Sri Aurobindo et Mère : une approche
samedi 25 novembre 2023
jeudi 23 novembre 2023
LES HOMMES ORDINAIRES SONT DANGEREUX POUR CEUX QUI LEUR SONT SUPERIEURS
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Œuvre de Niranjan Guha Roy |
QU'EST-CE QUE LA SPIRITUALITE SELON SRI AUROBINDO ?
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photomontage d'Amita et Niranjan Guha Roy |
La spiritualité n’est pas une haute intellectualité ni un idéalisme, un penchant éthique du mental ou une pureté et une austérité morales, ni une religiosité ou une ferveur émotive ardente et exaltée, ni même un composé de toutes ces excellentes choses.
Dans son essence, la spiritualité est l’éveil à la réalité intérieure de notre être, à l’esprit, au Moi, à l’âme qui est autre que notre mental, notre vie et notre corps ;
c’est une aspiration intérieure pour connaître, sentir, être Cela, pour entrer en contact avec la Réalité plus vaste qui dépasse l’univers et le pénètre, et qui demeure également en notre être ;
c’est une aspiration pour entrer en communion avec cette Réalité et pour s’unir à elle, et, comme résultat de l’aspiration, du contact et de l’union, c’est un renversement, une conversion, une transformation de tout l’être, une croissance ou un éveil dans un nouveau devenir ou un nouvel être, un nouveau moi, une nouvelle nature.
Sri Aurobindo, La Vie Divine, p. 37, in l'évolution spirituelle, traduction des derniers chapitres de la Vie Divine par La Mère.
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Tableau de Niranjan Guha Roy |
La souffrance de ce monde et la foi de l'âme en l'apocalypse supramentale
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Je veux que la paix vienne dans votre esprit mental et aussi le calme, la patiente sagesse qui empêche d'aller à des conclusions hâtives et aux jugements. |
L'espace de conscience ne peut pas être blessé et il n'est qu'un. L'individuation du Divin dans notre cœur, ce feu divin en continuité avec tout le Divin comme relation sans dualité non séparée ne peut pas être blessée : l'amant divin et l'aimé divin ne sont qu'une substance immortelle dans le cœur et l'âme.
Mais des jeux de forces et d'obscurité sèment de la douleur dans les chairs et de la souffrance dans les esprits. Ce monde peut mettre en croix l'incarnation de l'amour et contraindre à ingurgiter la cigüe pour faire taire la sagesse qui est là pour aider à l'accouchement des âmes.
Certes Jésus Christ, le Fils de Dieu crucifié n'est crucifié de douleur que dans sa chair et la tristesse sur cette humanité qui rejette l'amour quand il se présente sous les traits d'une personne se tient au pied de la joie inhérente à l'amour inaltérable qui se tient dans son cœur. Aucune douleur, aucune tristesse ne peut ébranler la joie de l'amour dans un cœur où l'âme, fils/fille insexuée de Dieu s'est réalisée.
Certes le sage Socrate transporté d'amour du beau peut être condamné à mort, sans sourciller. Conscient intérieurement de son immortalité, il peut refuser de fuir pour mettre ses jurés devant leur manque de discernement de la sagesse authentique après les avoir acculer à prendre la décision injuste de sa condamnation à mort au lieu de lui mettre une amende ou une sanction lui permettant de continuer à exercer sa sagesse ailleurs. Socrate garde son égalité d'âme tout en accueillant la douleur de ses disciples avec qui il veut partager le trésor intime de ressentir la présence concrète d'une âme immortelle qui s'élève et prend conscience d'elle-même grâce à l'amour désintéressé du beau, du vrai et du juste.
Le Devenir de la manifestation mentale, émotionnelle, pulsionnelle et charnelle ne met-il pas au défi l'amour et la sagesse de surmonter cet abîme d'absurdité qui sépare apparemment la vie terrestre humaine de la Vie divine ?
La paix, l'amour et la Joie propre à la Vie Divine qui se trouvent dans le secret intérieur, en qui nulle séparation n'existe et que nul ne peut perturber peuvent-ils déferler dans la vie la plus extérieure et matérielle ?
Je pense à ces enfants et ces personnes qui n'auront jamais eu le loisir de retourner leur attention en eux-mêmes car les conditions et les circonstances ne leur auront jamais permis d'envisager un tel retournement. Je pense à toutes ces vies si peu éclairées par la lumière intérieure.
En espérant mieux, une autre scène, d'autres circonstances, le feu de mon âme porte en elle l'espérance folle d'une apocalypse (révèlation intégrale) du Divin dans la matière, mettant fin au règne du Mensonge.
L'enseignement de la Katha Upanishad est réactualisé en profondeur par les enseignement de Sri Aurobindo et de Mère
Dans La Katha Upanishad, Yama explique clairement à Nachiketas cette dimension individuelle du Divin en nous qui seule nous donne dès cette vie la conscience d'une immortalité individuelle.
Et cela ne peut se réduire à la réalisation du Soi impersonnel si on est attentif aux propos de Yama.
Elle est dans les profondeurs du cœur, une flamme sans fumée, pas plus grande que le pouce, quand sa présence se réalise pour la première fois.
Elle est inséparable donc de ses autres dimensions (spirituelles) dont Brahman (le Divin immanent) et Purusha absolu (Seigneur Suprême, Divin transcendant, avec une dimension personnelle).
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Au-delà des sens, sont les objets ; au-delà des objets est l'esprit mental individuel |
D'autres Upanishad vont dans le même sens...
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Un lecteur attentif des Upanishad saura que Brahman et théisme personnel ne sont pas à opposer malgré les courants dominants actuels en occident qui insistent sur l'absolu impersonnel. |
Cette réalisation du Soi avec une âme est certes rare, mais elle est possible.
Sur la voie de Sri Aurobindo et douce Mère, elle est un des camps de base déjà fort élevé, elle est la réalisation psychique.
Ainsi cette voie développée par Sri Aurobindo et Mère est dans la continuité des upanishad et en particulier de la Katha Upanishad, mais aussi dans la continuité de la gnose occidentale néoplatonicienne et socratique. Sur cette voie, cette psychisation qui s'inscrit dans le droit fil de la réalisation de ce feu d'un pouce dans les tréfonds du cœur est le préambule d'une spiritualisation et d'une transformation évolutive au-delà de l'espèce humaine.
Si comme Sri Aurobindo et Mère le disent cette force de transformation évolutive est à l'œuvre partout, la réalisation consciente d'être une individuation du Divin et par suite la transformation psychique de l'individualisation humaine ne sera certainement plus aussi rare qu'elle a pu l'être.
Et même si ce sera un parmi mille sur ce chemin, cela a lieu même si on l'ignore.
Et parmi les centaines qui le réaliseront, il y en aura quelques uns qui feront faire des pas à la manifestation corporelle de la transformation physique universelle en cours.
Et celle-ci est déjà en train d'avoir lieu pour certains de façon significative.
Il y a toujours un risque à affirmer dogmatiquement quelque chose comme impossible.
Il se peut que tout ce qui existe soit au final une activité consciente d'une unique conscience Divine innombrable.
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Ce qui est ici est aussi là-bas ; ce qui est là-bas est aussi ici. Celui qui voit la multiplicité mais ne voit pas l'un indivisible Soi errera encore et encore de mort en mort. |
D'autres éléments pour approfondir une voie spirituelle à partir de la katha upanishad :
- https://carnetphilosophique.blogspot.com/2021/06/la-realisation-spirituelle-de-lame-dans.html
- De larges extraits de la Katha Upanishad sur ce point du purusha avec une dimension individuelle dans le cœur qui serait notre dimension individuelle immortelle
vendredi 27 octobre 2023
UN CHEMIN DE DON DE SOI A MERE - COMMENT FAIRE DE PLUS EN PLUS LA SEULE VOLONTE DU DIVIN ?
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Mère bénit la terre - Tableau de Niranjan Guha Roy |
Le don de soi à Mère devient plus facile quand il devient évident que Mère elle-même crée les circonstances qui nous mettent au défi de sincèrement nous abandonner à elle, y compris au niveau de la Sadhana.
Ce ne sont pas des circonstances favorables à un ego, et surtout pas à un ego spirituel, qui fatalement se sera constitué sur les premiers pas de la Sadhana. On est loin des lois de l'attraction new age où la plan de l'ego est toujours mal distingué du plan proprement psychique de l'âme. Ce sont bien souvent des échecs sur le plan humain qui sont des circonstances favorables de l'âme et de son entrée dans l'évolution de la conscience au-delà de la sphère humaine.
Les crises actuelles qui traversent nos sociétés sont des circonstances favorables à la croissance de nos âmes vraies qui ne sont au départ que des flammes pas plus grandes qu'un pouce tout au fond en arrière de la grotte du cœur.
Si tout trouvait des solutions sur le plan mental comme ce fût souvent le cas par la passé alors personne d'entre nous n'aspirerait à une évolution de la conscience au-delà de la conscience humaine mentale et personne ne prendrait au sérieux les témoignages spirituels de pionniers qui ont commencé à défriché ce passage vers une autre espèce, une autre manière d'être incarné. Personne ne prendrait au sérieux l'aventure de la conscience d'un matérialisme divin.
En fait, pour chaque âme dont elle est la Mère, douce Mère produit les circonstances, les grâces les plus favorables et exerce les forces transformatrices au moment opportun.
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Cascade de transformation par Amita Guha Roy |
Mais tant que la présence et l'influence de notre individualité divine reste floue, inconstante, etc. il pourrait bien y avoir quelques mouvements d'espérance de l'ego d'être tout à Mère, bien vite dispersés dans les étroitesses de nos vies humaines. Les rares moments d'ouverture à une autre manière d'être sont insensiblement repris dans les rets de la conscience humaine même spiritualisée par une réalisation du Soi.
Cela devient plus sérieux quand l'emprise d'une demie vérité cesse parce que nous aspirons à la perfection du don de soi. Ou encore cela gagne en force lorsqu'on fait l'offrande sincère d'une difficulté insurmontable par notre personne à Mère pour qu'elle la prenne en charge.
Les personnalités qui formaient notre ego et son inconscient vont ainsi peu à peu être transformées, parfois radicalement, pour devenir les instruments d'action de notre âme au niveau mental, vital et physique. Il y a des mouvements auxquels on s'est longtemps identifié qui ne sont que des forces contraires à la transformation et donc au Devenir Divin : là est la difficulté du don de soi. Ce sont eux que nous devrons consentir à être arrachés de nous-mêmes, malgré notre attachement égoïque à ce que nous considérions jusque là comme nous-mêmes. Il nous faudra participer à leur offrande à la flamme d'aspiration à la transformation qui se tient dans notre cœur et y grandit. Ce qui reste alors de notre ego tend alors à voir son processus usuel d'identification de plus en plus soumis aux desiderata psychiques de notre âme alignés sur la seule volonté Divine.
Le chantier de transformation est immense, alors il faut avancer un bout par ci, un bout par là, qu'en bon ouvrier, nous remettrons au génie de Mère. Ce qui a été transformé une première fois devra souvent être repris, transformé à nouveau. Le progrès de la transformation nous referra comme revenir sur nos pas et ce sera difficile pour ce qui nous reste d'ego et surtout d'ego spirituel.
Quand l'image d'être un chaton emporté sans résistance possible dans la gueule de sa Mère convient exactement à ce que notre conscience des circonstances reconnaîtra, on voit dès lors le vieil homme se consumer inexorablement, morceau par morceau, fausseté par fausseté, dans la flamme croissante d'aspiration, de foi et de sincérité de l'enfant-âme de Mère que nous sommes.
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Mahakali - Tableau de Niranjan Guha Roy |
vendredi 22 septembre 2023
FOI ET VOIE ENSOLEILLEE SELON SRI AUROBINDO
Nârada, en route vers Vaïkountha, rencontra un yogi qui pratiquait une dure tapasyâ sur les collines. "Ô Nârada, s'écria le yogi, tu vas à Vaïkountha et tu verras Vishnou. J'ai toute ma vie pratiqué de terribles austérités et pourtant jusqu'à présent, je ne suis pas arrivé jusqu'à Lui. Demande-lui au moins de ma part quand je l'atteindrai. " Puis Nârada rencontra un vishnouïte, un bhakta qui chantait des chansons à Hari et dansait au rythme de son chant, et qui s'écria lui aussi: "Ô Nârada, tu verras mon Seigneur Hari. Demande-lui quand je l'atteindrai et verrai son visage." Sur le chemin du retour, Nârada rencontra d'abord le yogi. "J'ai posé ta question à Vishnou, dit le sage. Tu le réaliseras au bout de six autres vies. " Le yogi se mit à crier et à se lamenter: "Quoi ! tant d'austérités ! Des efforts si gigantesques ! Et le Seigneur Vishnou est si dur envers moi !" Puis Nârada rencontra de nouveau le bhakta et lui dit: "Je n'ai pas de bonnes nouvelles pour toi. Tu verras le Seigneur, mais seulement au bout de cent mille vies." Mais le bhakta bondit avec un grand cri d'allégresse: "Oh, je verrai mon Seigneur Hari ! Dans cent mille vies je verrai mon Seigneur Hari ! Hari est grand ! Grande est la Grâce du Seigneur !" Et il se mit à danser et à chanter dans une extase redoublée. Alors Nârada lui dit: "Tu es arrivé. Aujourd'hui tu verras le Seigneur."