lundi 5 août 2024

Croissance psychique en l'homme et l'animal relativement au désir




"Le But


Quand nous avons dépassé les savoirs, alors nous avons la Connaissance.

La raison fut une aide ; la raison est l'entrave.


Quand nous avons dépassé les velléités, alors nous avons le Pouvoir.

L'effort fut une aide ; l'effort est l'entrave.


Quand nous avons dépassé les jouissances, alors nous avons la Béatitude.

Le désir fut une aide ; le désir est l'entrave.


Quand nous avons dépassé l'individualisation, alors nous sommes des Personnes réelles.

L'ego fut une aide ; l'ego est l'entrave.


Quand nous dépasserons l'humanité, alors nous serons l'Homme.

L'animal fut une aide ; l'animal est l'entrave.


Transforme ta raison en une intuition ordonnée ; que tout en toi soit lumière. Tel est ton but.


Transforme l'effort en un flot égal et souverain de force d'âme ; que tout en toi soit force consciente. Tel est ton but.


Transforme la jouissance en une extase égale et sans objet ; que tout en toi soit félicité. Tel est ton but.


Transforme l'individu divisé en la personnalité cosmique ; que tout en toi soit divin. Tel est ton but.


Transforme l'animal en le conducteur des troupeaux ; que tout en toi soit Krishna. Tel est ton but.", 

Sri Aurobindo, Aphorismes et pensées.




Commentaire :


 L'animal sauvage dispose de régulations instinctives de ses désirs. L'animal domestique en a moins. L'espèce invasive, introduite par nous, fait s'effondrer un écosystème. L'homme n'a que le mental pour réguler ses désirs. Et souvent nos désirs sont bestiaux, nous sommes alors un animal sans instinct régulateur. Pire notre ego nous enlève tout sens de l'espèce. 

Sri Aurobindo observe que le mental souvent au lieu de réguler les désirs justifie leur bestialité. Toutefois, pour lui, l'énergie du désir ne doit pas être affaiblie par des vertus ascétiques, elle peut être purifiée sans être rejetée.

 Les ombres caractéristiques du désir doivent être transmutées dans le feu du cœur, le feu psychique qui y grandit, l'enfant Dieu continuité du Divin que nous sommes. Cette transmutation sera facilitée, selon Sri Aurobindo, si nous distinguons comme Socrate le faisait, nos désirs-appétits qui font un ego de désirs de nos aspirations au beau perfection-harmonie, au vrai, au bien, au juste qui émanent de notre âme vraie, l'enfant Divin en nous. Nos désirs-aspirations purifient nos désirs-appétits-animaux en s'adjoignant leur énergie ainsi dégagée de leurs ombres d'appropriation, de reconnaissance et d'aveuglements sexuels. L'animal en nous demeure quand on croit jouir de notre environnement relativement à notre perpétuation et à notre extension : nous sommes alors enchaînés aux plaisirs et à la souffrance. Le Divin en nous et à travers nous, lui, peut retrouver sa propre Joie en tout sans souci de sa perpétuation puisqu'il est Vie sans mort. 

Selon Sri Aurobindo, l'enfant Divin existe aussi chez les animaux, certains montrent à l'évidence des aspirations au beau, bien, vrai, parfois plus nettes et remarquables que chez certains êtres humains. Toutefois l'individuation de l'enfant Divin a trouvé avec l'individualisation humaine un terrain plus fertile à son émergence. L'heure est venue : notre humanité peut. être vécue comme un chaînon vers un être qui enfin donnerait l'opportunité à notre âme d'individuation  divine de manifester le regard innombrable involué dont son essence divine est porteuse. 

Dans cette perspective, les aphorismes de Sri Aurobindo se répondent et s'éclairent les uns les autres. 


Serge


Photomontage de Niranjan et Amita Guha Roy


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