samedi 14 décembre 2019

PREMIERES RESISTANCES A UNE OUVERTURE SPIRITUELLE SELON SRI AUROBINDO

NIRANJAN GUHA ROY - L'AUTRE RIVE

"L'idée ou l'expérience d'une obscurité intérieure quand on regarde au-dedans, est la première réaction d'une mentalité qui a toujours vécu à la surface et n'a pas perçu la réalité de l'existence intérieure; car son expérience intérieure n'est qu'une construction, et elle dépend du monde extérieur pour trouver les matériaux de son être. Mais pour ceux qui ont acquis le pouvoir d'une existence plus intérieure, le mouvement d'intériorisation et la vie intérieure n'apportent pas l'obscurité ou un morne vide, mais un élargissement, un jaillissement d'expériences nouvelles, une vision plus vaste, une capacité plus grande, une étendue de vie infiniment plus réelle et plus variée que la première petite vie que notre humanité physique normale s'est construite, une joie d'être plus large et plus riche que tous les délices de l'existence que l'homme vital extérieur, ou l'homme mental de surface peuvent obtenir par leur force et leur activité vitales dynamiques ou par la subtilité et l'expansion de leur vie mentale. Le silence, l'entrée dans un vide vaste, ou même immense et infini, font partie de l'expérience intérieure spirituelle. Le mental physique redoute ce silence ou ce vide ; le petit mental pensant ou le mental vital, superficiellement actif, s'en écarte ou les déteste, car il confond le silence avec l'incapacité mentale et vitale, etc. le vide avec l'extinction ou la non-existence. Mais ce silence est le silence de l'esprit, et c'est la condition d'une connaissance, d'une puissance et d'une félicité plus grandes ; et par ce vide, la coupe de notre être naturel se vide et se purifie de son contenu bourbeux, pour pouvoir s'emplir du nectar divin — ce n'est pas un passage dans une non-existence, mais dans une existence supérieure. Et même quand l'être cherche l'extinction, ce n'est pas une extinction dans la non-existence, mais dans l'ineffable immensité de l'être spirituel, ou c'est une plongée dans l'indicible supraconscience de l'Absolu.", Sri Aurobindo, La vie divine, chapitre 56.

NIRANJAN GUHA ROY - LA FLAMME INTERIEURE 

FACE A UNE CRISE EVOLUTIVE PROVOQUEE PAR NOTRE CONSCIENCE MENTALE...

Niranjan Guha Roy - Courage

"Par son action sur la vie, le mental est parvenu au cours de son évolution à une organisation de l'activité mentale et une utilisation de la Matière que l'homme ne peut plus désormais supporter sans un changement intérieur. Il est impératif que l'individualité humaine, égocentrique et séparative même dans l'association, s'adapte à un système de vie qui exige l'unité, la parfaite réciprocité et l'harmonie. Mais parce que le fardeau que doit porter l'humanité est trop grand pour la petitesse actuelle de la personnalité humaine, pour son petit mental et ses petits instincts vitaux, parce que l'humanité ne peut pas effectuer le changement nécessaire, parce qu'elle met ses nouveaux instruments et sa nouvelle organisation au service de son vieux moi vital, infraspirituel et infrarationnel, la destinée de l'espèce humaine semble se précipiter dangereusement, et comme impatiemment et en dépit d'elle-même, vers une confusion prolongée, une crise périlleuse et l'obscurité d'une violente et mouvante incertitude, sous la poussée d'un ego vital saisi par des forces colossales qui sont à l'échelle même de la formidable organisation mécanique de la vie et de la connaissance scientifique qu'elle a développée, et dont les proportions sont telles qu'elle échappe au contrôle de sa raison et de sa volonté. Même s'il s'avérait que cette phase n'est que passagère, ou n'est qu'une apparence, et si l'on découvrait un ajustement structurel tolérable qui permettrait à l'humanité de poursuivre d'une façon moins catastrophique son incertain voyage, cela ne pourrait être qu'un répit. Car le problème est fondamental, et en le posant, la Nature évolutive, en l'homme, se place elle-même en face d'un choix critique qu'il lui faudra résoudre un jour dans le vrai sens, si l'espèce doit atteindre son but ou même survivre. L'élan évolutif pousse à un développement de la Force cosmique dans la vie terrestre, et ce développement a besoin d'un être mental et vital plus large qui le soutienne, un mental plus vaste, une âme-de-vie, Anima, plus grande, plus vaste, plus consciente, unanimisée ; et cela exige en outre que l'Âme, le Moi spirituel qui soutient tout au-dedans, se dévoile pour soutenir ce développement.", Sri Aurobindo, La vie divine, chapitre 56.

Niranjan Guha Roy -Protection de Sri Aurobindo

vendredi 25 octobre 2019

MÉDITATION PAR CONCENTRATION POUR DÉCOUVRIR L'ETRE PSYCHIQUE.



Vivékânanda, dans l'un de ses ouvrages, conseille de se retirer de ses pensées, de les laisser se produire à leur guise dans le mental, et simplement de les observer et de regarder ce qu'elles sont. C'est ce que l'on peut appeler se concentrer dans l'observation de soi-même.

Cette forme de concentration conduit à une autre qui élimine du mental toute pensée pour le laisser comme une sorte de vide pur et vigilant où la connaissance divine peut venir s'imprimer sans être brouillée par les pensées inférieures du mental humain ordinaire, avec la clarté d'une écriture à la craie blanche sur un tableau noir. Vous verrez que la Guîtâ parle de ce rejet de toute pensée mentale comme de l'une des méthodes de yoga, et c'est même la méthode qu'elle semble Préférer. On peut l'appeler dhyāna de libération, puisqu'elle libère le mental de l'esclavage du processus mécanique de la pensée et lui permet de penser ou de ne pas penser, comme il lui plaît et quand il lui plaît, de choisir ses propres pensées, ou encore d'aller au-delà de la pensée vers la pure perception de la Vérité appelée, dans notre philosophie, vijñāna.

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On peut se concentrer dans n'importe lequel des trois centres: celui qui offre au sâdhak le plus de facilité, ou celui qui donne le plus de résultats. La concentration dans le centre du cœur a le pouvoir d'ouvrir ce centre et, par la puissance de l'aspiration, de l'amour, de la bhakti, de la consécration, d'ôter le voile qui recouvre et dissimule l'âme ou être psychique, d'amener celui-ci au premier plan pour qu'il gouverne le mental, la vie et le corps, qu'il les oriente tous pleinement vers le Divin et les ouvre à Lui, en éliminant tout ce qui s'oppose à cette orientation et à cette ouverture.

C'est ce que, dans notre yoga, nous appelons la transformation psychique. La concentration au-dessus de la tête a le pouvoir d'apporter la paix, le silence, de permettre à l'être d'oublier le corps, de le libérer de l'identification avec le mental et la vie, et d'ouvrir la voie à la conscience inférieure (mentale, vitale et physique) afin qu'elle s'élève à la rencontre de la conscience supérieure; afin aussi que les pouvoirs de la conscience supérieure (nature spirituelle) descendent dans le mental, la vie et le corps. C'est ce qui s'appelle, dans notre yoga, la transformation spirituelle. Si l'on commence par ce mouvement, le Pouvoir d'en haut doit, en descendant, ouvrir tous les centres (y compris le centre le plus bas) et faire émerger l'être psychique, car jusqu'à ce que cela soit fait, la conscience inférieure engendrera vraisemblablement beaucoup de difficultés et de luttes en faisant obstruction à la descente de l'Action divine, en se mélangeant à elle ou même en la rejetant. Dès que l'être psychique est actif, cette lutte et ces difficultés peuvent être réduites au minimum.

La concentration entre les sourcils a le pouvoir d'ouvrir le centre qui s'y trouve, de libérer le mental intérieur et la vision, la conscience intérieure ou yoguique, ses expériences et ses pouvoirs. À partir de là, on peut aussi s'ouvrir vers le haut et agir sur les centres inférieurs; mais le danger, en procédant ainsi, est que l'on risque de s'enfermer dans ses propres formations mentales-spirituelles et de ne plus en sortir, au lieu d'entrer dans l'expérience spirituelle libre et intégrale, dans la connaissance et dans la transformation intégrale de l'être et de la nature.



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L'effort est une tentative pleine de tension. Il peut y avoir dans l'action une volonté qui ne contient ni tension ni effort.

Tension et concentration ne sont pas la même chose. La tension implique une ardeur excessive et une violence dans l'effort, alors que la concentration est par nature tranquille et régulière. S'il y a agitation ou ardeur excessive, alors ce n'est pas de la concentration.

Appel de l'âme par Niranjan Guha Roy