser-faire en nous les mouvements égocentriques qui demeurent. Même quand la Paix de l'Être se réalise et se manifeste en nous, certains mouvements demeurent qui ne sauraient nous satisfaire, si nous avons un peu de sincérité.
Tant que Mère ne fait pas tout, c'est-à-dire que l'âme d'individuation du Divin par essence en harmonie avec Mère ne s'est pas totalement substituer au vieil homme qui a mille et mille facettes, tant qu'il y a des désirs qui demeurent, parce que le vital n'est pas un instrument de notre âme, etc., un effort personnel demeure nécessaire.
Au début du chemin, peu importe qu'on sache que notre notre effort n'est pas le nôtre ou pas ; ce qui importe, sur le plan du Devenir, est que l'effort, ou l'acte plus précisément, ait lieu. En avançant sur la chemin, c'est particulièrement lors de ce type d'effort, dont nous nous pensions initialement l'auteur, que nous pouvons prendre paradoxalement conscience d'en être seulement un outil dans la main divine.
Face aux mouvements faux, face à ce qui fait obstacle au Devenir Divin, il y a 3 mouvements divins qui ne font qu'un : rejet, aspiration, soumission, dit Sri Aurobindo dans ses Lettres sur le yoga.
Le rejet n'est pas le refoulement ; l'aspiration n'est pas le désir et la soumission n'est pas la résignation ou le laisser-faire.
Précisons que se soumettre, c'est se plier à la volonté divine, sens usuel, mais que soumettre, c'est aussi faire offrande de ce qui est à perfectionner. Le mot soumission dans son usage courant a rarement ce double emploi qu'il a ici dans l'approche de Sri Aurobindo et Mère.
Il y a la soumission, sans cesse à perfectionner, du serviteur, pour commencer, et il y aura la soumission de l'outil pour finir.
Quand la soumission et l'aspiration l'emporteront sur une facette du vieil homme ou de l'animal liée telle ou telle activité, l'impression d'un effort personnel fera forcément place à la conscience de la grâce de Mère toujours à l'œuvre. La soumission du serviteur découvre la grâce agissante de Mère, la Mahashakti, la force de conscience autocréatrice de l'univers.
L'effort victorieux, la soumission de l'outil, révélera inéluctablement le véritable auteur de l'effort et du Devenir essentiel comme étant le Divin lui-même depuis toujours.
Sur le plan de l'Être, fait-on un effort pour être ce que nous sommes ? Bien sûr que non. Mais Être plus consciemment n'empêche pas que notre individualité continue de participer du Devenir.
En Être et en Devenir, c'est au cœur de l'effort lui-même que sur cette voie on constatera que nous n'en sommes pas l'auteur. Du point de vue de l'Être, du Soi impersonnel que nous sommes en arrière-plan, il n'y a aucun effort de qui que ce soit, cela se manifeste. Mais si nous sommes sincère, à la lumière impersonnelle spirituelle, une vie égoïque perdure certainement encore avec ses désirs et ses efforts. Si nous sommes sincère, il y a un jeu qui demeure fort mystérieux du Devenir au sein de l'Être. A ce niveau de réalité, ce n'est certainement pas en renonçant à l'effort individuel juste qui doit être mené, qu'on peut prendre conscience dans une vision du Devenir (et non pas seulement dans une vision de l'Être) de ne pas être l'auteur individuel de l'effort.
Faisons l'effort, jusqu'au bout de ce qui peut sembler tout d'abord notre action. Si cet effort est juste, s'il répond à la soif du beau, du vrai et du bien, il ne restera que le feu de l'âme dans la présence silencieuse, et souvent aussi comme la nette vision d'un sourire de Mère dans notre cœur devant lequel la difficulté s'évanouit.
Serge
Commencé le 02 09 2023
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